| LIMIER, subst. masc. A. − VÉN. Chien dressé pour quêter et pour lancer le gibier. Flair de limier; valet de limier. Ces puissants dogues noirs (...) qui engendrent de si redoutables limiers et qui chassent si furieusement les sangliers, les renards et les bêtes puantes (Hugo, Rhin,1842, p. 207).Un bon limier accoutumé à rapprocher le loup (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn.,1945, p. 158): 1. On aperçoit un amas de fourrés impénétrables (...) et le limier bondit en aboyant. C'est son premier aboi, signal d'intervention pour le chasseur, aboi qui tourne au hurlement sourd, comme étranglé, à mesure que le chien approche du solitaire.
Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 9. B. − P. anal., fam. 1. Vieilli. Celui a beaucoup de flair, de perspicacité. Limier de police (Ac.1835, 1878).Moi, qui flaire d'instinct le gentilhomme, et qui lève une famille aristocratique, quelle qu'elle soit, en vrai limier du blason (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 664).C'était un fin limier [le bandit Capa] qui avait toujours déjoué les marchés et les contremarches de la maréchaussée (Lorrain, Heures Corse,1905, p. 114). 2. Policier chargé de retrouver et d'arrêter les personnes recherchées. Tout ce que la police a de fins limiers, d'adroits agents, je les ai mis à sa recherche (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846p. 119).Les plus fins limiers de la Sûreté étaient à ses trousses (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 137): 2. Sa situation n'était pas claire. D'un moment à l'autre, la Préfecture pouvait mettre la main sur elle; elle avait fait partie d'un bagne d'amour, elle s'était évadée; les limiers des mœurs pouvaient la reprendre.
Huysmans, Marthe,1876, p. 67. Prononc. et Orth. : [limje]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1150 lïemier (Charroi de Nymes, éd. D. McMillan, 236); 1350 fig. (Gilles Li Muisis, I, 163 ds T.-L.). Dér. de lien*, le limier étant proprement un « chien tenu en laisse », cf. le lat. médiév. liemarius (ca 1135 ds Latham) et dès le VIes. la qualification relevée dans la Loi salique, éd. Eckhardt, 6, § 3 : canem qui ligamen novit [var. pastoralem canem]; v. FEW t. 5, p. 318 a et note 3. Fréq. abs. littér. : 72. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 98. - Mahn. Über die provenzalische Sprache... Arch. St. n. Spr. 1876, t. 55, p. 87. - Rommel 1954, p. 143. |