| LUGE, subst. fém. A.− Région. (Savoie, Suisse romande). Gros traîneau d'attelage ou à bras, aux patins relevés à l'avant, utilisé pour transporter des charges : ... le vieux Munier était monté avec sa luge chercher une provision de fagots dans la forêt. Ces luges, c'est de quoi ils se servent dans leurs mauvais chemins où aucune voiture, ni véhicule à roues ne pourrait s'aventurer; alors ils ont pour les remplacer ces traîneaux faits de grosses pièces de bois à peine écorcés, qui tiennent ensemble, non au moyen de clous, mais bien de fortes ligatures en osier qui leur donnent de la souplesse, et avec de larges glissoires; − comme était donc la luge de Munier, à laquelle il avait attelé une vache.
Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 75. B.− Dans le domaine du sport.Petit traîneau formé d'un siège bas sans dossier supporté par deux patins relevés à l'avant et utilisé pour glisser sur la neige. Devant l'hôtel, ils croisèrent un jeune homme qui traînait une luge par une petite corde, avec de gros gants de laine (Chardonne, Épithal.,1921, p. 366).On entendait (...) les cris des enfants qui dévalaient en luge une rue abrupte du haut du château des Pictet (Chardonne, Dest. sent.,ii, 1934, p. 184). − P. méton., au sing. Sport pratiqué avec la luge. Faire de la luge et du bobsleigh (Rob.). C.− MANUTENTION. Élément constitutif d'un convoyeur aérien (dispositif formé d'une chaîne se déplaçant sous un rail et à laquelle sont fixés des balancelles ou des chariots permettant de transporter des charges) consistant en un chariot muni de patins et glissant sur des rouleaux. La chaîne peut (...) tracter des chariots roulant sur le sol ou des luges, dont les patins glissent sur des rouleaux (Staes, Le Lang. de la manutentionds Vie Lang.1972no245, p. 468). Prononc. et Orth. : [ly:ʒ]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1398 « traîneau servant à transporter le bois, le foin, la pierre, etc. » (Ch. Béroche ds Musée Neuchâtelois, 1879, p. 109 ds Pierreh.); 2. 1537 « petit traîneau utilisé pour glisser sur la neige » (doc. ds Roget, Hist. du peuple de Genève, t. 1, p. 26, ibid.); 1576 (doc. ds Roget, Étrennes genevoises, t. 1, p. 37, ibid.); à nouv. en 1893 (Huguenin, Solitaire des Sagnes, XX, ibid. : faire une partie de luge); 1910 faire de la luge (J.-B. Charcot, Le « Pourquoi-pas? » dans l'Antarctique, II, 157 ds Quem. DDL t. 3). Mot suisse romand et savoyard (Pierreh.; A. Constantin et J. Désormaux, Dict. savoy. 1902), cf. b. lat. des gloses sclodia,
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ς (ixes., CGL t. 2, p. 180, 16), stludio,
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ν (ixes., ibid., p. 188, 53) [χ
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ς est glosé trahea (« herse, traîneau ») au viies. ds CGL t. 2, p. 475, 21], que Rohlfs fait remonter à un mot gaul. *slodia de même orig. que l'all. Schlitten « traîneau » et l'angl. to slide « glisser » (Arch. St. n. Spr. t. 165, 1934, pp. 83-87). |