| LIMONEUX, -EUSE, adj. A. − Qui contient ou qui charrie du limon. Synon. boueux, bourbeux, fangeux.Marais, sol, terrain limoneux; rivière, terre limoneuse; dépôts limoneux; berges limoneuses. La Seine enflée et limoneuse (...) se brisait contre les piliers des arches (Feuillet, Camors,1867, p. 289).Je fais arrêter ma barque, − sur cette eau du Gange, sur cette eau trouble, jaunâtre, limoneuse (Loti, Inde sans Angl.,1903, p. 308).Une carpe (...) coulait lentement (...) on distinguait encore sa forme sombre et, sur ses flancs, les flocons limoneux que soulevaient (...) ses nageoires (Genevoix, Routes avent.,1958, p. 158): ... à l'est d'Ermenonville, comme à l'est de Senlis ou de Pierrefonds, on ne tarde pas à voir se reconstituer la plaine limoneuse et fertile, aussi chargée de moissons que dépourvue d'arbres.
Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 133. ♦ Fer limoneux. Synon. de limonite. − P. ext. Qui pousse dans les terrains fangeux. Mousses, plantes limoneuses. (Dict. xixeet xxes.). − Littér. Couvert, recouvert de limon. Pierre limoneuses. À quelque distance du rivage (...) nous remarquâmes de petites pyramides limoneuses qui s'élevoient sous l'eau et montoient jusqu'à sa surface (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital., t. 1, 1827, p. 108). ♦ P. métaph. Les représailles des enfants dont l'indifférence engendrée par les déceptions du passé, grossie des épaves limoneuses qu'ils en ramènent, s'étend jusque sur la tombe (Balzac, Lys,1836, p. 21). ♦ [P. allus. à la représentation des fleuves sous la forme d'un dieu] Barbe limoneuse. Des herbes chevelues qui faisaient penser à la barbe limoneuse des vieux fleuves (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 291). B. − Qui a l'aspect, la couleur du limon. Teintes limoneuses. Les eaux commencèrent à se troubler et à bouillonner, leur couleur limoneuse s'altéra d'une façon sensible (Gautier, Rom. momie,1858, p. 328).Elle [la langue] est fébrile, c'est-à-dire chargée d'un enduit un peu limoneux (Trousseau, Hôtel-Dieu,1895, p. 54). ♦ En partic., MÉD. Langue limoneuse. Langue grisâtre, presque grenue dans les embarras gastriques, certaines fièvres (cf. Besch. 1845). − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Et jamais je n'ai pu définir sa couleur [de la rivière]. Toujours la même, de la source aux embouchures, sous la diversité apparente, sous le blafard, le limoneux, l'acier bleui (Arnoux, Rhône,1944, p. 96). Prononc. et Orth. : [limɔnø], fém. [-ø:z]. Ac. 1694-1740 : -nneux; dep. 1762 : -neux. Étymol. et Hist. 1. Ca 1330 fig. « dégoûtant » (G. de Digulleville, Pèlerinage vie hum., 10604 ds T.-L.); 2. a) ca 1375 « plein de mucosité » (Modus et Ratio, 6, 24 et 30, ibid.); b) fin xives. [date du ms.] « dont la chair sent le limon (en parlant d'un poisson) » (Consultation de Jean Le Fèvre sur le traitement de la goutte ds Romania t. 15, 1886, p. 181); c) 1812 plantes limoneuses (Mozin-Biber). Dér. de limon1*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér. : 76. |