| LOUANGE, subst fém. [Correspond à louer1] A. − Au sing. Action de louer quelqu'un, en particulier une divinité, ou quelque chose; résultat de cette action; gloire, mérite qui est propre à quelqu'un, à une divinité, à quelque chose et qu'on lui reconnaît, qu'on se plaît à célébrer. Louange éternelle; aimer la louange; être sensible à la louange; sacrifice de louange. Celui qui dispose du blâme et de la louange aura toujours, ici-bas, une grande part d'influence sur les esprits (Reybaud,J. Paturot,1842, p. 59).N'est-il pas vrai (...) que le but de la vie monastique devrait être la louange ininterrompue de Dieu? (Huysmans,Oblat,t. 2,1903, p. 47). − Louange à qqn ou à qqc.Louange à Dieu. Gloire et louange à toi, Seigneur! À toi merci! (Dierx,Poèmes,1864, p. 7): 1. Grâces aux jours bleus qu'on voit des montagnes,
Grâces aux soirs verts sur la mer.
Louange au pays des collines qui vibrent
Entre les cyprès durs (...)
Et gloire aux grands fûts des forêts du Sud...
Jouve,Trag., 1922, p. 144. − À la louange de qqn ou de qqc.Article, cantique, hymne à la louange de qqn. Je le dis à ma louange ou à ma honte, comme on voudra, mais j'aime à sortir de ma cellule (Jouy,Hermite, t. 4,1813, p. 324).Chronique à la louange d'un livre de Léon Daudet (Bloy,Journal,1895, p. 190). ♦ C'est, qqc. est (tout) à la louange de qqn.Je pourrais vous citer un petit livre qui n'est pas à notre louange (About,Roi mont.,1857, p. 162): 2. ...elle se disait raisonnablement: «Évariste saura, quelque jour, des secrets dont je ne suis pas seule dépositaire; il vaut mieux qu'un aveu, dont la liberté est toute à ma louange, l'instruise de ce qu'il aurait appris un jour à ma honte».
A. France, Dieux ont soif,1912, p. 59. ♦ Par antiphrase. ,,Voilà des vers à sa louange`` (Ac. 1835). ,,Voilà des paroles, un écrit qui ne sont pas à son honneur, qui ne lui sont pas favorables`` (Ac. 1835). B. − Le plus souvent au plur. 1. Parole(s), écrit(s) par le(s)quel(s) on loue quelqu'un, en particulier une divinité, ou quelque chose. Vaines louanges; concert de louanges; (être) digne de louanges. On n'y entendit jamais que des actions de grâce et des louanges pour Dieu (Lacord.,Éloge fun. Drouot,1847, p. 37).Au bout de dix ans de succès, de lutte et de travail, d'attaques et de louanges dans toute la presse (Goncourt,Journal,1861, p. 889): 3. Elle m'a demandé (...) si c'était bien à l'auteur qu'elle avait le plaisir de parler; puis aussitôt s'est lancée dans une longue appréciation de mon livre. Son jugement, louanges et critiques, m'a paru plus intelligent que ceux que j'ai coutume d'entendre...
Gide, Faux-monn.,1925, p. 1072. SYNT. Louanges délicates, exagérées; cantique de louanges; (être) avare de louanges; accepter une louange; accueillir, mériter des louanges. ♦ Adresser, donner des louanges à qqn, à qqc. L'auteur immortel du Contrat social a donné en toute occasion les plus grandes louanges au système graduel que j'ai l'honneur de vous soumettre (Le Moniteur,t.2,1789, p. 357).Mes ennemis me faisaient des reproches et ceux qui me donnaient des louanges conspiraient contre moi (Maurois,Disraëli,1927, p. 221). − [P. allus. à la maxime 149 de La Rochefoucauld] Je t'en prie, pas de fausse modestie. Tu sais que le refus des louanges est le désir d'être loué deux fois (Montherl.,Exil,1929, II, 5, p. 62). 2. Mérites de quelqu'un, de quelque chose. a) Célébrer, chanter, dire, publier les louanges (d'une divinité, d'un haut personnage). David, tu m'apprendras à chanter les louanges et les merveilles du Seigneur (Saint-Martin, Hommedésir.,1790, p. 264): 4. Ossian va parler d'Oscar.
Mon fils revenait de la chasse;
Il entend célébrer les louanges du roi,
Et sent redoubler son audace.
Baour-Lormian,Ossian,1827, p. 217. b) P. anal. Chanter les louanges (d'une personne ordinaire, d'une chose). Le vieux Jean-Michel (...) fier de son petit-fils, en allait chanter les louanges chez toutes ses connaissances (Rolland, J.-Chr., Adolesc.,1905, p. 252).Depuis dix-neuf siècles, toutes les âmes d'esclaves chantent les louanges du remède (J.-R. Bloch,Dest. du S.,1931, p. 266). Prononc. et Orth.: [lwɑ
̃:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. (Psautier Oxford, 65, 1 ds T.-L.: dunez glorie al löenge de lui); 1121-34 faire löenge (Philippe de Thaon, Bestiaire, 16, 19, ibid.); 2. 1176-81 (Chrétien de Troyes, Lion, éd. M. Roques, 2191). Dér. de louer1*; suff. -ange*. Fréq. abs. littér.: 1 072. Fréq. rel. littér. xixes.: a) 2 003, b) 1 182; xxes.: a) 1 456, b) 1 335. |