| LUXURIEUX, -EUSE, adj. A. − Qui s'adonne à la luxure. Synon. lascif, lubrique, (péj.), paillard (fam.).Messire Jean Massieu (...) était extrêmement luxurieux, il s'attirait, par sa paillardise invétérée, de fâcheuses affaires (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 293).Il me fait songer, − j'en rougis,−au mot d'une luxurieuse petite camarade de music-hall, qui me vantait l'habileté d'un nouvel amant: «Ma chère, on ne ferait pas mieux soi-même!» (Colette, Vagab., 1910, p. 176): 1. ... pourquoi tel groupement de débauchés qui s'est isolé à la campagne, comme Boccace avec deux compagnons bien montés et sept dévotes luxurieuses, peut attendre en paix les jours chauds au milieu desquels la peste se retire...
Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 28. − Emploi subst. C'est parmi les luxurieux que le paraclet ramassera son troupeau (Bloy, Journal, 1893, p. 70).V. affranchir ex. 20. B. − Qui est empreint d'une sensualité lascive, qui incite au plaisir sexuel. − [En parlant d'un trait physique ou psychol., d'un comportement] Sourire luxurieux; idée, rêverie luxurieuse; danse luxurieuse. Le regard hyprocritement luxurieux de ses yeux (Gautier, Fracasse, 1863, p. 329).Ses pieds luxurieux étaient nus avec de mignonnes sandales (Péladan, Vice supr., 1884, p. 284): 2. Elle lui représenta l'avantage qu'ils trouveraient l'un et l'autre à s'aider mutuellement de leurs mains; il ne s'agissait, quant à elle, que d'un geste précis, très bref, et par là-même qu'il était bref, ne préludant par aucun raffinement luxurieux à leurs légitimes étreintes.
Aymé, Jument, 1933, p. 187. − [En parlant d'un objet, d'une représentation littér., graphique] La poésie (...) de la chair satisfaite et dévergondée (...) venait s'étaler dans les sensualités abandonnées, dans les rougeurs luxurieuses, dans les blancheurs et dans les fraîcheurs des nudités qu'il [Rubens] prodiguait (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 32): 3. Un jeune homme déguisé en femme et sa maîtresse habillée en homme sont assis à côté l'un de l'autre, sur un sopha (...). La jeune femme veut relever les jupes de son amant. − Cette page luxurieuse serait, dans le musée idéal dont je parlais, compensée par bien d'autres où l'amour n'apparaîtrait que sous sa forme la plus délicate.
Baudel., Salon, 1846, p. 134. REM. Luxurieusement, adv.D'une manière luxurieuse. Les strophes si luxurieusement peintes de Théophile Gautier sur les poils de la femme (Goncourt, Journal, 1857, p. 407).Asmodée aima Sara; il l'aime «luxurieusement», c'est le poète qui le dit (A. France, Vie littér., 1891, p. 227). Prononc. et Orth.: [lyksyʀjø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1121-34 «qui s'adonne à la luxure» (Ph. de Thaon, Bestiaire, 1196 ds T.-L.); 2. début xiiies. «qui dénote de la luxure» amor luxuriose (Alexis, éd. G. Paris, 201 ds Romania t. 8, p. 171). Empr. au lat. luxuriosus «surabondant, luxuriant, exubérant»; «ami du luxe, voluptueux» lui-même dér. de luxuria, v. luxure. Fréq. abs. littér.: 67. Bbg. Delb. Matér. 1880, p. 193. |