| LUBRIQUE, adj. Péj. Qui a, qui manifeste, qui cherche à susciter un penchant effréné pour les plaisirs sexuels. − [En parlant de pers.] Synon. libidineux, luxurieux, salace.Reconnue hypocrite, idolâtre (...), sorcière, magicienne, lubrique (...) elle fut condamnée à être mitrée et prêchée devant le peuple (A. France, J. d'Arc,t. 2, 1908, p. 457): Au détour d'un sentier, une charogne infâme (...)
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Baudel., Fl. du Mal,1857, p. 49. ♦ P. anal. [En parlant d'un animal, p. ex. un bouc, une chèvre, un cochon] Entrez, Facteur, entrez. Vous avez en face de vous un vieux marcheur, une bête fornicante, un vrai bouc lubrique (Aymé, Quatre vérités,1954, p. 96).[P. allus. aux paroles de Vychinsky, procureur général de l'U.R.S.S. sous Staline] Nous avons vu les épithètes : « vipère lubrique » et « traître visqueux » remporter un premier succès de choc; mais déjà elles ne signifient plus qu'un adjectif courant désignant la partie adverse (Morand, Eau sous ponts,1954, p. 107). − [En parlant de traits physiques ou psychol.] Synon. impudique, libidineux, obscène.Pause, regard, sourire lubrique; désir, idée, pensée lubrique. Quand il lui passe par la cervelle quelque fantaisie lubrique, l'homme va voir les filles (E. de Goncourt, Faustin,1882, p. 245).Il y a les danseuses médiocres, et les divines. Les jets du ventre en avant ne sont que lubriques, mais le roulis des fesses, des hanches, des seins, des épaules, et le petit va-et-vient de la tête, c'est très bien (Renard, Journal,1900, p. 587). − [En parlant de comportements, de propos, de productions littér., graph.] Synon. graveleux, licencieux, obscène, salace.Chant, danse, histoire lubrique. Une vieille femme de 50 ans (...) m'a fait des avances lubriques; elle voulait m'embrasser (Flaub., Corresp.,1853, p. 409).La calomnie a fait son chemin, et, du fumier de tous ces vices complaisamment étalés par Claudius, (...) toute une hideuse floraison a jailli d'images lubriques et de pensées honteuses (Lorrain, Phocas,1901, p. 279). − Emploi subst. Personne lubrique. Mes compliments à Coq-en-Bois, et à tous « les chers lubriques » dont j'ai partagé les festins (Flaub., Corresp.,1869, p. 214). REM. Lubriquement, adv.D'une manière lubrique. [Des]
œillades lubriquement expressives (Balzac,
Œuvres div.,t. 1, 1830, p. 570).Ta résolution de te passer d'actrices, lubriquement parlant, est d'un homme vertueux. Mais prends garde de tomber dans l'excès contraire (Flaub., Corresp.,1856, p. 105). Prononc. et Orth. : [lybʀik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1450 (Livre des Eschez amoureux [ms. BN fr. 143] 177 ro, col. 1 ds Romania t. 51, p. 41 : vie lubricque et deshonneste). Empr. au lat. lubricus « glissant; au fig. : incertain, dangereux, hasardeux; trompeur; disposé à », en lat. chrét. « impudique, lascif » (Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér. : 101. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 79. |