| LOTERIE, subst. fém. A. − Jeu de hasard où le tirage au sort désigne les numéros des billets vendus ou distribués donnant droit à l'attribution d'un lot. Gagner, perdre à la loterie; tirer (les numéros gagnants de) la loterie. La loterie royale de France fut supprimée en 1836 (Ac. 1878-1935). Il eut une véhémente envie de jouer à la loterie; mais il lui restait si peu d'argent, qu'il n'osa pas risquer ainsi quatre florins (Karr,Sous tilleuls, 1832, p. 67).Il parle d'organiser une loterie à vingt francs le billet (Renard,Journal, 1895, p. 286).Il y avait le verre d'eau en opaline sur la table et ce service à thé gagné à une loterie (Mauriac,Noeud vip., 1932, p. 22). ♦ Mettre (qqc.) en loterie. Faire de quelque chose un lot d'une loterie. J'ai aussi la permission de mettre la Vallée [aux Loups] en loterie; ainsi me voilà bien dépouillé (Chateaubr., Corresp., t. 1,1817, p. 312): 1. ... parfois, lorsque la pièce est de dimension, on la met en loterie. Et les cris et les gestes redoublent. J'ai vu une carpe de 9 kilogrammes, monstrueuse, passer de bras en bras sur toute une foule, jusqu'au gagnant.
Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 22. − En partic. Loterie nationale. Loterie instituée par la loi du 31 mars 1933 dont le produit est versé au budget de l'État. Paulette, ça vous ennuierait de me garder ce billet de la loterie nationale? Mon père ne veut pas que j'en achète, et je ne sais pas où le planquer (Montherl., Fils personne, 1943, II, 1, p. 291): 2. Le café de Montmartre, avec (...) ses dixièmes de billets de la loterie
nationale, ses caramels, ses brioches (...) tient à la fois du garage et du bazar.
Fargue,Piéton Paris, 1939, p. 45. B. − P. méton. Baraque foraine dont l'attraction est une loterie. Il continue son chemin. Le voilà maintenant devant une loterie, on pourrait croire qu'il va jouer, mais non il se contente de regarder tourner la roue (Queneau,Pierrot, 1942, p. 50): 3. Il (...) rêvassait à la foire Saint-Romain, avec ses bals, ses manèges, ses loteries, ses tirs, toute une joie pétaradante sentant les frites et le gros vin.
Dorgelès,Croix de bois, 1919, p. 43. C. − P. métaph., au fig. Chose réglée par le hasard. Le monde est une loterie (Ac. 1835-1935). Toutes ces feuilles gémissantes, mouillées par des larmes de famille (...) me représentaient la destinée présente de la France comme une loterie sinistre (Vigny,Serv. et grand. milit., 1835, p. 155).A cette loterie où la vie est l'enjeu Mon coeur passionné mettrait trop ou trop peu (Lamart.,Jocelyn, 1836, p. 582): 4. Je dirai qu'une femme ne doit jamais écrire que (...) des oeuvres posthumes à publier après sa mort. Imprimer pour une femme de moins de cinquante ans, c'est mettre son bonheur à la plus terrible des loteries...
Stendhal,Amour, 1822, p. 210. ♦ Loterie de + subst.Les actionnaires de demain (...) ne pouvaient passer devant cette grande loterie de la spéculation, sans tourner la tête (Zola,Argent, 1891, p. 47).J'avais de la chance, semblait-il, ce jour-là. Mon nom était déjà plusieurs fois sorti à cette loterie de l'amitié, et on m'avait passé, par-dessus les têtes, plusieurs lettres (Guéhenno,Journal homme 40 ans, 1934, p. 180). Prononc. et Orth.: [lɔtʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1538 «jeu de hasard où le tirage au sort de numéros gagnants permet de gagner des lots» (doc. de Béthune, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf., s.v. lotissement). Empr. au néerl. loterij «id.» (cf. loteria dans une lettre en lat. de 1513 de Chr. Longolius d'apr. FEW t. 16, p. 482b; v. aussi Kluge20), dér. de lot (lot*). Fréq. abs. littér.: 329. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 607, b) 619; xxes.: a) 275, b) 382. Bbg. Boulan 1934, p. 36. |