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LION, LIONNE, subst.
I. − Subst. masc.
A. − Mammifère carnivore, de la famille des Félidés, de forte taille, caractérisé par sa face large, sa crinière touffue, son tronc et ses membres trapus, son pelage fauve, et vivant à l'état sauvage surtout en Afrique. Les lions reposaient la poitrine contre le sol et les deux pattes allongées (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 155).Cette image de la force majestueuse, ce Jupiter des animaux, qu'on nomme le lion (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 11).V. aussi fauve II B ex. de A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 30 :
1. Le lion jouit d'une force si puissante, il est armé de dents et de griffes si redoutables, que presque tous les animaux le fuient avec un profond sentiment d'effroi. Suivant le rapport des voyageurs qui n'ont pas craint de parcourir les déserts embrasés, où ses muscles vigoureux et son naturel dominateur peuvent acquérir un entier développement, les chiens, les chevaux, les bœufs, perdent tout courage à son aspect... Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 330.
SYNT. Lion roux; lion de l'Atlas; crinière, dent, griffe, gueule, mufle, peau, rugissement de/du lion; courage de lion; chasse aux lions.
Loc. verb. fig., pop. et fam. Bouffer, manger du lion. Avoir, manifester une énergie extraordinaire. Qu'est-ce qui vous a pris, ma petite Lulu? Vous avez mangé du lion (Sartre, Mur,1939, p. 108).
Proverbe Un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort/chien en vie vaut mieux que lion mort. V. chien1II B 4 a.
MYTH. Lion néméen/de Némée. Lion tué par Hercule en Argolide. Hercule combattait le lion de Némée (...). Parfois il étreignait le monstre dans ses bras (Banville, Exilés,1874, p. 21).
P. métaph. C'était [Stanley] le lion au repos, un lion correct, qui comprimait ses bâillements et de temps en temps, dans un rapide sourire, montrait ses crocs étincelants (L. Daudet, Entre-deux-guerres,1915, p. 282).
Loc. adj. De lion. Synon. de léonin.Elle le regardait avec des yeux de tigresse : lui la fixait avec des yeux de lion, car il était en colère (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 66).Henley avait un masque de lion, des moustaches fauves et grises, une figure formidable dont l'imposant aspect était parfois joyeusement transformé par les éclats d'un rire immense (Valéry, Entret. avec F. Lefèvre,1926, p. 14).
B. − P. méton.
1. Représentation de cet animal, à valeur décorative ou symbolique. Une admirable statue (...) représentait le génie de la douleur, appuyé sur un lion, emblême de la force (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 44).Statues Aux mains jointes, d'habits seigneuriaux vêtues, L'homme avec son lion, la femme avec son chien (Hugo, Légende, t. 2, 1859, p. 525).Têtes de lions qui terminaient les bras de son fauteuil (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 381).
Lion de Belfort. Lion exécuté par Bartholdi pour symboliser la résistance de cette ville en 1870. Ils ont brûlé Jeanne d'Arc et si on les avait laissé faire, ils auraient tondu le lion de Belfort en caniche (Prévert, Paroles,1946, p. 46).
2. Spécialement
a) HÉRALD. Figure d'armoiries représentant un lion sous diverses attitudes. Il porte d'argent au lion léopardé de sable, armé, lampassé et couronné de gueules, à la queue nouée, fourchue et passée en sautoir (Sandeau, Sacs,1851, p. 3):
2. Lion. L'attitude ordinaire de cet animal est d'être debout, sur ses pattes de derrière, la tête de profil. C'est le lion [it. ds le texte] rampant (...). Si le lion est représenté reposant sur trois pattes, la patte antérieure dextre levée, la tête de profil, il est dit passant, ou léopardé. (...) si le lion, reposant sur trois pattes, la patte antérieure dextre levée, a la tête de face, on le nomme léopard. On appelle léopard lionné un lion rampant ayant la tête de face. L'Hist. et ses méth.,1961, p. 762.
P. méton. Peuple symbolisé par un lion. Lion belge/(de) Belgique. À côté de Waterloo, nom flamand, le Mont Saint-Jean, nom français. C'est là, au point de section des deux langues, que s'est combattue la bataille des races celtique et germanique : le lion belge et le lion britannique, contre l'aigle (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 206).
b) ICONOGR. RELIG. Figure de lion ailé symbolisant l'Évangéliste Saint Marc. Le lion de S. Marc (...) me paraît facile à comprendre, si l'on veut considérer que S. Marc, c'est l'école essénienne se ralliant au Messie. Le lion, qui vit au désert et qui passe pour le roi du désert, convenait bien à cette secte (P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 827).Dans les grandes églises (...) un pupitre que supporte un aigle (...) quelquefois accompagné de l'ange, du lion et du bœuf, qui, avec lui, forment les attributs des quatre évangélistes (Lenoir, Archit. monast.,1852, p. 341).
P. méton. [Les reliques de saint Marc étant réputées se trouver à l'église Saint Marc de Venise] Ancienne république de Venise; peuple vénitien. Les Français doivent sortir de Venise (...). Il appartenait au lion de Saint-Marc, disent les officiers vénitiens, de vérifier le proverbe que l'Italie est le tombeau des Français (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 703).
CIN. ,,Lion de Venise, récompense décernée à un film primé lors de la biennale de Venise`` (Lar. Lang. fr.). La métamorphose d'un décor naturel en décor artificiel (...) lui servira [à Antonioni] de contrepoint à la dégradation d'un couple dans « Le Désert rouge », qui obtint le Lion d'Or au Festival de Venise en 1964 (Télé 7 jours, 28 mars-3 avr. 1981, no1087, p. 62).
c) NUMISM. Ancienne monnaie portant l'image d'un lion. Et paierez à l'official trois lions d'or, en réparation des crimes, par vous commis (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 367).
3. [Avec une valeur symbolique et peut-être une relation anal. plus ou moins nettes] ALCHIM. (Symbole du) soufre. Le lion, hiéroglyphe du principe fixe et coagulant appelé communément soufre, porte des ailes afin de montrer que le dissolvant primitif, en décomposant et en réincrudant le métal, donne au soufre une qualité volatile sans laquelle sa réunion au mercure deviendrait impossible (Fulcanelli, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 228).Animaux de même espèce et de sexe différent (lion-lionne, chien-chienne, etc.) : Soufre et Mercure préparés pour l'Œuvre; fixe et volatif (mâle = le Soufre, principe fixe; femelle = le Mercure, principe volatil) (S. Hutin, l'Alchimie, Paris, P.U.F., 5eéd. 1975, p. 24).
Lion vert. Mercure philosophal, sulfate ferreux. La pierre philosophale, le mercure; − non le mercure vulgaire qui n'est pour les alchimistes qu'un sperme métallique avorté, − mais le mercure des philosophes, appelé aussi le lion vert (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 126).
C. − P. anal.
1.
a) ASTRON. ,,Constellation zodiacale qui donne son nom au 5esigne du Zodiaque, signe dans lequel le soleil entre le 22 juillet`` (Bouillet 1859). Accours, reine du ciel, éternelle Uranie, Soit que tes pas divins sur l'astre du Lion Marchent ou sur les feux du superbe Orion (Chénier, Amérique,1794, p. 105).Au solstice d'été et au lieu le plus élevé de la course du Soleil, qui répond au signe du lion, et dont le lever est précédé de celui du cancer, qu'il traverse avant d'atteindre le lion, lieu de son domicile, et où est le siége de sa plus grande puissance (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 185):
3. Jupiter et Mars sont ensemble dans le Lion [it. ds le texte]. Si vous vous levez avant le jour, vous verrez les deux planètes, la rouge et la jaune, au milieu du ciel; et à leur droite vous reconnaîtrez le point d'interrogation renversé qui dessine la tête du Lion [it. ds le texte]. Ces grandes figures ont épouvanté les peuples. Alain, Propos,1933, p. 1119.
b) ASTROL. Signe astrologique correspondant à ce signe du zodiaque. Être du lion. Son intérêt pour l'argent (...) n'est pas le même que celui de Louis XIII ou de Louis XIV dont la base était l'or. Leur Mars se trouvait dans les signes de feu Lion et Sagittaire ce qui lui donnait une grande virulence (Beer1939, p. 74).
P. méton. Personne appartenant à ce signe. Lion. 23 juillet-23 août. Toujours une configuration extrêmement constructive et riche qui joue sur vous, Lions du premier décan, dont les mérites devraient enfin être reconnus : nés à cheval sur les deux mois, l'influx est le plus fort (Télé 7 jours,13 déc. 1980, no1072, p. 138).
2. ZOOLOGIE
a) Lion (d'Amérique/du Pérou). Synon. de puma.Voici le lion, un des cinq « pumas » de Sarah Bernhardt (...). Il a des allongements de cuisse terribles, des griffes (Renard, Journal,1896, p. 312).
b) Lion marin/de mer. Phoque ou otarie dont certaines espèces se caractérisent par une crinière. Les lions marins, ces lourds amphibies semblables à des tonnes d'huile, ont deux fortes dents recourbées (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 243).Il a poussé mes flots devant lui comme le lion de mer pousse ses lionceaux (Quinet, Ahasvérus,1833, 1rejourn., p. 71).
c) Lion des pucerons. Larve d'un insecte névroptère qui se nourrit de pucerons. Le lion des pucerons (on appelle ainsi un petit ver) (Michelet, Insecte,1857, p. 262).V. aussi barbé ex. 2.
D. − P. métaph.
1. [À propos d'hommes]
a) [Avec une idée de férocité, de puissance déchaînée] Se battre, se défendre comme un lion. Le lion de la guerre, le terrible Malek Adhel l'accompagnera : ils feront briller leur glaive destructeur, et tout tombera devant eux (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 198).Fou de colère après seize mois de prison, ivre de haine jusqu'au crime et à la trahison, il [Condé] revient, lion maté par le renard Mazarin (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 190).
Expressions
Lion populaire (vieilli). Synon. littér. de peuple.Plus d'acclamations du lion populaire Qui rétracte sa griffe en masquant sa colère (Jammes, De tout temps,1935, p. 21).
L'antre/la caverne du lion. [P. allus. à La Fontaine, Fables, Livre VI, fable XIV : Le lion malade et le renard] Endroit où s'exerce le pouvoir absolu, la malveillance, la cruauté de certaines personnes et où il est dangereux de s'introduire. L'archevêque, homme politique, eut de ces semblants à plus d'une reprise : « Que l'on se rapproche et puis on verra », disait-il. Arnault n'était pas tenté de se rapprocher de la caverne du lion (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 166).
La cage/la fosse aux lions. [P. allus. au Livre de Daniel, 6, au 1erLivre des Maccabées, 2, 60] Même sens. Daniel, vous allez descendre dans la fosse aux lions. Les lions littéraires vont venir rugir autour de vous, puis vous flairer avec effroi, puis avec haine, puis ils vous déchireront (Vigny, Journal poète,1844, p. 1223).
La part/le partage du lion. [P. allus. à La Fontaine, Fables, Livre I, fable VI : La Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion] La plus grosse part, que s'adjuge abusivement le plus fort, le plus autoritaire. Le voleur est comme un bénéficiaire qui prend tout, qui fait le partage du lion (Proudhon, Propriété,1840, p. 328).
Battre un/le chien devant le lion. Cf. chien1II B 3 b.
Tourner comme un lion en cage. S'impatienter (avec une ,,idée de force impuissante, de courage ou de valeur inutile``) (d'apr. Rey-Chantr. Expr. 1979).
b) [Avec une idée d'excellence, de maîtrise souveraine] Grand lion. Que dites-vous du réveil du lion? Voilà donc enfin notre grand homme sorti de cette position douteuse et fausse qui paralysait son génie (M. de Guérin, Corresp.,1834, p. 142).Le vieux lion romantique [Delacroix], quelle fière allure! En voilà un décorateur qui faisait flamber les tons! Et quelle poigne! (Zola, Œuvre,1886, p. 44).
[Avec une valeur affective] Vous êtes mon lion superbe et généreux! (Hugo, Hernani, Paris, Ollendorff, 1912 [1836], III, 4, p. 587).
RELIG. Lion (de la tribu) de Juda. [P. allus. à l'Apocalypse, 5, 5] Synon. de Christ, Messie.Mon Dieu! Lui seul est puissant et juste (...). L'étoile de Jacob, le lion de la tribu de Juda, n'a été vaincu par aucune épreuve (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 64).
Expressions
Cœur de lion. Cf. cœur II C 1.P. méton. Homme brave. Qui sait jusqu'où pourrait aller l'influence d'une femme exaltée, même sur cet homme grossier, sur cette armure vivante? (...) Presser ce cœur de lion sur ton faible cœur (Musset, Lorenzaccio,1834, II, 3, p. 135).
Griffe du lion; à l'ongle on connaît le lion. Cf. griffe1I D 2 b p. méton.
Coudre la peau du renard à celle du lion. Cf. coudre1A 1 a loc.
C'est l'âne couvert de la peau du lion. [P. allus. à La Fontaine, Fables, Livre V, fable XXI : L'âne vêtu de la peau du lion] C'est un poltron qui prend l'air d'un brave. (Dict. xixeet xxes.).
2. [À propos de choses] Mon plaisir est un lion dévorant : Je porte en mon lit parfumé L'ardeur de la chasse royale (Valéry, Variété III,1936, p. 129).
E. − P. anal. [Au xixes. notamment]
1. Homme célèbre, personnage en vue. Les triomphes qui devaient faire de lui, le favori du public, l'émule des lions du jour (Cortot, Mus. fr. piano,1930, p. 64).À dix-huit ans il était déjà célèbre; bien plus que le coq du village, Roger fut le lion de sa province (La Varende, Nez-de-Cuir,1936, p. 16).À toutes les réunions, il était ce que nos grands-pères nommaient un « lion ». Tout lui réussissait (Guèvremont, Survenant,1945, p. 279).
2. Jeune homme élégant, qui vit dans le luxe et l'oisiveté. Il est au monde un être (on le nomme lion, Je ne sais trop pourquoi), dont la profession Est de n'en point avoir (...) Il compte pour ancêtre Les muguets, raffinés, mirliflors, petits-maîtres, Muscadins, merveilleux, incroyables (Pommier, Colifichets,1860, p. 116).Je menais une vie de lion, c'est ainsi qu'en ce temps-là, on appelait les élégants du boulevard; aujourd'hui on les nomme : Gandins (Avenel, Calicots,1866, p. 87).Avec une extrême élégance, Allan portait − pantalon à sous-pieds, gilet abondant, cravate en remous d'écume − le costume des jeunes lions de 1830 (Gracq, Beau tén.,1945, p. 159).
Rem. Lion est utilisé comme élém. de lexie complexe. a) Bot. α) Dent(-)de(-)lion. V. dent D 2 b bot. β) Gueule(-)de(-)lion. Synon. de gueule-de-loup (v. ce mot A bot.). Gillette : J'ai des gueules de lion (...). À Aix, c'est ce que nous avons de plus proche de l'orchidée (Giraudoux, Lucrèce, 1944, I, 1, p. 12). b) Zool. α) Chien-lion. ,,Chien produit par le croisement de l'épagneul et du petit danois, qu'on tond en lui laissant une sorte de crinière`` (DG). Ces petits chiens-lions, si chers à Mme de Pompadour, et dont quelques douairières de Saint-Germain ont conservé l'espèce (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 198). β) Fourmi-lion*.
II. − Subst. fém.
A. − Femelle du lion, dont la taille est inférieure à celle du mâle et qui est dépourvue de crinière. La lionne attaquant un lion de ses tentations tendres (...), l'entourant de ses chatteries puissantes (Goncourt, Journal,1868, p. 427).Au nom de quoi les sentiments désintéressés, le dévouement, la conscience professionnelle, etc.? Mais, au nom de quoi la lionne blessée se laisse-t-elle abattre pour ne pas quitter ses petits? (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 964).La lionne, si le lion est tué, vous attaque, tandis que le lion, si la lionne est tuée, s'enfuit (Montherl., Malatesta,1946, III, 5, p. 501).V. aussi lionceau A ex. de Lamart., Cours litt., 1859, p. 296.
P. métaph. Femme qui évoque une lionne par son aspect extérieur, notamment par la blondeur de sa chevelure. On appelait lionnes les jeunes femmes blondes (Chateaubr., Rancé,1844, pp. 13-14).La violence sied à son visage de lionne blonde (Colette, Jumelle,1938, p. 249).
B. − P. méton. Représentation de cet animal. Je puis t'offrir la couronne Où s'enlace le tortil; Et deux lionnes dressées, De chaque côté placées, Soutiendront ton écusson (Dumas père, C. Howard,1834, I, 3, p. 237).Ils faisaient garder la porte de leurs acropoles par des lionnes de pierre à tête de bronze (Faure, Hist. art,1909, p. 78).
C. − P. anal., ZOOL. Lionne de mer. Femelle du lion de mer. Pourquoi ne voit-on plus, dans ses vagues stériles, La lionne de mer bondir autour des îles? (...) La lionne de mer cachée en ses roseaux Vers Fusine allaitait ses petits lionceaux (Quinet, Napoléon,1836, p. 185).
D. − P. métaph.
1. [À propos de femmes; avec une idée de fureur, d'âpreté] Je veux mon enfant! Je suis une lionne, je veux mon lionceau. (...) je vous maudirai, Seigneur, si vous me gardez mon enfant! (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 384).Prophétesse en courroux, triste et fière lionne (Banville, Cariat.,1842, p. 23).V. aussi fauve II D 1 ex. de Fromentin, Voy. Égypte, 1869, p. 45 et lionceau D 1 ex. de L. Daudet, Mésentente, 1911, p. 40.
2. [À propos d'inanimés] Tu t'es (...) épuisé à étreindre la réalité hideuse et féroce. Tu t'es battu avec cette lionne au poil rude (Sand, Lélia,1833, p. 320).La volonté, lionne à l'indomptable essor, Sous sa griffe superbe emporte au loin la vie (Samain, Chariot,1900, p. 143).
Emploi adj., rare. Une expression qui se fout d'être incorrecte et qui a bonne grâce dans sa hardiesse. J'aime cette façon lionne dans le style (Barb. d'Aurev., Memor. 2,1838, p. 316).
E. − P. anal. [Au xixes. notamment]
1. Femme qui remporte de nombreux succès mondains. Son arrivée [de la Comtesse de Boufflers à Londres] fut un événement (...) elle était la lionne du moment, le sujet de conversation à la mode (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 4, 1863, p. 212).Par l'effacement progressif de la duchesse de Guermantes (rassasiée d'honneurs, et s'annihilant par moindre effort), était en train de devenir la lionne, la reine du temps, la comtesse Molé (Proust, Sodome,1922, p. 746).V. aussi galant II B ex. de Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 111.
2. Femme au goût exagéré pour la toilette, aux mœurs libres. Elle veut monter à cheval, aller à toutes les chasses, à toutes les courses, parier, courir, fumer, devenir lionne enfin (A. Marie, Français peints par eux-mêmes, t. 5, La Belle-Mère, 1842, p. 234):
4. ... il était même allé jusqu'à lui offrir de l'épouser, et de lui donner ainsi les moyens de vivre en honnête femme, elle s'était montrée inflexible. Force avait donc été à M. D'O... de se résigner à perdre sa maîtresse, et à la voir, elle la lionne fringante de la veille, sous l'humble habit des Sœurs Grises. Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 77.
Emploi adj., rare. Les plus lionnes donneront des mille francs à poignées pour avoir la pareille [une parure de corail] (Balzac, Lettres Étr., t. 3, 1845, p. 120).
P. métaph. Si d'autres ont aimé la rime (...), nul n'a plus fait pour elle que M. de Banville (...). Il en a fait une lionne riche à faire pâlir Rothschild (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 10).
Prononc. et Orth. : [ljɔ ̃], fém. [ljɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. 1100 zool. (Roland, éd. J. Bédier, 2432); id. en la fosse des leons (ibid., 3105); 1121-34 fém. lëune (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 363); 2. 1100 p. compar. « le lion, symbole de la force » fiers cume lëuns (Roland, éd. J. Bédier, 1888); d'où 1609 « personne hardie, forte comme un lion » (Malherbe, Poésies, éd. L. Lalanne, I, 101, IV, 6); 3. ca 1135 « représentation du lion » escu a lïon (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 971); 1346 « sorte de monnaie » (Ord. II, 250 ds Gdf.); 1693 hérald. lion Belgique (Boileau, Ode sur la prise de Namur ds Littré); 1721 le lion de S. Marc (Trév.); 1718 le partage du lion (Le Roux, p. 299); 1832 se faire la part du lion (Hugo, N.-D. Paris, p. 213); 4. 1836 « marque du génie » la griffe du lion (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, p. 300). B. P. anal. 1. 1119 « signe du zodiaque » (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 1318); 1130 « constellation » (Paraphrase Cantique des Cantiques, 1 ds T.-L.); 2. zool. 1611 lion de mer (Cotgr.); 1690 lion marin (Fur.); 3. 1596 bot. dent de lion (Hulsius, Dict. françois-alemand d'apr. FEW t. 5, p. 256a); 1600 pied de lion (O. de Serres, Théâtre d'Agriculture, VI, 15 ds Hug.); 4. 1732 alchim. lion vert, lion rouge (Trév.); 5. 1831 mar. (Will.). II. 1. 1830 « jeune femme à la mode » (Musset, L'Andalouse cité par Bonn., p. 86); 2. 1823 « jeune homme à la mode » (Gautier, Jeunes-Fr., p. 129 cité par Matoré et Greimas ds Fr. mod. t. 15, p. 136). I empr. au lat. leo « lion, constellation, plante ». II empr. à l'angl. lion (lui-même venu du fr.) attesté dep. le xviiies. au sens de « personne remarquable ou célèbre, personnalité à la mode » qui s'explique ainsi : l'usage de faire visiter la Tour de Londres où étaient exposés des lions dans une ménagerie fit prendre au mot lion le sens de « ce qui mérite d'être vu » dans des expr. comme to have seen the lions « avoir vu les lions » prenant au fig. le sens de « avoir vu ce qu'il est essentiel de voir, connaître la vie » (fin xvies. ds NED; cf. Brink-Wehrli, pp. 45-46, FEW t. 18, p. 80a). Fréq. abs. littér. : 2 580. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 619, b) 6 565; xxes. : a) 2 862, b) 1 791.
DÉR.
Lionnerie, subst. fém.,rare, vx. [Correspond à lion I E 2 et II E 2] a) Caractère, comportement de lion ou de lionne. En 1834, Amédée était le seul qui portât des sous-pieds à Besançon. Ceci vous explique déjà la lionnerie du jeune monsieur de Soulas (Balzac, A. Savarus,1842, p. 13).Le plan de la marquise est d'arriver ici cinq minutes avant la comtesse, en me disant : « Vous voyez, baron, qu'on n'a pas peur de vous ». Ah! rusée, vous voulez faire vos preuves de lionnerie sans rien risquer (Augier, Contagion,1866, V, p. 412).b) Monde des lions et des lionnes. Nous étions installés dans un restaurant cher à la lionnerie (Larch.1858, p. 571).Le pinceau de M. G[uys] était merveilleusement propre à représenter l'élégance de la lionnerie (Baudel., Curios. esthét.,1863, p. 361).[ljɔnʀi]. 1reattest. 1842 (Balzac, loc. cit.); de lion II, suff. -erie*.
BBG. Klein (J.R.). Le Vocab. des mœurs de la Vie parisienne sous le Second Empire. Louvain, 1976, p. 74. - Quem. DDL t. 2, 7, 9, 13 (s.v. lionnerie).