| LIBRAIRIE, subst. fém. A. − HIST. ou littér. Bibliothèque; lieu où elle se trouve; collection de livres. Librairie de Montaigne. On a recherché, d'après les noms d'auteurs que cite le poëte [Villon] quelle pouvait être sa librairie, sa bibliothèque (si tant est qu'il en ait eu jamais une) (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 14, 1859, p. 289).Il y a dans ma librairie neuf cents volumes qui me protègent : la fleur de la pensée et de l'action des hommes depuis vingt siècles (Montherl., Malatesta,1946, III, 3, p. 493): 1. Pour agrandir son bureau − sa librairie, disait-il − l'abbé Cénabre avait fait abattre la cloison, et découvert à cette place un cabinet de débarras (...). C'était comme si la Pauvreté, tant haïe, eût tout à coup fait irruption, la frêle muraille éventrée, dans la célèbre bibliothèque...
Bernanos, Imposture,1927, p. 314. ♦ Maître de la librairie. Bibliothécaire du roi. (Ds Littré, Rob., Lar. Lang. fr.). B. − 1. Commerce des livres; profession de libraire ou de libraire-éditeur. Synon. (partiel) édition.Entrer, faire carrière, réussir dans la librairie; placier en librairie. L'ancien libraire, le Murray de Caen, qui a quitté la librairie pour se jeter dans les beaux-arts (Barb. d'Aurev., Memor. 3,1856, p. 38).On lit dans le dernier article de Gaston Deschamps : « Je voudrais bien trouver des chefs-d'œuvre, parmi les innombrables romans que la librairie française déverse chaque jour sur le marché des deux mondes (...) » (Gide, Journal,1905, p. 179): 2. Tu ne saurais te figurer dans quel état de crise se trouve la librairie depuis le mois de 9bre dernier. Le commerce des livres est presque absolument paralysé...
Hugo, Corresp.,1826, p. 432. ♦ Boutique, maison de librairie (vieilli). Gagneur (...) venait d'ouvrir, sur le quai des Grands-Augustins, une petite boutique de librairie (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 11).Sylvain Kohn, qui devait être employé dans une grande maison de librairie (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 648). 2. P. méton. Corporation des libraires; monde de l'édition. Délégué de la librairie de Paris, revendications de la librairie. Il trouva dans la boutique un singulier vieillard [le libraire Doguereau], l'une des figures originales de la librairie sous l'Empire (Balzac, Illus. perdues,1839, p. 219).Le Cercle de la librairie est la maison commune des industriels et commerçants du livre (Civilis. écr.,1939, p. 14-12). C. − 1. Magasin de libraire. Ouvrir, tenir une librairie. Tout à l'heure, feuilleté dans une librairie une réédition du journal de Gide que je n'ai jamais lu en entier (Green, Journal,1948, p. 173). − [Suivi d'un adj. ou d'un compl. indiquant la spécialité de la librairie] Librairie classique, étrangère, moderne, religieuse; librairie d'art, des langues orientales, de médecine. La pose un peu rigide d'une teneuse de livres dans une librairie protestante (Goncourt, Journal,1863, p. 1357).Léon Daudet, dans son Paris Vécu, consacre plus de cinquante pages aux seuls quais, à ses bouquinistes et à ses librairies d'occasion (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 76). 2. En partic. Maison d'édition qui possède des points de vente. Librairie Larousse. Ce livre (...) honorera la librairie qui le publiera (Hugo, Corresp.,1866, p. 524).Toutes les librairies classiques, du reste, je cite d'abord la maison Hachette, puis Delagrave, Delalain et Belin, rivalisent de bon goût et d'intelligence dans la production de livres scolaires anglais et allemands (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 794): 3. ... la librairie Grasset m'a demandé courtoisement ce qu'elle devait faire des brochures dont le dépôt, invendu, invendable, encombrait ses magasins...
Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. LV. REM. Librairie-papeterie, subst. fém.Librairie où l'on vend également de la papeterie. Une vieille femme et (...) sa petite-fille qui tiennent une librairie-papeterie assez voisine de la rue de Bourgogne (Bourget, Actes suivent,1926, p. 76). Prononc. et Orth. : [libʀ
ε
ʀi] et [-bʀe-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1360-70 liberarie « bibliothèque » (Baudoin de Sebourc, V, 4 ds T.-L.; donné comme hors d'usage par Fur. 1690); 2. a) 1544 [éd.] « commerce des livres » (E. Dolet, Second enfer, p. 10); b) 1596 « magasin du libraire » (Hulsius); c) 1690 « activité, profession du libraire » (Fur.); d) 1690 « corporation des libraires » (ibid.). Empr. au lat. de l'époque imp.libraria « bibliothèque », plur. du neutre librarium, lui-même empr. par l'anglo-norm. librarie masc. (1119, Philippe de Thaon, Comput, 35 et 65 ds T.-L.). Le sens de « bibliothèque » a été évincé par celui de « commerce des livres » grâce à l'infl. du subst. libraire, très répandu au sens de « personne qui vend des livres » à partir du xviesiècle. Fréq. abs. littér. : 573. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 727, b) 1 063; xxes. : a) 770, b) 782. Bbg. Darm. Vie 1832, p. 94. |