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LIURE, subst. fém.
A. − Vieilli. Corde servant à maintenir les fardeaux sur une charrette. Il ne s'intéressait qu'au spectacle du dehors : les ouvriers piochant les décombres, un roulier achevant d'arrimer son chargement et donnant un tour de garrot à la liure (Pourrat, Gaspard,1931, p. 48).
B. − MAR. Cordage ou pièce de charpente servant à relier d'autres cordages ou d'autres pièces de charpente. En partic. Liure (de beaupré). Dans l'ancienne construction en bois, mode de fixation du beaupré avec la guibre. Nous courions sous la misaine et le petit foc, quand un violent coup de tangage fit rompre notre beaupré entre les deux liures : ce mât se trouva à moitié pourri à cet endroit (Freycinet, Voy. autour du monde,1826, p. 45).Gilliatt était parvenu à sauver les deux bossoirs avec leurs trois roues de poulies. Il retrouva le beaupré, et il eut beaucoup de peine à en dérouler les liures; elles étaient fort adhérentes, ayant été, comme toujours, faites au cabestan, et par un temps sec (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 271).La liure est presque toujours actuellement remplacée par une bride ou collier en fer plat (Soé-Dup. 1906).
C. − TISS., BRODERIE. ,,Croisement des fils qui raccourcit les brides de chaîne ou de trame. Fil qui lie la dorure à la soie. Fil fin liant les différents fils de trame`` (Beaulieu, Les Tissus d'art, Petit glossaire techn., p. 129 ds Rob. Suppl. 1970).
Prononc. et Orth. : [ljy:ʀ], [li(j)y:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin du xiies. lieure (d'une plaie) « pansement, bandage » (Sermons S. Bernard, 81, 18 ds T.-L.); 2. ca 1200 « lien (d'un prisonnier) » (Dialogues Grégoire, 98, 20, ibid.); en partic. 1433 « câble, cordage servant à lier et à maintenir le chargement d'un chariot » (doc. ap. J. Garnier, L'Artillerie des ducs de Bourgogne, 154 ds IGLF : seize lieures pour lier sur les chars les bombarbes); 1681 mar. (Colbert, à De Vauvré, 30 avr. ds Littré). Dér. de lier*; suff. -ure*; cf. aussi le lat. ligatura « action de lier; lien » (ives. ds TLL; Blaise Lat. chrét.). En a. fr., lieure désigne toutes sortes de liens, cf. Gdf. Compl. et T.-L. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 420 (s.v. liûre).