| LOUFOQUE, adj. Familier A. − [En parlant d'une pers.] Qui est un peu fou, dont le comportement est bizarre, extravagant, contraire au bon sens. Synon. absurde, farfelu, fou, insensé, maboul (fam.), timbré (fam.).La collection d'humanité loufoque et déréglée qui illustrait cette maison bien moderne (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 116).C'est vrai, je ne sais pas distinguer si tu es loufoque, abruti ou neurasthénique (Aymé,Boeuf cland., 1939, p. 132): 1. ... des originaux d'un type aussi accusé que mon protecteur finissent par échapper aux remarques à force de les avoir provoquées. Loufoque, maboule, - ces basses expressions que leur applique l'argot populaire les justifient d'avance de leurs pires excentricités.
Bourget,Conflits int., 1925, p. 269. − Emploi subst. Ce ne sont pas des idées saines, pas des idées de chez nous, pas des idées françaises. Ça vient de tous ces brindezingues, de tous ces loufoques avec lesquels tu te baguenaudes (Duhamel,Terre promise, 1934, p. 32).En France, à part quelques braves loufoques du genre de Déroulède, qui est-ce qui rêve encore de gloire militaire, ou de revanche? (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 131). B. − [En parlant du comportement d'une pers., de ses idées, d'une manifestation de son activité] Excusez-moi de vous envoyer si tard le sonnet vaguement «loufoque» (...) que voici (Verlaine,Corresp., t. 3, 1886, p. 124).La tournure des esprits était toutefois plus amère, les sujets plus actuels, les digressions plus loufoques. Que de salive perdue aux caniveaux! (H. Bazin,Tête contre murs, 1949, p. 508): 2. Pourquoi veux-tu que j'étudie! J'en sais assez pour mon métier. Ah! non, les livres, c'est la barbe! Ça vous donne des idées loufoques.
Arland, Ordre, 1929, p. 103. REM. 1. Louf, adj.,synon. de loufoque,pop. Mais alors il serait devenu dingue... parfaitement louf de désespoir (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 568).Et, maintenant, qu'est-ce qu'on fait? − On prend le café. − T'es pas louf'? dit Korzakow. On les met, on fonce? (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 75).T'es louf? Tu te figures que, dans ton état, tu peux t'offrir le luxe de céder tes mirettes (H. Bazin,Lève-toi, 1952, p. 223). 2. Louftingue, adj. et subst.,synon. de loufoque,pop. Il y a aux environs de Bordeaux une espèce de louftingue tombé dans la religion, qui a fait le voeu de donner toute sa vie ses récoltes à prix coûtant (Courteline,Boubouroche, Virginie et Paul, 1917, p. 303).Depuis la séance louftingue avec le Bulgare, j'étais plutôt distrait (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 226). Prononc.: [lufɔk]. Étymol. et Hist. 1873 adj. et subst. (Beauvilliers, Ma vie en gros ds Gaz. des Tribun. ds Fr. mod. t. 18, p. 141). Largonji de fou*. Fréq. abs. littér.: 26. DÉR. Loufoquerie, subst. fém.a) Caractère loufoque de quelqu'un ou de quelque chose. Synon. absurdité, bizarrerie, extravagance, folie.Ses romans abondent en portraits ironiques à la fois et attendris, d'une loufoquerie triste (Blanche,Modèles, 1928, p. 162).J'entre (...) dans un petit cinéma «comique» à deux et trois francs la place et assiste à des sketchs d'une loufoquerie pénible et bêtes à pleurer (Gide,Journal, 1936, p. 1256).b) Chose loufoque (acte, propos, etc.). Tout ça se tient: le départ d'Odette; le voyage de Larzac là-bas, et ses loufoqueries depuis: ses banques stupides, deux cent mille francs à Deauville sur une carte (Bourget,Drame, 1921, p. 304).Sa voix − qui en quarante ans de théâtre n'avait jamais ému personne − soulevait les foules dès lors qu'elle passait par le canal d'un micro. C'était là une de ces loufoqueries du destin (M. Tournier,Le Coq de bruyère, Paris, Gallimard, 1978, p. 118).− [lufɔkʀi]. − 1reattest. 1878-79 (La Petite lune, no49, p. 2); de loufoque, suff. -erie*. BBG. − Sain. Arg. 1972 [1907], pp. 47. |