| LOGOMACHIE, subst. fém. Littéraire A. − Querelle de mots; dispute dont l'origine repose sur l'acception légèrement différente que l'on attribue aux mêmes mots. Cette question est une pure logomachie. Il y a beaucoup de discussions qui ne roulent que sur une logomachie (Ac.). Les guerres ne roulent pas sur des disputes de mots : j'en dis autant des autres querelles, des querelles théologiques et des querelles scientifiques, dont on méconnaît la profondeur et l'importance quand on les résout en de pures logomachies (Cousin, Hist. philos. mod., t. 3, 1847, p. 217).Pour en finir avec cette logomachie (...) je répète que par abolition de la propriété, je n'entends (...) que l'abolition des revenus des capitaux (...) sans la moindre tendance communiste (Proudhon, Confess. révol.,1849, p. 272). B. − Discours oiseux et empreint de verbalisme. Mon nouvel ami parle, les dents serrées, avec une charmante onction, une langue précise, pure, qui tranche sur la redondante logomachie d'alors (Blanche, Modèles,1928, p. 189): Car il y a plus d'analogie entre la vie instinctive du public et le talent d'un grand écrivain (...) qu'avec le verbiage superficiel et les critères changeants des juges attitrés. Leur logomachie se renouvelle de dix ans en dix ans...
Proust, Temps retr.,1922, p. 893. REM. Logomacher, verbe trans.,p. plaisant. Se livrer à des logomachies, parler pour ne rien dire. La tablée de philosophes et de politiciens, prenant feu, se met à batailler autour des deux termes; infini et indéfini, faisant sonner de grands mots ayant l'air d'idées, mais qui ne sont que des sonorités vides et retentissantes, notre dîner du xixesiècle est en train de ressembler à une moyenâgeuse école de la rue du Fouarre, débagoulant et logomachant de la scolastique (Goncourt, Journal,1885, p. 449). Prononc. et Orth. : [lɔgɔmaʃi]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1610 (Bedé, Messe en franç. ds Delb. Notes mss d'apr. DG). Adaptation du gr. λ
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γ
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ι
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α « combat en paroles ». Fréq. abs. littér. : 24. DÉR. Logomachique, adj.Qui tient de la logomachie. Elle [la synthèse universelle] implique contradiction, perd le titre de science, et n'est pas même un mystère dont les termes soient intelligibles, car la raison n'y trouve qu'un vain assemblage logomachique (Renouvier, Essai crit. gén., 3eessai, 1864, p. 4).− [lɔgɔmaʃik]. − 1reattest. 1842 (Ac. Compl.); de logomachie, suff. -ique*. |