| LIQUEUR, subst. fém. A. − 1. Vieilli. Substance liquide. Ce n'est pas le vase qui agit sur la liqueur, c'est la liqueur qui tourmente le vase; et tous ces prétendus effets du corps sur l'ame, sont précisément les effets de l'ame sur le corps (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 250). − En partic. Sécrétion organique. Les glandes sont des corps qui se trouvent ordinairement dans les feuilles; leur usage est de sécréter des liqueurs particulières (Baudrillart, Nouv. manuel forest., t. 1, 1808, p. 46). ♦ Liqueur séminale. Synon. de sperme.Dans quelques animaux, la liqueur séminale imprime à toutes les autres humeurs une odeur forte (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 279). 2. CHIM. et PHARM. Solution titrée ou non. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Liqueur de Fehling. ,,Réactif servant à la recherche et au dosage des sucres réducteurs`` (Gatin 1924). On détermine (...) les sucres réducteurs [des colorants] au moyen de la liqueur de Fehling (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 620). B. − 1. Vieilli. Liqueur bachique, liqueur de Bacchus. Vin. La liqueur de Bacchus jaillit sous le fer dont une troupe de joyeux vignerons a percé un vaste tonneau (Chateaubr., Natchez,1826, p. 162). 2. Liqueur (spiritueuse). Boisson spiritueuse sucrée, préparée sans fermentation, dont l'arôme est obtenu par distillation, macération, ou addition d'essences. Liqueur d'abricot, de framboise; liqueur de verveine; liqueur forte; verre, service à liqueur; liqueurs anisées. Les plats soignés, les petits verres de liqueurs, le bon café (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 56).Café et bonne eau-de-vie, liqueurs authentiques de la veuve Amphoux (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 769).Quels chocolats? (...) Des chocolats à la liqueur (Sartre, Mains sales,1948, 1ertabl., 1, p. 19). ♦ Vin de liqueur. Vin sucré à haute teneur en alcool. À côté étaient de très-beaux fruits, des confitures, des biscuits et deux ou trois sortes de vins de liqueur (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1612): Le muscat d'Alexandrie (...) est une variété plus méridionale, cultivée sur tout le littoral méditerranéen, soit en vue de l'obtention de raisins secs, soit pour la consommation à l'état frais, soit enfin à Carthage, à Malaga et à Rivesaltes pour produire des vins doux ou des vins de liqueur.
Levadoux, Vigne,1961, p. 44. 3. P. ext. Boisson alcoolisée obtenue par distillation du jus fermenté des fruits. Un certain goût pour le vin, ce qui me conduisit à l'eau-de-vie, et cette liqueur (...) opérant en moi une réforme intellectuelle d'une valeur prodigieuse (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 321). 4.
ŒNOLOGIE. Liqueur (d'expédition). Mélange de vin vieux de Champagne et de sucre de canne qui permet de doser le sucre selon le goût recherché du champagne que l'on élève. On dose un vin de champagne en lui donnant une quantité déterminée de liqueur qui varie avec le goût du client qui doit le consommer (Brunet, Matér. vinic.,1925, p. 522).Un vin [de Champagne] vif, un vin sans liqueur d'expédition, un vin « qui vient au-devant de vous », puis sait s'effacer, un vin qui a le goût de vin, enfin, et non de pommade au sucre (Le Monde,2 mai 1981, p. 25, col. 6). 5. Région. (Canada). Liqueur douce, gazeuse. Boisson gazeuse sans alcool. Une épicerie à l'américaine, où l'on vendait surtout des cigarettes, des liqueurs gazeuses, des médecines brevetées et des cartes postales (Ringuet, Trente arpents, Montréal, Éd. Fidès, 1938, p. 146). Prononc. et Orth. : [likœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 « substance liquide » (Eneas, 6480 ds T.-L.); b) 1635 « solution employée en pharmacie » (Corneille, Médée, I, 1); c) 1682 « liquide organique du corps humain » (La Fontaine, Poème du quinquina, II, 58 ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 6, p. 340); 2. a) 1372 « teneur en alcool, en sucre, douceur du vin » (E. Deschamps, Charte des bons enfants de vertus en Champagne, 259 ds
Œuvres complètes, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 331 : vin de grant liqueur); b) 1674 vin de liqueur (Mmede Sévigné, Lettre à Mmede Grignan, 5 mai ds Quem. DDL t. 13); c) 1680 « boisson sucrée et aromatisée, à base d'alcool ou d'eau-de-vie » (Rich.). Empr. au lat.liquor « liquide ». Fréq. abs. littér. : 1 058. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 157, b) 1 659; xxes. : a) 1 427, b) 910. Bbg. Delb. Matér. 1880, p. 191. |