| LITHOGRAPHIE, subst. fém. A. − Procédé de reproduction qui consiste à imprimer sur papier à l'aide d'une presse, un écrit, un dessin, tracé à l'encre grasse, au crayon gras sur une pierre calcaire. Ce cycle d'opérations, marge de la feuille, passage en pression, évacuation de la feuille, se retrouve dans toutes les machines à imprimer en feuilles, quel que soit le procédé considéré, typographie, lithographie, ou héliogravure (Civilis. écr.,1939, p. 8-11): 1. Déjà Senfelder avait étudié le principe de la métallographie et de la lithographie rotative qui était devenue d'un usage courant depuis les environs de 1880; ce procédé, combiné à la fin du siècle dernier, avec le décalque sur caoutchouc et l'impression par report, fut réinventé en 1904 par l'américain Rubel qui lui donna le nom d'offset.
Prinet, Phot.,1945, p. 53. − Lithographie en couleur, polychrome. Procédé pour lequel il faut préparer un tracé sur pierre pour chaque couleur que comporte le dessin original, le tirage s'effectuant ensuite par repérage. Synon. chromolithographie, lithochromie (s.v. litho-).L'estampe originale contemporaine fait aujourd'hui un grand usage de la lithographie en couleur, qu'il faut distinguer de la chromolithographie, bien que le principe soit similaire (Bég.Estampe1977, pp. 250-251). − P. anal. Procédé utilisant pour le tracé, un support différent : métal (synon. métallographie) ou pierre artificielle. C'est uniquement pour des raisons de clarté que la « lithographie sur métal » qu'on appelait autrefois métallographie, pour des motifs très logiques, d'ailleurs, de terminologie, est reportée plus loin (Bég.Estampe1977p. 252). B. − Dessin, écrit reproduit sur papier par le procédé de la lithographie. Aux murailles étaient accrochés quelques tableaux, ou plutôt de simples lithographies coloriées, dont les sujets étaient empruntés à des histoires d'amour d'une littérature qui florissait jadis au bruit du canon (Murger, Scènes vie jeun.,1851, p. 127).Sur le rayon supérieur, trônait une lithographie de Karl Marx, dont le verre était fêlé et gris de poussière (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 234).C'étaient des larmes assez agréables, elles ne ressemblaient en rien à ce vide, ce vide terrible que j'avais ressenti dans cette clinique devant la lithographie de Venise (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 186). ♦ (...) en lithographie : 2. J'oubliais le dieu du logis, Béranger, en lithographie, en gravure, en papier gaufré, − les mains dans ses poches et son gros ventre proéminent, − et ses nombreuses éditions et l'édition affectionnée, l'édition de 1822, qu'il a achetée étudiant et qui est cachée dans le tiroir du milieu de son bureau.
Goncourt, Journal,1858, p. 536. − En partic.
Œuvre artistique reproduite à partir d'une œuvre originale conçue pour le procédé de la lithographie, soit à partir d'un dessin, soit à partir d'une pierre préparée par l'artiste lui-même. La riche personnalité de Matisse apparaît dès ses premiers essais de pointe-sèche (1903), de lithographie (1905) et de bois (1906) (Dacier1944, p. 133).Et l'on songe à Baudelaire qui, à propos des lithographies de Goya, pouvait parler de « vastes tableaux en miniature » et qui pouvait dire d'un peintre sur émail, Marc Baud, « il sait faire grand dans le petit » (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 159). REM. Litho, subst. fém.,abrév. cour. de lithographie. Parmi ces malheureuses, plusieurs étaient vêtues, comme dans les lithos de Lautrec ou dans les aquarelles de Bottini, de manteaux anglais à carreaux (Carco, Montmartre,1938, p. 10).Ce qui différencie l'offset de la litho, c'est le système de tirage, dans le second cas, le papier est mis directement en contact avec la planche de tirage − la pierre − tandis qu'en offset, on obtient un calque intermédiaire sur une feuille de caoutchouc, appelée blanchet (Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 181). Prononc. et Orth. : [litɔgʀafi]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1649 « étude des pierres » (Rymaille sur les plus célèbres bibliotières de Paris, p. 9 de Barb. Misc. 8 1928-32, t. 2, p. 419); 2. 1750 « art de graver sur la pierre » (Prévost, Manuel lexique ds Quem. DDL t. 2); 3. a) 1819 « art de reproduire sur papier des dessins exécutés sur une pierre » (Boiste); b) 1823 « gravure, estampe, obtenue par ce procédé » (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, p. 649); c) 1835 « atelier d'un lithographe » (Ac.). Composé des formants lith(o)- (gr. λ
ι
θ(ο)-, de λ
ι
́
θ
ο
ς « pierre ») et -graphie (gr. -γ
ρ
α
φ
ι
α, de γ
ρ
α
́
φ
ω « j'écris, je décris; je dessine »); déjà en angl. en 1813 au sens 3 et en all. en 1804-1805 (v. NED). Fréq. abs. littér. : 178. Bbg. Quem. DDL t. 2. |