| LICE1, subst. fém. A. − 1. HIST. Espace entouré de palissades où se déroulaient les tournois, les joutes au Moyen Âge. Descendre, rentrer dans la lice, en lice; quitter la lice; combattants en lice. Les deux champions entrés en lice n'en venoient aux mains qu'après s'être harangués l'un l'autre (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 39): Les fanfares sonnent, les barrières s'abaissent. Cent chevaliers s'élancent des deux extrémités de la lice, et se rencontrent au milieu. Les lances volent en éclats; front contre front, les chevaux se heurtent, et tombent.
Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 493. ♦ P. anal. Synon. de arène, piste.Cela suffisait pour se monter une baraque [pour un combat] (...) il y charria du sable, y planta circulairement des piquets reliés entre eux par des cordes, y disposa la lice (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 116).Le cirque envahi se vida en un clin d'œil et une des bêtes entra dans la lice, accueillie par de frénétiques hourras (A. Daudet, Port-Tarascon,1890, p. 167). − En partic., au plur. Enceinte extérieure faite de palissades défendant l'accès des châteaux-forts; p. méton., l'espace entre le rempart et cette enceinte. Souvent les lices étaient défendues par un fossé et même étaient séparées de la place par un second fossé (Chabat1881). 2. Au fig. a) Champ d'action. Synon. carrière.Entre ces deux bornes [Constantinople et Rome], le monde civilisé étoit la lice ouverte à leurs courses [des Goths] (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 2, 1831, p. 175).J'étais encore un tout jeune homme pâle, Et (...) j'allais entrer dans la lice fatale (Hugo, Quatre vents esprit,1881, p. 17). b) Lieu, situation où l'on s'affronte à d'autres personnes, à quelque chose. Synon. arène.Lice oratoire, parlementaire. C'était un grand avocat de Sorbonne; son vrai cadre ne sort point de cette lice; il l'y fallait voir, héroïque jouteur, courir et lutter (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 175). − Locutions ♦ Entrer dans la lice, en lice; descendre dans la lice. S'engager, intervenir dans une compétition, un débat d'idées, une situation conflictuelle. Rubens entre en lice : joignant à la leçon de Bruegel, celle des fondateurs de la peinture baroque italienne (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 151).Il s'agissait de faire triompher une cause dont les adversaires ou les tenants entraient en lice pour attaquer ou défendre la sincérité des textes allégués (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 636).Entrer en lice avec, contre qqn. Entreprendre de débattre avec quelqu'un, s'engager contre quelqu'un. Avant d'entrer en lice contre une intelligence si subtile, j'aurais dû sans doute fourbir à neuf mon arsenal théologique (Feuillet, Sibylle,1863, p. 74).Il se présenta toutefois un surveillant (...) qui eut l'assurance d'entrer en lice avec M. de Bérulle; mais dès la seconde réponse, il fut tellement étonné qu'il rendit les armes (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 12). ♦ (Être) en lice. (Être) engagé dans une compétition, un débat d'idées, une situation conflictuelle. Les deux parrains du parfumeur, en lice dans le champ des faillites (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 339). ♦ Se retirer, sortir de la lice. Se retirer d'une compétition, d'un débat d'idées, d'une situation conflictuelle. J'ai jugé que (...) sortir de la lice des discussions contemporaines et m'enfoncer dans l'antiquité, c'était déserter mon poste et la cause de la vraie philosophie (Cousin, Cours d'hist. philos. mod., t. 2, 1847, p. 3).Il me dit qu'il s'est retiré de bonne heure de la lice et blâme les artistes qui s'exposent trop longtemps à la critique (Delacroix, Journal,1861, p. 321). B. − Synon. de lisse3(v. ce mot B). 1. Pièce de bois assemblée horizontalement sur des poteaux, servant de main courante dans un garde-fou ou servant à former une barrière. Les montants de châssis mobiles reçoivent une traverse de 0,10 cm X 0,14 cm, la lice, formant garde fou (Moynet, Machinerie théâtr.,1893, p. 39). − P. méton. Barrière. Une petite place en gazon, ceinte de lices blanches, éternellement à l'ombre des grands arbres (Martin du G., Thib., Belles sais., 1923, p. 902). 2. SPORTS. Palissade entourant un champ de course; bordure marquant la limite intérieure d'une piste d'athlétisme. Chaque athlète se retrouve, après cent mètres de course, en ligne droite et prend sa place dans le peloton qui se regroupe près de la lice (Jeux et sports,1967, p. 1241). REM. Lice, subst. fém.,,Nom donné à certains caveaux chantants au xixesiècle`` (Lar. 19e). Membre de ces bas caveaux qu'on appelle des lices, il connaissait tous les airs, toutes les chansons (Goncourt, G. Lacerteux,1864, p. 206). Prononc. et Orth. : [lis]. Homon. lis, lisse. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) ca 1150 « barrière, palissade » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 5446); b) 1691 « barrière qui borde la carrière d'un manège, d'un garde-fou » (A. Ch. d'Aviler, Cours d'archit..., t. 2, p. 648); 2. a) 1278 « champ clos où se déroulent les joutes » (Sarrazin, Ham, éd. A. Henry, 2484); b) 1538 « carrière où se font les courses » (Est., s.v. hippodromus); 3. 1585 entrer en lice « combattre » (Garnier, Bradamante, IV, 5, 1416 ds Les Tragédies, éd. W. Foerster, IV, p. 57); 1622 au fig. « intervenir dans un débat » (Les Caquets de l'Accouchée, éd. Éd. Fournier, p. 214). Du frq. *listia, dér. de *lista, v. liste. Fréq. abs. littér. : 175. Bbg. Archit. 1972, p. 167. - Quem. DDL t. 9. |