| LONG, LONGUE, adj., adv. et subst. I. − Adjectif A. − [Dans l'espace] 1. [Au compar. ou au superl. ou bien suivi d'une indication de mesure] Qui a telle ou telle étendue dans le sens de la longueur (v. ce mot A 1). Anton. large, haut, profond.Une allée longue de cent mètres; une salle plus longue que large. Sous un plafond blanchi à la chaux, long de cent vingt pas, large de soixante (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 161): 1. C'est un homme gros, court, velu, avec des bacchantes frisées, une chevelure aile de corbeau, un anneau à l'oreille gauche, l'œil fier, les sourcils froncés, les dents éclatantes, une fossette au menton, les mains en forme de poings, plus larges que longues, les pieds courts, les orteils épais, les chevilles dodues...
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 168. 2. Absol. Anton. court. a) Gén. antéposé ou en emploi attributif. Qui a une étendue supérieure à la moyenne dans le sens de la longueur. Longue avenue; long corridor; longue galerie; long cou; longs cheveux; longue chevelure; longues moustaches. Le cours du Danube est long (Littré). Du fond de ces longs couloirs de verdure, on les voyait venir avec leurs collerettes (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 210).Sur le long ruban de route qui se déroule, se marquent par étapes des foyers lumineux (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1565).Ce qui frappait d'abord dans cette longue salle basse et voûtée (...) était un singulier aspect de propreté et d'ordre (Gracq, Syrtes,1951, p. 31). ♦ IMPR. Longues lignes. ,,Texte composé sur toute la largeur de la page, par opposition au texte imprimé en colonnes`` (Brun 1968). ♦ Long comme le bras (loc. fam. et fig., marque l'importance). Elle peut bien être marquise long comme le bras pour ses domestiques. Mais dans les actes de l'état civil ce n'est pas la même chose (Proust, Fugit.,1922, p. 676). − Rare, fam. [En parlant d'une pers.] Voilà que le long Suédois qui précède justement Tartarin s'est arrêté (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 246).Est-ce que vous connaîtriez par hasard une gamine de quatorze à quinze ans, longue et maigre, vêtue d'une robe rose en coton (...)? (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 61). − Vx. [En parlant d'une pers.] Long comme un jour sans pain. Extrêmement grand et maigre. (Dict. xixes.). Rem. Auj. uniquement au sens temp., infra B, c'est-à-dire à propos d'une journée ennuyeuse, qui n'en finit pas. − Vieilli. Une vue longue. Qui voit loin. (Ds DG, Ac.). De longs regards. ,,Qui se prolongent au loin`` (Littré). Cf. infra B 2 a β. ♦ Longue-vue*. − MAR. Navigation au long cours. ,,Navigation maritime effectuée au delà d'un certain degré de latitude et de longitude fixés par la loi (...) et qui, par suite, est plus longue et présumée plus dangereuse que la navigation au cabotage`` (Cap. 1936). Nos deux frères aînés (...) sont partis comme mousses sur des navires au long cours (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 113). ♦ Capitaine, officier au long cours. Capitaine, officier effectuant la navigation au long cours. Il était alors capitaine au long cours, et voyageait pour un armateur de Saint-Malo (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 291). − SPORTS. Une longue balle. Balle qui va loin, passe en profondeur (p. ex., en football). ♦ TENNIS. Balle frappée de telle sorte qu'elle rebondisse près de la ligne de fond. Avoir un jeu long. Nous pourrons renvoyer la balle sur le joueur adverse à condition qu'elle soit longue (H. Cochet, Le Tennis, Paris, P.U.F., 1978, p. 65).Emploi adv. Jouer long. Il faut jouer long, c'est-à-dire qu'il faut envoyer la balle près de la ligne de fond adverse (H. Cochet, Le Tennis, Paris, P.U.F., 1978p. 90).Longue paume*. b) P. ext., antéposé ou en emploi attributif. Qui est composé d'éléments nombreux qui, à la suite des uns des autres, couvrent une grande étendue. Une longue file de..., série de..., liste de... Une assez longue suite de vers rimés (Gide, Journal,1943, p. 227). c) Postposé. Qui se caractérise par sa longueur, souvent p. oppos. à un modèle normal, courant. Robe longue; chandail à manches longues; cheveux longs; avoir le cou trop long. Après, tu as dû les admirer avec leurs premières cigarettes, leurs premiers pantalons longs et puis ils ont commencé à sortir le soir (Anouilh, Antig.,1946, p. 186): 2. Dès qu'il consentait à rester immobile et silencieux, Eric Vidame ressemblait à Dante. Il avait un visage maigre, des traits longs et bien dessinés, un toupet dru qui formait promontoire entre deux golfes de front blanc.
Duhamel, Suzanne,1941, p. 20. ♦ Chaise* longue. − ANAT. Muscle long fléchisseur du pouce, du petit orteil, muscle long radial... (Méd. Biol.t. 21971, s.v. muscle). − P. anal., CUIS. Sauce longue. Sauce trop claire, trop délayée. (Ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975). − Loc. fig. Avoir le bras* long, les dents* longues. ♦ Prendre le chemin le plus long. ,,Se servir des moyens les moins propres à faire réussir promptement ce qu'on a entrepris`` (Ac. 1935). B. − [Dans le temps] 1. [Au compar. ou au superl. ou bien suivi d'une indication de durée] Qui est de telle ou telle étendue dans le temps. Un séjour long de deux mois; des vacances moins longues. Trois heures, trois heures seulement! cette journée m'avait déjà paru longue d'un siècle... et je n'en avais parcouru qu'un peu plus de la moitié (Benoit, Atlant.,1919, p. 172). 2. Absol., gén. antéposé ou en emploi attributif a) Qui a une durée étendue, qui dure longtemps ou qui est ressenti comme tel.
α) [Le subst. qualifié désigne un espace de temps] Long intervalle; à longs intervalles; long moment; longue période; temps fort long; longues heures; trouver le temps long. L'absence est horrible, les nuits sont longues, ennuyeuses et fades; la journée est monotone (Napoléon Ier, Lettres Joséph.,1796, p. 54).Mon étonnement (...) est qu'il ait fallu un si long temps pour obtenir ce résultat si simple (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 208).Elle commença à trouver le temps long et, pour se désennuyer, feuilleta un ancien cahier de modes (Guèvremont, Survenant,1945, p. 151).Le soleil entrait de biais par les fenêtres, qui sont orientées de telle sorte que ce phénomène ne peut se produire qu'aux jours les plus longs de l'année (H. Bazin, Vipère,1948, p. 104): 3. Le dimanche est toujours tel que dans notre enfance :
Un jour vide, un jour triste, un jour pâle, un jour nu;
Un jour long comme un jour de jeûne et d'abstinence
Où l'on s'ennuie; où l'on se semble revenu
D'un beau voyage en un pays de gaîté verte,
Encore dérouté dans sa maison rouverte
Et se cherchant de chambre en chambre tout le jour...
Rodenbach, Règne silence,1891, p. 113. ♦ Congé de longue durée. À l'expiration du congé de longue durée, le fonctionnaire non encore reconnu apte, mais pour lequel le comité médical conclut à une récupérabilité ultérieure possible, est placé en disponibilité sans traitement (Encyclop. éduc.,1960, p. 294). ♦ AUDIO-VISUEL. Disque, microsillon, cassette longue durée. ♦ De longue date. Depuis longtemps. Je l'ai fort pratiqué, nous sommes amis de longue date, et je le connais bien (Proust, Filles en fleurs,1918, p. 461). ♦ De longue main (vx). Synon. de longue date.Ce meurtre avait été machiné de longue main par les gens du dauphin (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 259).Il fut convenu que je me préparerais de longue main à la lutte électorale sur le terrain que j'avais choisi (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 307).
β) [Le subst. qualifié est un subst. d'action ou d'état] De longs éclats de rire, de longs cris, une longue clameur; un long silence, une longue rêverie; une longue agonie, de longs gémissements; de longs tourments, un long soupir; un long apprentissage; de longs détours; une longue étape; de longues conversations, discussions, énumérations, controverses. Ce sont trois genres d'ennemis que la raison est obligée de combattre sans cesse, et dont elle ne triomphe souvent qu'après une lutte longue et pénible (Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p. 11).La journée, comme un fruit tardif, sera lente à mûrir. Ah! que cette longue patience s'accorde mal avec l'ardeur d'une âme qui ne peut plus attendre! (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 185). ♦ Long regard (cf. supra A 2 a). Regard insistant, fixe. Au milieu des filles fleurs. Celles qui m'entouraient, entièrement décolletées (...) ne me dirent bonjour qu'en coulant vers moi de longs regards caressants comme si la timidité seule les eût empêchées de m'embrasser (Proust, Guermantes 2,1921, p. 423). ♦ Boire à longs traits*. À longue échéance*. À long terme*. De longue haleine*. ♦ Ne pas faire long feu*.
γ) Il serait (trop, assez) long de... Il serait long de tout redire (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 32).Il serait assez long d'en savoir davantage (Gracq, Syrtes,1951, p. 21).
δ) Long à + inf.Qui demande beaucoup de temps. − [Le suj. de l'inf. est une pers.; le subst. qualifié est de l'inanimé] ♦ Long à faire, à réaliser. Tandis que s'achevaient les présentations si longues à raconter (Proust, Guermantes 2,1921, p. 433). − [Le suj. de l'inf. se confond avec le subst. qualifié] ♦ [Il est de l'inanimé] La faiblesse humaine est longue à se familiariser avec la majesté royale (Gautier, Rom. momie,1858, p. 327).Dès le moment cette réponse m'apaisa, me laissant à peine (comme la cicatrice longue à se fermer d'une blessure) un résidu d'angoisse (G. Bataille, Exp. int.,1943, p. 23). ♦ [Il est de l'animé] Lent. Je sentais alors près des femmes une timidité dont je devais être long à me guérir (France, Vie fleur,1922, p. 529). ♦ [Sans inf. exprimé] Eh bien! monsieur l'abbé, si vous êtes allé relancer papa, et si vous avez un mot de lui pour maman, il faudra que vous attendiez que maman ait fini (...). Elle est longue des fois (Zola, Paris, t. 1, 1897, p. 98).
ε) PHONÉT. Syllabe, voyelle longue. Syllabe, voyelle qui a plus de durée qu'une syllabe, une voyelle brève. Il n'y a point de langues où il n'y ait des syllabes longues et brèves, et même des longues plus longues et des brèves plus brèves que d'autres (Destutt de Tr., Idéol. 2,1803, p. 325).Un rythme quantitatif, reposant uniquement sur l'opposition des syllabes longues et brèves (Saussure, Ling. gén.,1916, p. 314). b) En partic., antéposé. Qui remonte loin dans le temps. Longue histoire, long passé; longue habitude. Une longue tradition centralisatrice (Amén. terr.,1964, p. 10): 4. ... il calcule avec prudence ses démarches et celles d'autrui. Comme sa faiblesse le rend attentif à tous les événements qui peuvent lui nuire, il les prévoit de loin, et sait en profiter par sa longue expérience. C'est à lui qu'appartient de gouverner les membres d'une nombreuse famille.
Bern. de St-P., Harm. nature,1814, p. 294. C. − [En parlant d'un texte, d'un discours, d'un spectacle] Qui a beaucoup et, le plus souvent, qui a trop d'étendue, qui manque de concision. Une longue harangue; un épisode bien long et bien ennuyeux. Quand la chandelle fut éteinte et que la chaumière fut noire, on entendit une voix douce de petite fille commencer une prière en breton (...). Une très longue prière, coupée de répons graves de vieille femme (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 105).Parmi l'abondant courrier que me vaut mon article du Figaro du 10 décembre sur la langue française, une très longue, trop longue lettre signée Gabriel Daures (...) datée de Lourdes, contient de pertinentes remarques, des aveux : il n'a jamais pu s'intéresser aux romans (Gide, Journal,1946, p. 305). − [P. méton.], fam. [En parlant d'un orateur, d'un écrivain...] J'ai été bien long. Le Président : Maître Lemerle, vous avez la parole. (Lemerle déploie son dossier.) Maître, serez-vous long? (France, Crainquebille,1905, 1).C'est ce texte que je voudrais, en m'excusant d'être un peu long − mais je crois que la question en vaut la peine − commenter avec vous aujourd'hui (Pineau, S.N.C.F. et transp.,1950, p. 76). II. − Emploi adv. A. − D'une manière longue, avec quelque chose de long. Être long vêtu; s'habiller long. J'aime, simple spectateur, à la voir [la danse] (...) long voilée dans la blonde Allemagne, glisser amoureusement comme un rêve (Zola, Contes Ninon,1874, p. 35).Les femmes n'aiment pas qu'on soit bête [dit Nana]. Elles ne disent rien (...). Mais sois sûr qu'elles en pensent joliment long (Zola, Nana,1880, p. 1274).Ils se fichent un à un dans la cible avec une précision qui vibre long (C. Roy,Le Commerce des classiquesds L.-O. Grundt, p. 317, v. infra bbg.). B. − Synon. de beaucoup. 1. [Avec un suj. de l'animé] ♦ En dire long sur... Je suis incapable d'en dire plus long pour l'instant (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 269). ♦ En avoir long à dire sur... Je ne t'en ai pas parlé, de celle-là, lorsque tu pleurais par terre; j'aurais trop long à en dire (Zola, Nana,1880, p. 1337). ♦ En apprendre long à qqn. Il m'en a appris long sur... Tu ne m'en as jamais appris aussi long là-dessus (Colette, Naiss. jour,1928, p. 48). ♦ En savoir long, en connaître long sur... Un mauvais élève du cours de spéciales en sait plus long sur la nature et sur les lois que Descartes et Pascal (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 255). 2. [Avec un suj. de l'inanimé] ♦ En dire long sur... Être révélateur, significatif. V. dire1III A 2. ♦ En apprendre long sur... La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres (Saint-Exup., Terre hommes,1939p. 139). III. − Emploi subst. A. − Subst. masc. 1. Nom de mesure + de long.Un lit qui a deux mètres de long; le hall a trois cent mètres de long. Le papier portait un chiffre de deux pouces de hauteur, rouge, bleu, vert, or, argent, et n'avait lui-même que trois pouces de long (Gobineau, Pléiades,1874, p. 145): 5. Le pays du livre d'occasion a ses frontières aussi. Il va du quai d'Orsay au Jardin des Plantes, sur la rive gauche, et de la Samar, comme on dit, au Châtelet, sur la rive droite. Les boîtes en sont, en principe, accordées par la Ville aux mutilés de la guerre et aux pères d'une famille nombreuse, à raison de soixante-cinq francs par an, sur huit mètres de long.
Fargue, Piéton Paris,1939, p. 79. 2. TECHNOL. Scieur de long. Ouvrier qui scie les planches selon la longueur (d'apr. Plais. 1969, s.v. scieur). − ANAT. Long du cou. ,,Muscle qui s'attache à la face antérieure du corps des trois premières vertèbres dorsales et des six dernières cervicales...`` (Littré-Robin 1858). L'arcantérieur (...) qui présente en avant une saillie, tubercule antérieur, pour l'insertion d'un faisceau du long du cou (Gérard, Anat. hum.,1912, p. 94). 3. Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. C'est d'un long! La soirée m'a paru d'un long! (Zola, Assommoir,1877, p. 471). 4. Dans des loc. adv. a) De son long, de tout son long. De toute la longueur. S'étaler de tout son long. M'allonger de mon long à côté de lui (Claudel, Père humil.,1920, IV, 2, p. 560).Les grands coffres au couvercle bombé pour les vêtements étendus de leur long (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 162).Couché de tout mon long au côté de Vanessa (Gracq, Syrtes,1951, p. 157): 6. D'autres encore avaient fini leur vie, tombés en travers de leurs frères, accrochés dans leur chute à la fourche de deux branches, ou bien, ayant trouvé la terre, étendus de leur long, tout blêmes sur le terreau noir.
Genevoix, Raboliot,1925, p. 165. b) Au long, tout au long, tout du long. Dans toute sa longueur, de bout en bout. Taillée au bord de la pente, d'un côté, pour qu'elle [l'allée] s'essuyât par là, elle fut de l'autre et pour la même raison, bordée d'un fossé dont la terre extraite forma le tertre dressé tout du long (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 126): 7. Une sorte de sentier, en pente vers la mer, une sinueuse allée, creusée entre des étendues de roches et bordée, tout au long, de pins sauvages, ouvre, en bas, ses lourdes grilles dorées sur le sable même de la plage, immergé aux heures du reflux.
Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 105. − Au fig. Au long. Longuement, en détail. Le journal l'Abeille de Bar s'emparait de l'aventure, la commentait au long, blâmait avec une courtoisie sévère ce qu'il appelait l'incurie de M. le colonel baron de la Gondrée (Courteline, Train 8 h 47,1888, 3epart., II, p. 225). c) En long. Dans le sens de la longueur. Fendre du bois en long. Il avait un pardessus qui lui moulait la taille. Ce pardessus était rayé en long et portait une grosse raie rouge et une seule (Jacob, Cornet dés,1923, p. 99). − Au fig., fam. En long, en large et en travers (rare, de biais). Sous tous ses aspects. On peut prendre les choses en long, en large, de biais, il n'y a jamais qu'un enchaînement de saloperies! (Bernanos, Joie,1929, p. 636). d) De long en large. Alternativement en longueur et en largeur et, plus généralement, dans tous les sens. Quand vous marchiez, là, de long en large, la tête levée... avec des gestes si dignes... si nobles... (Flers, Caillavet, M. Brotonneau, 1923, I, 15,1923, p. 10) : 8. Et les voilà qui se mettent à déambuler très vite, de long en large, dans ce local exigu qu'on a parcouru en trois enjambées, qui tournent en rond, se croisant, se frôlant, penchés en avant, les mains dans les poches, en tapant la semelle par terre.
Barbusse, Feu,1916, p. 155. ♦ De long en long (rare). Elle entendait, par la porte de communication qui se trouvait au milieu de la cloison, l'avare se promenant de long en long dans sa chambre (Balzac, E. Grandet,1834, p. 77). ♦ En long et en large. Synon. plus rare de de long en large.Un quart d'heure, il marcha en long et en large, les yeux fixés sur les rosaces du tapis de moquette (Vogüé, Morts,1899, p. 399).Au fig. En examinant tous les aspects, amplement. Fritz s'étendait en long et en large sur ces choses (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 111). e) Prendre au plus long. Prendre par le plus long. Par le chemin le plus long (supra I A 2 c). Si, comme dit le proverbe, qui trouve ici sa juste application, tout chemin mène à Rome, Huysmans a certainement pris par le plus long (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 164). 5. [Dans des loc. prép.] a) [Sens spatial] (Tout) le long de, au long de. Suivant la longueur. Glisser, cheminer, se propager, s'échelonner le long de... Et de l'autre main, saisissant la chevelure de son fils, il le traîna par terre, au long du corridor, et le précipita par l'escalier (Borel, Champavert,1833, p. 146).Les haies, au long desquelles abondent la fraise, la framboise et la violette (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 550).On ne rencontre de beaux arbres qu'au long des galeries forestières bordant les cours d'eaux (Maran, Batouala,1921, p. 18): 9. Les rides concentriques de l'eau se reflétaient en lumières sur sa robe noire, montaient tout le long d'elle comme des caresses de feu.
Montherl., Bestiaires,1926, p. 449. − P. ext. Dans le sens de la hauteur, considérée comme la plus grande dimension. Il avait pris le poignet de Thérèse, qui pendait le long de sa jupe, et le couvrait de baisers (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 663). b) [Sens temporel] Tout le long de, (tout) au long de, tout du long de. Pendant (toute) la durée de. Expérience acquise au long d'une carrière. Il s'est diverti tout du long de l'année (Ac.).Je m'ennuie tout le long de la journée (Littré).Les jolis éclats de risée, qui retentirent tout au long de la route (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 232).Et tout le long du jour on venait le consulter, des hommes, des femmes, tous des voleurs (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 158): 10. Mais enfin, capitaine, vous ne me surveillerez pas tout au long de ma mission. Et là-bas, au Mexique (...). Votre règlement ne sera plus qu'un souvenir saugrenu.
Audiberti, Quoat,1946, 1ertabl., p. 18. B. − Subst. fém. 1. PHONÉT. Une longue. ,,Syllabe dont la prononciation a plus de durée que la brève`` (DG) : 11. C'est que les brèves et les longues sont extrêmement marquées dans les langues anciennes et dans celles des peuples sauvages, et qu'elles sont presque insensibles dans la plupart des langues modernes.
Destutt de Tr., Idéol. 2,1803, p. 326. − MUS. Une longue. Dans l'ancienne notation musicale, note carrée avec queue à droite, qui a une durée double de la brève ou ronde (d'apr. DG). 2. SPORTS. La longue. Jeu provençal différent de la pétanque par la plus longue distance à laquelle on place le cochonnet. L'organisation annuelle de deux fameux concours dans le cadre du Parc Borely : l'un, à pétanque; l'autre à la longue ou jeu provençal (L'Équipe,6 août 1965ds Petiot 1982). 3. En loc. adv. À la longue. Avec le temps, après beaucoup de temps, à force. Enfin, à la longue, il essaya de réagir sur lui-même (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 36).Au début, la lumière et le silence vous grisent... à la longue, ils vous ennuient... (Lenormand, Simoun,1921, p. 39). Rem. Dans l'ex. suiv., la longue désigne la femme longue à se donner (emploi isolé et fam.). La femme ne craint pas de tendre avec ardeur au vin de la débauche une lèvre altérée, et là nulle ne fait la longue et la sucrée. L'homme attaque la femme, et la femme répond (Barbier, Iambes, 1840, p. 67). REM. 1. Longuissime, adj.,rare. [Correspond à supra I C] Très long, trop long. Écrivez-moi de longuissimes lettres où vous direz tout ce qui vous passera par la tête. Plus il y en aura, et mieux ce sera (Flaub., Corresp.,1861, p. 457). 2. Long-parcours, subst. masc.[Correspond à supra I A 2 a] ,,Voyage aérien qui éloigne un membre de l'équipage (...) de plus de trois mille milles marins de son centre d'affectation`` (Barr. 1967 et 1974). Prononc. et Orth. : [lɔ
̃], fém. [lɔ
̃:g]. [lɔ
̃:k] devant voyelle ou h non aspiré : un long arrêt [lɔ
̃kaʀ
ε], un long hiver [lɔ
̃kivε:ʀ]. Selon Dupré 1972 l'usage mod. a tendance à introduire [g] dans ces cas plutôt que [k] : [lɔ
̃givε:ʀ]. Mais de long en large [dəlɔ
̃
ɑ
̃laʀ
ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. A. dans le temps 1. 2emoitié xes. « qui dure longtemps » (St Léger, 231 ds Henry Chrestomathie, p. 13); 2. ca 1050 « lassant, ennuyeux en raison d'une durée excessive » lunga atente (Alexis, éd. Chr. Storey, 443); 3. 1215 de longue main « se dit de quelque chose qui prend du temps, qui existe depuis longtemps ou qui demande un long travail » (Calendre, Empereurs ds T.-L., s.v. main); 4. xives. gramm. ditongue longue (cité ds Ch. Thurot, Notices et extraits de divers mss lat. ... ds Not. et extraits des mss de la Bibl. impériale, 1868, t. 222, p. 203); 1627 subst. fém. id. « syllabe longue » observer les longues et les brèves « être très cérémonieux ou très exact » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. A. Monmerqué, t. 8, p. 118); 5. 1552 « qui met beaucoup de temps à faire quelque chose » (Estienne, Dict. latinogallicum); 6. 1690 « qui se produit à la fin d'une durée considérable » Bail à longues années (Fur.). B. Dans l'espace 1. a) ca 1100 « qui a une grande étendue dans le sens de la longueur » (Roland, éd. J. Bédier, 2852 : Cez veiez lunges e cez chemins mult larges); b) fin xiies. « qui a telle ou telle étendue d'une extrémité à l'autre » lons pres de quatorze toises (1reContinuation de Perceval, 8307, éd. W. Roach, I, p. 226); 2. ca 1100 « qui porte loin » (Roland, 1755 : la voiz est mult lunge); 3. ca 1160 « qui se caractérise par sa longueur par opposition à un modèle normal » barbe longue (Enéas, 2450 ds T.-L.); 4. 1694 sausse trop longue (Ac., s.v. sausse). C. Dans le temps ou dans l'espace. 1. ca 1150 « d'une œuvre, d'un discours dont le développement est important » (Wace, Vie St Nicolas, 601 ds T.-L.); 2. 1538 « (d'une personne) qui développe trop son sujet » (Est.). II. Loc. A. 1. Ca 1155 le lunc de « suivant la longueur » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 5115); 2. a) ca 1155 de lonc, de lé (Wace, op. cit., 8425 ds T.-L., s.v. lé); 1216 de lon en lé (Anger, Vie St Grégoire, 135, ibid.); 1811 de long en large (Jouy, Hermite, t. 1, p. 41); b) fin xiies. de lonc en lonc (1reContinuation de Perceval, éd. W. Roach, 9615); c) 1660 tirer de long (Oudin Esp.-fr.); 1690 coucher de long une pièce (Fur.); 3. 1230 en lonc ou en lé (Gaydon, 46 ds T.-L.); 1676 en long et en large (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 5, 74). B. 1. Ca 1260 a la longue (Ph. de Novare, Quatre Ages, 131 ds T.-L.); 2. 1614 aller de longue « avancer, continuer » (Malherbe, Lettres à Peiresc, 152 ds
Œuvres, éd. C. Lalanne, III, 402); 1639 tirer de longue « traîner en longueur » (Calde Richelieu, Lettres, Paris, Imprimerie Impériale, VI, p. 469). III. Subst. 1. 1176-81 « après un chiffre, la plus grande dimension d'un objet » set piez de lonc (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 320); 2. 1464 de son long « dans toute sa longueur » (ds Du Cange d'apr. FEW t. 5, p. 408b); 1579 couché de son long (Garnier, La Troade, 254 ds Les Tragédies, éd. W. Foerster, II, 92); 3. 1392-1400 boys sies au lonc « bois sciés suivant la longueur » (Compt. de l'Hôt.-Dieu d'Orl., fo8 vo, Hôp. gén. Orl. ds Gdf. Compl.); 1466 scieurs de long « celui qui scie le bois en long pour faire des planches » (Compt. de Nevers, CG 60, fo27 ro, A. Nevers, ibid., s.v. seieor). IV. adv. 1. 1499 « avec un long vêtement » long vestu (Arch. Nord, 131708, fo33 rods IGLF); 2. av. 1707 en savoir long « être bien informé » (Hauter[oche], Le Coche d'Orléans ds Le Roux 1752); 3. 1813 en avoir long à dire (Courier, Lettres Fr. et Ital., p. 862). I du lat. class. longus « long, étendu dans l'espace et dans le temps »; l'a. fém. longe a été de bonne heure remplacé par longue d'apr. le masc. II, III, IV emploi adv. et subst. de I. Fréq. abs. littér. : 38 919. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 58 259, b) 58 514; xxes. : a) 54 423, b) 51 719. Bbg. Damourette (J.), Pichon (E.). Long hiver. Fr. mod. 1936, t. 4, pp. 349-353. - Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 118, 165; pp. 313-324. - Quem. DDL t. 3 (s.v. long-chevelu et long-voilé); 13, 20. - Sain. Arg. 1972 [1907], p. 75. - Thomas (A.). Encore scieur de long. Romania. 1911, pp. 442-443. |