| LOCALISATION, subst. fém. A. − [Correspond à localiser A] 1. Action de déterminer l'emplacement où se situe une chose, un phénomène ou son origine. Les idées esséniennes (...) suivirent la marche des idées juives (...) pour arriver, vers le temps d'Hérode (...) à la localisation rigoureuse d'un paradis (Renan, Hist. peuple Isr., t. 5, 1892, p. 66).La localisation et la datation des manuscrits (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 1089). a) Spécialement − Action de localiser dans l'espace un aéronef ou un astronef grâce à des ondes radioélectriques et électromagnétiques. ♦ AÉRON. Action de localiser un avion pour le guider ou pour l'intercepter. Au cours des vingt-cinq dernières années, les radars se sont considérablement perfectionnés, tant sur le plan de la portée que sur celui de la précision de la localisation (L'Aviat. d'auj., Paris, Larousse, 1968, p. 247). ♦ ASTRON. Action de localiser un engin spatial, généralement par rapport à la terre. Station de localisation (Sc. Techn. spat.1978). − MÉDECINE ♦ GÉNÉT. Localisation génétique. Détermination du chromosome sur lequel est situé un gène et du locus de ce gène (d'apr. L'Hér. Génét. 1979). ♦ PATHOL. Action de localiser une lésion ou un corps étranger (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971). ♦ PSYCHOL. Action de localiser une sensation éprouvée à l'intérieur ou à l'extérieur du corps. Localisation auditive, erreur de localisation. S'ils [les troubles] consistent en erreurs, il s'agit de dysmnésie (erreurs de localisation, fausses reconnaissances de personnes ou de lieux) (Codet, Psych.,1926, p. 19).La localisation des sons est correcte si l'objet sonore est vu en même temps qu'entendu (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 283). b) P. anal. Action de déterminer le moment où s'est passé un événement. La localisation à telle ou telle date devient une affaire d'interprétation, quand ce sentiment donne naissance à une obsession (Janet, Obsess. et psychasth.,1903, p. 288). 2. Fait d'être situé, de se situer en un endroit précis. Est dite musique spatiale toute musique qui se préoccupe de la localisation, dans l'espace, des objets sonores, lors de la projection des œuvres en public (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 206): 1. On m'aurait dit qu'elle ne se trouvait pas en ce moment à Cherbourg ou à Trieste, qu'elle ne pourrait pas voir Albertine, comme j'aurais pleuré de douceur et de joie! (...) Et pourtant je savais bien que cette localisation de ma jalousie était arbitraire, que si Albertine avait ces goûts elle pouvait les assouvir avec d'autres.
Proust, Sodome,1922, p. 1120. − MÉDECINE ♦ Siège d'une affection, d'une lésion. Le choix de la méthode est essentiellement fonction de la localisation des lésions et de leur extension (QuilletMéd.1965, p. 170): 2. Appuyé à son bras, comme pour recevoir de plus près et plus rapidement sa réponse, il l'interrogeait avidement sur les signes du mal, sa localisation nouvelle, la courbe probable que suivrait la maladie...
Tharaud, Bien-aimées,1932, p. 290. ♦ Localisation graisseuse. Accumulation de graisse en certains endroits du corps. Dans l'âge mûr, l'on rencontre [chez la femme] les puissantes localisations graisseuses (Richer, Nouv. anat. artist., t. 2, 1920, p. 67). ♦ Localisation (cérébrale). Région du cortex cérébral auquel correspond une fonction déterminée. Notre façon de comprendre le mécanisme de la sensation explique bien qu'il soit impossible de trouver des localisations précises dans le cerveau (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 154): 3. Je revois Claude Debussy. (...) il accompagna les mélodies que Raymond Bonheur a consacrées sur quelques-uns de mes poèmes. Et tandis qu'il redressait, en fermant les yeux, sa face camuse, j'étais surpris par cet air, ce maintien, cette physionomie d'aveugle. On ressentait que, dans ce crâne douloureux, disproportionné, bifide, toutes les localisations qui n'appartiennent point à l'ouïe devaient momentanément se résorber.
Jammes, Mém.,1923, p. 61. Localisation (cérébrale) de + subst. désignant une fonction physique ou psych. C'est pour rappeler sa découverte, ou, plutôt, son hypothèse sur la localisation du langage. Il le situe dans la troisième circonvolution du cerveau, à gauche (Bourget, Actes suivent,1926, p. 72).♦ Localisations germinales. Ensemble de territoires situé dans l'embryon et dont le devenir est rigoureusement déterminé. La notion de localisations germinales, établie par une expérience effectuée sur un mollusque, le dentale (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 633). B. − ÉCON. Implantation d'une industrie dans un emplacement choisi pour des raisons géographiques ou économiques : 4. En général, localiser une chose c'est lui fixer sa place dans l'espace ou, simplement, reconnaître l'emplacement exact qu'elle occupe.
Les études sur la localisation de l'industrie ont eu ce deuxième sens jusqu'à la seconde guerre mondiale, mais depuis, et surtout à partir de 1950, on reconnaît la nécessité d'une planification et d'un aménagement du territoire, et le mot localisation prend la premier sens : attribution de l'espace aux installations industrielles.
Suavet1963. C. − [Correspond à localiser C] 1. Action, fait de circonscrire l'extension (de quelque chose). S'en tenir à la localisation du conflit, ça implique l'aveu qu'on accepte − pour ne pas dire plus − la guerre austro-serbe (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 330). 2. Action, fait d'être limité, de borner son extension. Lespinois dit que les localisations sont heureuses dans une maladie comme celle de Catherine et que nous avons moins à redouter le danger d'une septicémie générale (Duhamel, Maîtres,1937, p. 186). Prononc. et Orth. : [lɔkalizasjɔ
̃]. Att. ds Ac. 1878 et 1935. Étymol. et Hist. 1. 1819 « action de rendre local, d'adapter au lieu » (Boiste); 2. a) 1826 « le fait de se localiser, d'être localisé en un certain point » (A. Serres, Anatomie comparée du cerveau, t. 2, p. 659); 1876 les localisations cérébrales (Charcot ds R. sc. t. 18, p. 457); b) 1845 « action d'attribuer une place à quelque chose » (Besch.); 3. 1936 « action de circonscrire, de limiter dans l'espace » (Martin du G., loc. cit.). Dér. de localiser*; suff. -(a)tion*. Fréq. abs. littér. : 116. Bbg. Quem. DDL t. 18. |