| LÉGAT, subst. masc. A. − HIST. ROMAINE. Général de légion délégué par l'empereur avec sa pleine autorité, qui a rang de gouverneur de province (d'apr. Léon 1975). Ce terme germanique de Kindins (absolument perdu par ailleurs) est employé par Ulfilas pour désigner le gouverneur romain d'une province, parce que le légat de l'empereur était, dans ses idées germaniques, la même chose qu'un chef de clan (Saussure, Ling. gén.,1916, p. 310). B. − DR. CANON. Ecclésiastique (le plus souvent un cardinal) envoyé par le pape pour une mission, ponctuelle ou permanente, d'administration ou de représentation. Les bourreaux, conduits par des légats et des prêtres, immolèrent ceux que les soldats avaient épargnés (Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p. 105).Monsignor Lozanna, évêque d'Abydos, et légat actuel du Saint-Siège en Syrie (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 122).La paix de Vervins était conclue (1598); le légat négociateur revenait de France (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 269). − En appos. Le pape lui-même ne put envoyer à ce concile [de Nicée] que deux prêtres légats représentant son autorité (Philos., Relig., 1957, p. 46-4): Après que le cardinal légat eut donné lecture du mandement pontifical, on délibéra pendant plusieurs jours. Et les décisions furent celles-ci. On ordonna que commenceraient par toutes les églises du royaume des prières spéciales, des processions et des jeûnes...
Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 226. − Légat a latere. Cardinal envoyé avec ce titre par le pape qu'il représente personnellement, souvent chargé de présider une grande solennité religieuse telle qu'un congrès eucharistique. C'était un légat a latere qui venait, la bouche souriante, vous dire de la part du pape : « Sa Sainteté veut que vous dîniez avec elle » (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 225). − HIST. Délégué pontifical gouvernant une province des États pontificaux. Le Comtat est gouverné par un recteur; Avignon par un légat. Chacun de ces pays a ses lois, ses tribunaux particuliers; les brefs, les bulles, les ordonnances des papes, données pour l'un, ne regardent point l'autre (Robesp., Discours, Pétit. peuple avign., t. 6, 1790, p. 589). REM. Légatoire, , adj.,vx, hist. romaine. Province légatoire. Province administrée par un légat. (Dict. xixes.). Prononc. et Orth. : [lega]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1155 legat « délégué du pape chargé d'administrer une province ecclésiastique » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 10381); 1480 legat à latere (Louis xi, Lettres, VIII, 264 ds Bartzsch, p. 157); 2. 1284 hist. romaine (J. de Meun, Chevalerie, éd. L. Löfstedt, p. 101, 8). Empr. au lat.legatus « ambassadeur », « envoyé d'un général ou d'un gouverneur de province », attesté en lat. chrét. au sens de « délégué du pape » et en lat. médiév. dans l'expr. legatus a latere de même sens (ca 1191 ds Latham); legatus est le part. passé subst. de legare au sens d'« envoyer ». Fréq. abs. littér. : 93. Bbg. Thomas (A.). Nouv. Essais 1904, p. 64. |