| LIGNÉE, subst. fém. A. − Ensemble des descendants d'une personne. Lignée collatérale, maternelle, matrilinéaire, paternelle, patrilinéaire; avoir une nombreuse lignée; mourir sans laisser de lignée. La reine, qui tenait à donner aux Tahitiens une belle lignée royale, avait choisi cet homme, parce qu'il était le plus grand et le plus beau qu'on eût pu trouver dans ses archipels (Loti, Mariage,1882, p. 27).Pour un observateur superficiel, je ne me distingue guère des confrères, je suis un paysan comme eux. Mais je descends d'une lignée de très pauvres gens, tâcherons, manœuvres, filles de ferme (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1055): 1. Il avait pris le bras de Clotilde, il le serrait violemment, sans qu'elle pût comprendre. C'était que, devant ses yeux, s'évoquait toute la lignée, la branche légitime et la branche bâtarde, qui avaient poussé de ce tronc, lésé déjà par la névrose. Les cinq générations étaient là en présence, les Rougon et les Macquart, Adélaïde Fouque à la racine, puis le vieux bandit d'oncle, puis lui-même, puis Clotilde et Maxime, et enfin Charles.
Zola, Dr Pascal,1893, p. 72. − En partic. Famille. Alors Tristan, ralliant sa lignée autour de lui (...) se retira dans son castel (Sand, Mauprat,1837, p. 14). − P. anal. [Se dit aussi pour les animaux ou les végétaux] Lignée de souris. Le choix des variétés [d'orge] à propager se fait parmi [les] diverses lignées [résultant de la culture pedigree] (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 39). − BIOL. ,,Population (d'individus, de cellules, de bactéries) de même espèce, descendant d'un ancêtre commun ou provenant d'une même source`` (Man.-Man. Méd. 1977; ds Lar. encyclop.) : 2. Les travaux de nombreux biologistes contemporains (...) ont éclairé les problèmes relatifs à l'immunologie cellulaire qui a son expression dans divers phénomènes physiologiques ou pathologiques, dans celui du rejet des greffes par exemple. Ils ont abouti à dégager la notion de « clones », c'est-à-dire de lignées cellulaires douées d'une même aptitude immunologique : les unes sont « compétentes », c'est-à-dire prêtes à réagir par des anticorps à une agression étrangère déterminée; les autres, soit naturellement, soit à la suite d'une « induction » préalable, sont « tolérantes ».
Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 702. ♦ Lignée pure. ,,Ensemble des descendants d'un couple de sujets homozygotes ayant le même patrimoine génétique`` (Lend.-Delav. Biol. 1979) : 3. Les premières lignées pures ont été obtenues en 1901 par Johannsen, qui a cultivé les plantes issues d'un seul pied de haricot. Une lignée est héréditairement stable à proportion qu'elle est pure. Si tous les individus qui la constituent ont même constitution génétique, leurs différences trahiront seulement les différentes réponses à l'influence différenciatrice du milieu...
Cuénot, J. Rostand, Introd. génétique,1936, p. 35. Rem. S'emploie également en ce sens pour les animaux et les végétaux. Ce sont les lots les meilleurs à ces divers points de vue, débarrassés par conséquent de toute tare originelle, qui constituent par suite de véritables lignées pures, qui serviront ensuite de base pour la sélection des racines dont les graines fourniront la semence destinée au commerce (Rouberty, Sucr., 1922, p. 24). − Au fig. ♦ Filiation spirituelle. En un mot, sans Jeanne d'Arc, la France n'appartenait plus à cette lignée de gens fanfarons et bruyants, éventés et perfides, à cette sacrée race latine que le diable emporte! (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 74).Et il n'oubliait pas qu'il y était le successeur laïque d'une longue lignée de Grands Prieurs (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. xcii). ♦ Qualité liée à la naissance, la valeur, la tradition. Ah! ce n'est pas ce que nous appelons une comédienne de la grande lignée (Proust, Guermantes 1,1920, p. 227): 4. L'énigme de l'univers a été l'objet des méditations perdues d'un grand nombre d'hommes, dignes aussi d'admiration, puisqu'ils se sentoient appelés à quelque chose de mieux que ce monde. Les esprits d'une haute lignée errent sans cesse autour de l'abîme des pensées sans fin; mais néanmoins il faut s'en détourner, car l'esprit se fatigue en vain dans ces efforts pour escalader le ciel.
Staël, Allemagne, t. 4, 1810, p. 15. Rem. 1. S'emploie aussi pour les choses ou les végétaux. Fleurs de haute lignée. Ses chefs-d'œuvres [de la statuaire romaine] (...) passent au second ou au troisième rang. Ils sont évidemment de moins bonne race et de moins haute lignée (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin, 1876, p. 451). 2. Lignée est parfois synon. de ligne et indique une direction toujours maintenue dans un sens déterminé. À Charmes était le lieu où il [Barrès] durait, où il s'éprouvait dans une durée, dans l'élan composé et intense d'une ligne qui devient lignée (Thibaudet, Princes lorr., 1924, p. 31). B. − Série de personnes ou de choses placées en ligne. De chaque côté de la table, on se massait comme on pouvait, une lignée de calots gris, de tricots bruns et de chemises écrues faisant face à une lignée de tricots bruns, de chemises écrues et de calots gris (Courteline, Train 8 h 47,1888, I, 6, p. 64): 5. Il y avait des lignées de blessés tordus ou tout empaquetés dans des capotes et des vestes, et des pansements flottants. Du milieu de ça, un œil découvert regardait sans bouger la paupière, ou bien un bras haussait sa main comme une grappe écrasée...
Giono, Gd troupeau,1931, p. 139. Prononc. et Orth. : [liɳe]. Att. ds Ac. dép. 1694. Étymol. et Hist. 1remoitié du xiies. « ensemble de ceux qui descendent de quelqu'un, qui font partie d'une même race » (Psautier Oxford, 71, 18 ds T.-L.). Dér. de ligne*; suff. -ée (-é*). Fréq. abs. littér. : 261. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 179, b) 142; xxes. : a) 551, b) 548. Bbg. Panoff (M.), Perrin (M.). Le Vocab. de l'ethnol. Banque Mots. 1974, no8, p. 142. |