| LUCRE, subst. masc. A.− Vieilli. Gain, avantage, profit tiré d'une activité quelconque. Synon. bénéfice.Travailler pour le lucre (Ac.1798-1878).Il est lancé dans une carrière qui l'éloigne du but de ses vœux (...). Il travaille, mais travaille à peu de lucre, à peu de profit intellectuel, à nul agrément (Sainte-Beuve, Gds écriv. fr. : XIXes.,Poés., 1829, p. 14).Arme offensive ou défensive, la procédure n'est plus pour lui, comme autrefois, un objet de lucre (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 582). B.− Péj. Profit pécuniaire, souvent matériel, plus ou moins licite et recherché avec avidité. Cette âpreté de gain, ce prurit de lucre, s'étaient aussi répercutés (...) dans le clergé (...). Les monastères s'étaient métamorphosés en des usines d'apothicaires et de liquoristes (Huysmans, À rebours,1884, p. 286).Devrait être (...) qualifié de charlatan celui qui, usurpant ou non la qualité de médecin, recourt (...) à des procédés trompeurs dans lesquels l'intérêt du malade disparaît devant l'ignorance inavouée, l'esprit de lucre ou le désir de se faire valoir (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 813): Le don est à bon droit suspect dans le capitalisme contemporain. Ce système a diffusé et intensifié à un degré jamais atteint le culte des vertus acquisitives et la passion du lucre; par son seul fonctionnement il adultère et déprise l'esprit de don.
Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 393. SYNT. Appétit, pensées de lucre; amour, appât, goût, soif du lucre. Prononc. et Orth. : [lykʀ
̭]. Att. ds Ac. dep. 1964. Étymol. et Hist. 1. Ca 1467 « gain, profit » (G. Chastellain, Advertissement au duc Charles ds
Œuvres, éd. J. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 317) attest. isolée, à nouv. en 1615 (Y. d'Evreux, Voyage dans le Brésil, p. 285 ds Delb. Notes mss ds FEW t. 5, p. 438a); 2. 1771 « profit dont on est avide » (Trév.). Empr. au lat. lucrum « gain, profit, avantage; amour du gain, avarice », d'où sont issus l'a. fr. loir « avoir, revenu, actif » (1remoitié xiiies., Gautier d'Aupais, éd. E. Faral, 516, cf. Romania t. 66, pp. 552-553; xiiies. Dial. de l'âme et de la raison, éd. F. Bonnardot, IV, 6 ds Romania, t. 5, p. 277) ainsi que l'a. occ. logre « bénéfice, récompense; cadeau » (M. Pfister, Lexikalische Untersuchungen zu Girart de Roussillon, pp. 536-537) d'où l'a. poit. logre « récompense, salaire » (ca 1150, Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 6962; cf. M. Nezirović
, Le Vocab. ds deux versions du Roman de Thèbes, pp. 113-114). Fréq. abs. littér. : 61. |