| LOIR, subst. masc. Petit rongeur au pelage gris et à longue queue, vivant dans les creux des arbres, se nourrissant essentiellement de fruits, et qui hiberne pendant les saisons froides. Piège à loir. Le loir entame tous les fruits au fur et à mesure qu'ils mûrissent. Il n'en mange jamais un entier (...). Deux ou trois loirs seulement gâchent la récolte de tout un jardin (Gressent, Potager mod.,1863, p. 939).Hors la lourde rangée des vieux coutumiers in-folio, que les loirs ont percée de part en part, les livres sont intacts dans leurs armoires grillées (France, Bonnard,1881, p. 348).♦ ZOOL. Mammifère de l'ordre des Rongeurs. Dans les loirs l'estomac n'a qu'une seule poche. Il est alongé dans le loir ordinaire. Il est globuleux dans le lerot et le muscadin, dans lesquels l'œsophage s'insère très-près du pylore (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 386). − P. méton. Chair de cet animal appréciée chez les Romains. À Rome (...) le luxe de la table fut poussé à un point presque incroyable. On goûta de tout, depuis la cigale jusqu'à l'autruche, depuis le loir jusqu'au sanglier (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 265). − Locutions ♦ Dormir comme un loir. Dormir très profondément. Il m'a semblé très doux de me retrouver au milieu de mon vieux cabinet et de revoir toutes mes petites affaires! Mes matelas ont été rebattus, et je dors comme un loir (Flaub., Corresp.,1871, p. 219). ♦ Paresseux comme un loir. Qui aime à dormir, à paresser : Est-ce qu'il ne s'était pas mis en tête d'entretenir − c'est le mot − un vieil ivrogne du nom de Rebattut, un ancien braconnier, paresseux comme un loir, qui vit dans une cabane de charbonniers, en lisière du fonds Goubault (...)?
Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1120. Prononc. et Orth. : [lwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1202 (Renart, éd. E. Martin, XVI, 1121 : dormant comme loir). Du lat. vulg. *glĭs, glĭris, class. glīs, glīris « loir ». Le type en ĭ
qu'attestent les formes de basse époque glerus, cleres (époque mérov. v. Romania t. 18, 1889, p. 520), lerus (d'apr. Meyer-Lübke ds Wiener Studien t. 25, 1903, p. 101) est également postulé par différentes formes dial. relevées dans les domaines ital., esp. et port. (FEW t. 4, p. 155 b). De glīrem sont issues différentes formes gallo-rom. : m. fr. glir (av. 1563 La Boétie ds Gdf.; 1565 Ronsard, Élégies ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 13, p. 151, 17), lire (dial. du Centre, Jaubert), ainsi que les dér. gliron et liron*. L'aphérèse de g- initial est difficile à expliquer; on remarque le même phénomène dans l'a. fr. luissel « pelote (de fil » issu de *globuscellum « peloton » (dimin. du lat. globus « pelote ») et lemoissel « pelote » issu de *glomiscellum (dimin. de glomus « id. »), FEW, t. 4, pp. 158 b et 162 a; v. aussi Fouché, p. 685. Fréq. abs. littér. : 52. Bbg. Långfors (A.). Notes lexicogr. Neuphilol. Mitt. 1940, t. 41, no1/2, pp. 101-104. |