| * Dans l'article "LUCARNE,, subst. fém." LUCARNE, subst. fém. A.− ARCHIT. Petite fenêtre de forme variée faisant généralement saillie, pratiquée dans le toit d'un bâtiment pour donner du jour et de l'air aux combles. Lucarne d'une mansarde. Lucarnes : les yeux carrés des toits (Renard, Journal,1906, p. 1038).Il y a là-haut [au grenier] une petite fenêtre, plutôt une lucarne, et, comme elle donne sur l'extérieur de la propriété, M. Stangerson l'a fait également garnir de barreaux (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 16). − P. métaph. Je crois (...) que son cœur n'est plus qu'une petite souris qui s'agite en essayant de respirer aux lucarnes de sa vie (L. de Vilmorin, Migraine,1959, p. 13): 1. ... je regardais seulement de temps à autre ta chère image, ta belle et bonne figure, par une lucarne de mon cœur restée ouverte.
Flaub., Corresp.1853, p. 134. B.− P. anal. 1. Petite ouverture pratiquée dans un véhicule. Je suis bien aise de l'avoir vu [Louis-Philippe] par la lucarne de la calèche de M. de Talleyrand (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 411).Par les lucarnes grillagées [du wagon], ses camarades, cadenassés dans les voitures voisines, lui tendirent leurs bidons qu'il accepta complaisamment d'aller remplir (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 222). 2. Petite ouverture pratiquée dans un mur, une cloison, une paroi. Lucarne d'une entrée. À travers le rideau de gaze de la petite lucarne de la loge, j'entrevis les comédiens et la pièce qu'ils jouaient (Vigny, Servit. et grand. milit.,1835, p. 109).L'homme (...) aperçut à travers la petite lucarne de la porte, dans l'ombre, son chapeau tombé à terre (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 274): 2. ... une étroite lucarne ogive, fermée de deux barreaux de fer en croix, donnant sur la place, seule ouverture qui laisse arriver un peu d'air et de jour à une petite cellule...
Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 237. C.− Spécialement 1. HORLOG. Ouverture dans le cadran d'une horloge, d'une pendule. La lucarne du coucou évolua hors de son cadre, comme sous la poussée d'une chiquenaude, et l'oiseau se montra un instant, le temps d'exécuter une courbette courtoise en chantant l'heure qu'il était (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 5etabl., 2, p. 174). 2. OPT. Lucarne d'entrée, de sortie. Cercle fictif qui, dans un instrument d'optique, limite la largeur du champ. (Dict. xxes.). 3. FOOTB. Angle supérieur, droit ou gauche, des buts. Piasecki, d'un superbe tir-canon dans la lucarne, au terme d'une action confuse, redonna un but d'avance aux Strasbourgeois (Dernières Nouvelles d'Alsace, Sports I, 3 juin 1981, col. 2). 4. Fam., p. iron. Écran de récepteur de télévision; p. méton. l'appareil dans son ensemble. Étrange lucarne. Une « lucarne », c'est ainsi qu'on appelle souvent le petit écran (...). La télévision est en effet une lucarne à travers laquelle le spectateur devrait redécouvrir d'un œil neuf le monde qui l'entoure (L'Express,4 déc. 1972). REM. 1. Lucarnée, adj. fém.,hapax. La draperie blanche, coupée, lucarnée, en quelque sorte, au-dessus du dossier, par un cartel figurant les armes de l'Abbé, peintes (Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 251). 2. Lucarnon, subst. masc.Petite lucarne. (Dict. xxes.). Prononc. et Orth. : [lykaʀṇ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1261 lucanne [dans un cont. lat.] « ouverture pratiquée dans le toit d'une maison pour donner du jour, de l'air à l'espace situé sous les combles » (BN 9019, fol. 23 ds Gdf. Compl.); 1335 luquarme (Compte d'Oudart de Lagny, A.N. KK 3a, fo274 vods Gdf. Compl.); 1531 [éd.] lucarne (Perceforest, t. 4, fo48 ds Littré); 2. 1813 « petite ouverture pratiquée dans un mur, une paroi, une cloison » (Jouy, Hermite, t. 3, p. 237); 3. 1840 p. métaph. (Sand, Compagn. Tour de Fr., p. 289 : la lucarne étroite de l'usage et des conventions) : 4. 1893 horlog. (Courteline, loc. cit.). De l'a. b. frq. *lukinna « ouverture pratiquée dans le toit d'une maison », dér. en -inna de *luk « id., hublot », que l'on suppose d'apr. le néerl. luik « trappe; contrevent; volet, ... » (déjà luke « moyen de fermeture » en m. néerl.); m. b. all. lūke « lucarne, hublot »; all. Luke « id. ». Le maintien du -k- en fr. révèle que le mot y a été introduit assez tard. Lucanne encore attesté jusqu'au mil. du xves. (et encore vivant de nos jours dans certains dial., v. FEW t. 16, p. 490a) a été évincé par la forme altérée lucarne due à un croisement avec les représentants fr. du lat. lucerna « lampe » (« lucarne » en lat. médiév.; cf. Nierm.), en partic. l'anc. subst. luiserne « flambeau, lumière » (v. luzerne). Fréq. abs. littér. : 485. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 652, b) 1 032; xxes. : a) 650, b) 561. Bbg. Archit. 1972, p. 115. |