| LIGUE, subst. fém. A. − 1. Étroite alliance de plus ou moins longue durée entre plusieurs états pour défendre des intérêts communs, poursuivre une politique concertée ou attaquer. Ligue défensive, générale, offensive; entrer dans la ligue; faire ligue; rompre la ligue; ligue contre, pour. L'allemand, importé par des colons venus au moyen âge sous les auspices de la ligue hanséatique, appartient à une classe spéciale de la population (Saussure, Ling. gén.,1916, p. 266).En outre, des confédérations se forment à l'amiable entre les cités : confédération béotienne, ligue chalcidienne, ligue achéenne (L'Hist. et ses méthod.,1961, p. 342): 1. Sans anticiper sur le développement juridique que l'on abordera plus loin à propos de cette forme politique, notons que la confédération est une association d'états plus proche de la ligue ou de l'alliance que de l'état fédéral proprement dit.
Vedel, Dr. constit.,1949, p. 58. ♦ Ligues grises. ,,Les trois petites républiques qui composaient le corps des Grisons`` (Littré). Il avait [Bonaparte] réuni la Valteline à la Lombardie, en dépit des prétentions des « ligues grises » (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 522). − DR. INTERNAT. PUBL. Ligue arabe. ,,Alliance formée en 1915 et siégeant au Caire, par l'ensemble des états arabes en vue de renforcer les liens entre eux tant au point de vue économique que politique`` (Barr. 1974). Les organismes qui, comme l'Organisation africaine de coopération économique, le secrétariat permanent de la Ligue arabe ou l'Office inter-états du tourisme africain constituent le cadre de plus en plus actif du développement des pays du « tiers monde » (Jocard, Tour. et action État,1966, p. 220). 2. P. anal. Rassemblement à l'intérieur même d'un état destiné à défendre certains intérêts (le plus souvent humanitaires, politiques ou religieux) ou à lutter contre certains abus. Ligue nationale; ligue du Bien Public, des patriotes. Les bons intellectuels ont reçu les jeunes universitaires venus pour leur proposer une ligue nationaliste (Barrès, Cahiers, t. 2, 1898, p. 88). − En partic. ♦ Ligue des Droits de l'Homme. ,,Association à but humanitaire créée en vue de défendre les libertés essentielles de l'individu`` (Barr. 1974). V. aussi ligueur ex. : 2. Sans doute, l'affaire bénéficia-t-elle de l'appui du Progrès Civique − revue de gauche, fort répandue dans les sections de la Ligue des Droits de l'Homme et de la Ligue de l'Enseignement, et dans les loges maçonniques − dont les milliers de lecteurs, fonctionnaires pour la plupart, devinrent autant d'agents de propagande et d'abonnés-actionnaires.
Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 40. ♦ Ligue française de l'enseignement. Association fondée en 1866 par Jean Macé pour favoriser la diffusion de l'instruction dans les classes populaires et qui devint en 1925 la Confédération générale des œuvres laïques (d'apr. Lar. encyclop.). − HISTOIRE ♦ La Sainte Ligue ou Ligue. ,,Mouvement révolutionnaire catholique qui naquit pendant les guerres de religion, empêcha l'avènement d'un prince hérétique sur le trône de France et prit fin par l'abjuration d'Henri IV en 1593`` (Lep. 1948). Et ceux qui ne sont plus comptent aussi dans la Sainte Ligue (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 461).Je ne parle pas des temps de crise, comme la Ligue ou la Fronde, où les passions politiques, dès qu'elles tiennent l'individu, le tiennent tout entier (Benda, Trahis. clercs,1927, p. 18). Rem. Nationale à l'origine, la Sainte Ligue prit un caractère international. ♦ Ligue d'Augsbourg. ,,Ligue qui a donné son nom à la coalition des puissances européennes contre la France, de 1686 à 1697`` (Lar. encyclop.). − POL. ,,On attribua le nom de Ligue à certaines formations de combat d'extrême-droite qui virent le jour à partir de 1933 en France`` (Debb.-Daudet Pol. 1978). − Proverbe. [P. allus. aux guerres de la Ligue (1588-1594) auxquelles fait notamment écho La Fontaine, Fables, II, 5, v. 34] Vive le roi! vive la Ligue! ,,S'est dit de ceux qui se rangeaient alternativement et selon leur intérêt du côté du souverain ou du côté des ligueurs`` (Ac. 1878). Mais, avertis tard des changements, de peur de ne pas crier à propos : Vive le Roi! vive la Ligue! nous ne crions rien du tout (Courier, Pamphlets pol., Pétition aux deux Chambres, 1816, p. 9). B. − 1. P. ext. a) [Désignation d'associations ou de fédérations se proposant les buts les plus divers] Ligue d'acheteurs, de consommateurs; ligue commerciale, régionale, urbaine et rurale; ligue contre le cancer. Nous faisons partie de la ligue antialcoolique! (Achard, Voulez-vous jouer,1924, I, 3, p. 48): 3. ... j'aimais beaucoup Zola et j'admirais Drumont; son courage, ses propos embrasés. Sans connaître rien des Juifs, j'adhérai à la ligue antisémite et je portai fièrement mon bulletin à Jacques de Biez, mystagogue des plus curieux, qui m'inscrivit sous le numéro 3.
L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 16. b) Péj. Faire ligue avec qqn, former une ligue contre qqn. Monter une cabale avec ou contre quelqu'un visant à réaliser quelque projet. Mais maintenant tous les privilégiés font ligue entre eux (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 166).Ils forment une espèce de ligue contre vous tous les trois (Butor, Modif.,1957, p. 33). 2. Au fig. Coalition de certaines forces. Ligue des amours-propres, des médiocrités, des passions, du silence. Voyons ce que d'autres philosophes ont entendu par ce mot. Addison prononce avec trop d'humeur « que l'amitié des gens du monde n'est qu'une confédération de vices ou une ligue de plaisirs » (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 245).Une ligue de toutes les sottises étend sur le monde un couvercle de plomb, sous lequel on étouffe (Renan, Souv. enf.,1883, p. 65). Prononc. et Orth. : [lig]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Début xives. « association de plusieurs états ayant des intérêts communs » (Aimé du Mont-Cassin, Ystoire de li Normant, éd. V. de Bartholomaeis, p. 145, 4). B. 2emoitié xves. lique « association de personnes réunies dans un but politique ou religieux » (Myst. Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, 38465); spéc. 1. 1585 « faction, association de comploteurs » (N. du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 223); 2. 1585 « union des catholiques formée en France en 1576 pour combattre le protestantisme » (Journal de l'Estoile pour le règne de Henri III, éd. L.-R. Lefèvre, p. 409). Empr. à l'ital.liga « alliance » (dep. xiiies. d'apr. DEI), forme anc. et septentr. de lega, déverbal de ligare, anc. forme de legare (lier*). Fréq. abs. littér. : 551. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 887, b) 484; xxes. : a) 643, b) 935. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 335. - Hope 1971, p. 43. - Kohlm. 1901, p. 22. - Quem. DDL t. 20. - Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p. 263. |