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LIGATURE, subst. fém.
A. − Action d'entourer et d'attacher avec un lien. Ils sont incirconcis; mais quelques-uns se font une espèce d'infibulation, en retirant le prépuce en avant du gland de la verge, et en l'y fixant par le moyen d'une ligature (Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 14).
Spécialement
CHIRURGIE
Opération consistant à attacher, comprimer, serrer avec un lien. Ligature du cordon ombilical, ligature de l'aorte. Maître Ambroise Paré (...) procéda le premier à la ligature des artères (France, Bonnard,1881, p. 421):
1. ... c'est ainsi que l'on a quelquefois pratiqué la ligature de l'artère carotide primitive, la ligature de l'artère crurale à sa partie supérieure avant de faire l'extirpation de certaines tumeurs du cou ou de la face, avant d'amputer la cuisse dans l'articulation coxo-fémorale. Nelaton, Pathol. chir., t. 1, 1844, p. 9.
Ligature des trompes. Intervention chirurgicale consistant à sectionner les trompes et à ligaturer les extrémités sectionnées de façon à empêcher l'ovule de parvenir à l'utérus et ainsi à rendre la grossesse impossible (cf. Méd. Psychanal. 1971).
HORTIC. Action d'entourer et d'attacher avec un lien une plante, une greffe. La ligature a pour effet de rapprocher les tissus écartés et les écorces soulevées, de serrer les fentes et de fixer le greffon en place sur le porte-greffe (Brunet, Matér. vitic.,1909, p. 62).
P. métaph. C'est vraiment un grand mystère que cette sorte de ligature du spirituel au temporel. On pourrait presque dire que c'est comme une sorte d'opération d'une mystérieuse greffe (Péguy, Argent,1913, p. 1224).
B. − Mode d'attache de tout lien souple ou flexible, de cordages entre eux; l'attache elle-même. Toutes les jonctions de fils de l'antenne [de T.S.F.] se feront au moyen d'épissures ou de ligatures soigneusement soudées à l'étain (Coustet, T.S.F. prat.,1924, p. 49).
ÉLECTR. Mode de fixation des conducteurs aériens sur les isolateurs (cf. Siz. 1968). Les fils sont arrêtés sur les isolateurs de ce dernier appui au moyen de ligatures d'arrêt (A. Leclerc, Télégr. et téléph.,1924, p. 309).
Au fig.
Empêchement, obstacle, restriction mis à toute espèce de réalisation. Tu établirais, si tu le pouvais, un barrage, une ligature au lien de notre joint afin d'empêcher toute communication entre nous, toute transfusion (Arnoux, Roy. ombres,1954, p. 101).
SC. OCCULTES. Maléfice de sorcellerie auquel on attribuait, au Moyen Âge, le pouvoir d'interrompre certaines fonctions du corps :
2. Qui sait si ces élixirs de longue vie, si ces philtres amoureux que les sorcières vendaient aux gens épuisés ou atteints de ligature, n'étaient pas composés de substances similaires ou analogues? Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 77.
C. − P. méton. Le lien lui-même servant à ligaturer. Elles la chaussent de ses sandales romaines, en nouent les ligatures (Arnoux, Roi,1956, p. 162).
MAR. Morceau de filin. ,,Long et fort cordon de fil de caret qui sert à souquer les pièces d'un mât et d'une vergue d'assemblage`` (Littré).
P. anal.
GRAMM. Mot servant à lier plusieurs mots, plusieurs propositions (conjonction, préposition). C'est pourquoi la ligature annexe généralement : 1oUn terme de causalité ou de finalité, comme : « ... Car », « ... Et en effet », « ... Et c'est pourquoi », « ... Et dans ce dessein », etc. (Morier,1975).
MUS. Barre qui réunit deux ou plusieurs croches. Plusieurs croches peuvent être liées ou plus exactement réunies par une barre appelée ligature. Si ce sont des doubles croches, des triples, des quadruples, on emploie deux, trois, ou quatre barres (Rougnon1935, p. 35).
TYPOGRAPHIE
Trait mince qui lie les parties d'une même lettre ou reliant deux lettres entre elles (cf. Comte-Pern. 1974).
Caractère représentant plusieurs lettres en un seul signe graphique. & pour et est une ligature mérovingienne :
3. L'écriture des manuscrits avait multiplié l'emploi des lettres liées, ou ligatures, dont le principe fut conservé par les premiers imprimeurs. Reliant deux lettres ou plus en un seul signe, elles faisaient gagner du temps, de la place et apportaient dans la page une note d'élégante fantaisie. Impr.,1977.
Fixation d'un bloc de composition. La ligature se fait avec une ficelle (E. Leclerc, Nouv. manuel. typogr.,1932, p. 89).
Prononc. et Orth. : [ligaty:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1377 [éd. 1495] ligadure prob. méd. (B. de Gordon, Pratiq., II, 10 ds Gdf. Compl.); 1398 [ms. xves.] prob. méd. (Somme MeGautier, BN 1288, fol. 30 d, ibid.); 1575 méd. (Paré, éd. J. Malgaigne, t. 1, p. 351 a : ... ligature en la racine de la loupe avec menue ficelle); b) 1671 « nœud pratiqué avec un lien » (Pomey); c) 1796 hortic. « bande retenant un emplâtre placé sur la partie malade d'un arbre » (Encyclop. méthod. Art aratoire et jard., p. 136 a); 2. ca 1480 ligature empl. par image « ce qui lie, enchaîne, inhibe » (Mistère Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, 39847); 1584 « paralysie génétique due à un maléfice, un charme » [cf. lier II C « nouer l'aiguillette »] (G. Bouchet, Serées, I, 187 ds Gdf. Compl. : ligature charmee); 3. 1538 « action de lier » (Est., s.v. ligatura); 4. 1582 « sorte d'étoffe grossière » (Tarif d'entrée à Calais ds Gay); 5. 1680 typogr. « ensemble de 2 lettres liées » (Rich.). Empr. au b. lat.ligatura « ligature, action de lier », spéc. méd.; fig. « inhibition, empêchement »; les formes ligadure sont influencées par le prov. ligadura (1465, Pansier t. 3, p. 103 b); cf. le dér. pop. de lier au moyen du suff. -ure : a. fr. liüre (fin xiies. « ligature » Sermons de St Bernard, 81, 18 ds T.-L.; ca 1200 « lien, bande liant une partie du corps » Dialogues Grégoire, 98, 20, ibid.). Fréq. abs. littér. : 73.