| LUTHÉRIEN, -IENNE, adj. et subst. I. − Adj. Qui concerne, qui est conforme à la doctrine de Luther. Croyance, théologie luthérienne. Le livre par moi réclamé était un eucologe allemand à l'usage des églises du rite luthérien (Bertrand,Gaspard,1841, p. 46).Le dogme luthérien de l'impuissance de la raison en matière morale (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 792): 1. ... si c'est être protestant que d'être chrétien sans être catholique, je suis protestant. Mais je ne puis reconnaître d'autre orthodoxie que l'orthodoxie romaine, et, si le protestantisme, calviniste ou luthérien, voulait m'imposer la sienne, c'est aussi vers la romaine que j'irais...
Gide,Journal,1910, p. 300. II. − Subst. et adj. (Celui, celle) qui est adepte de la religion protestante selon la doctrine de Luther. Bien qu'en sa qualité de fervente luthérienne, la petite comtesse nourrît un secret mépris pour les superstitions des papistes (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p. 60).La plus discrète mention de la prière pour les morts, sans aucune tentative d'apostolat, suffit pour exciter l'indignation la plus vive chez les protestants luthériens (Bloy,Journal,1903, p. 159): 2. Érasme n'était pas et n'a jamais voulu devenir un luthérien, ce qui ne l'a pas empêché de protester, avec Luther, contre la mixture d'Aristote et de l'évangile faite au moyen âge par Albert le Grand, saint Thomas et Duns Scot...
Gilson,Espr. philos. médiév.,1932, p. 214. REM. Luthériser, verbe intrans.Suivre, embrasser la doctrine de Luther. Ces entrevues qui, mettant en présence l'empereur et le roi, rangèrent celui-ci dans le parti catholique espagnol, au grand dommage des humanistes, qui (...) luthérisaient à la manière française et légère (A. France,Rabelais,1909, p. 117). Prononc. et Orth.: [lyteʀjε
̃], fém. [-εn]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. A. Subst. 1523 (Farce des théologastres ds W.Richard, p. 26). B. Adj. 1526 doctrine luthériène (Estienne de Fraix au chevalier d'Esch à Metz, ibid., p. 29). Dér. du nom de Luther (v. luthéranisme); suff. -ien*. Cf. déjà Lutheranus en lat. (1519) et lutherisch en all. (1520), d'apr. W. Richard, p. 23. À l'origine luthérien, terme de mépris, désignait non seulement les adeptes de la doctrine de Luther, mais aussi, d'une façon plus générale, tous les adversaires de la religion catholique (sens qu'avait huguenot*). À partir de 1560, luthérien se limite au seul sens de «protestant qui professe la religion de Luther». Fréq. abs. littér.: 116. Bbg. Quem. DDL t. 12. |