| LIPPÉE, subst. fém. A. − Vx ou région., fam. Ce qu'on peut prendre avec les lèvres. Ça donnait envie de s'asseoir près du feu, la tasse chaude [de café] dans la main et de boire par petites lippées (Giono, Que ma joie demeure,1935, p. 27). B. − P. ext., vx et littér. Nourriture, repas. Cette mièvre effrontée de chevrette de montagne, qui rôdoit toujours avec ses petits autour de mon champ pour me rafler quelque bonne lippée (Nodier, Trésor Fèves,1833, p. 39).Aux heures des ripailles et des lippées (Montesquiou, Mém., t. 1, 1921, p. 327). − Franche lippée (le plus souvent au plur.). Bon repas qui ne coûte rien. Il nous esquisse ces natures de franches lippées de l'ancienne vie provinciale, ces figures pantagruéliques d'hommes toujours prêts à boire (Goncourt, Journal,1860, p. 732): ... les corbeaux descendirent des arbres voisins, s'abattirent sur la rosse crevée et commencèrent leur festin charogneux. Deux ou trois loups arrivèrent bientôt pour prendre leur part de cette franche lippée...
Gautier, Fracasse,1863, p. 174. ♦ Rare. [Avec inversion des deux termes] Le cerveau de Goupil revécut le voluptueux souvenir des lippées franches, évoqua les images d'orgies de chair et de sang (Pergaud, De Goupil,1910, p. 17). ♦ P. métaph. V. lèchemiettes, rem. s.v. lécher, ex. de Amiel. Prononc. et Orth. : [lipe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xves. [date du ms.] « lampée » (Jean Maillart, Comte d'Anjou, éd. M. Roques, 3357, var. du ms. B); 1465 au fig. (H. Baude, Le Testament de la mule Barbeau ds Vers, éd. J. Quicherat, p. 22 : Despartir vueil mes biens entièrement (Porter ne puis, j'en ay pris ma lippée) En tous endroits, selon ce testament); 2. 1492 « bon repas » (Farce des Pattes ointes ds Lew. t. 1, p. 202); 3. 1585 lippee franche « bon morceau qui ne coûte rien » (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 2, p. 207). Dér. de lippe*; suff. -ée (v. -é). Fréq. abs. littér. : 10. |