| LIBERTÉ, subst. fém. I. − [Correspond à libre I] État de celui, de ce qui n'est pas soumis à une ou des contrainte(s) externe(s). A. − [Correspond à libre I A; à propos de l'homme (de ce qui le concerne) en tant qu'individu particulier ou en tant que membre d'une société politique] Condition de celui, de ce qui n'est pas soumis à la puissance contraignante d'autrui. 1. [À propos d'un individu particulier] a) Condition de celui qui n'appartient pas à un maître. Anton. esclavage, servitude.Racheter sa liberté. Si quelque puissance était assez morale pour se disposer la première à donner la liberté à ses nègres, ses voisins seraient forcés de l'imiter (Le Moniteur,t. 2, 1789, p. 514).La propriété et la liberté font aimer la terre à l'homme; la servitude la lui fait haïr (Hugo, Rhin,1842, p. 441): 1. Tant que l'individu [jusqu'au xiiiesiècle] avait travaillé isolément pour le service d'un château, d'une abbaye ou d'une maison royale, l'histoire de son existence s'était résumée dans le labeur quotidien du serf : il n'avait ni liberté, ni profit; il était, comme ce qui sortait de ses mains, la propriété d'un maître.
Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 68. b) Condition de celui qui n'est pas retenu prisonnier, qui n'est pas détenu. Jean-Jacques dit avec raison qu'on peint mieux les charmes de la liberté quand on est sous les verrous (Delacroix, Journal,1853, p. 91).N'est-ce-pas sous leur règne [de nos gouvernants] que Picquart, soldat fidèle à sa patrie, se voit refuser le droit, dont bénéficia le traître Esterhazy, de comparaître en liberté devant ses juges? (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 261).Nicolaïeff a reçu les mots suivants, écrits en capitales : Si Ling n'est pas en liberté demain, les otages seront exécutés (Malraux, Conquér.,1928, p. 132). SYNT. Compromettre, décider de, en vouloir à, menacer la liberté de qqn; enlever, ôter, rendre la liberté à qqn; priver qqn de liberté; laisser, (re)mettre qqn en liberté; liberté sous contrôle judiciaire. − DROIT ♦ DR. INTERNAT. Liberté sur parole*. ♦ DR. PÉNAL. Liberté provisoire* (sous caution*), liberté surveillée*. ♦ DR. PUBLIC. Liberté individuelle (ou physique). V. infra I A 2 b droit. − En partic. Condition d'un malade mental qui n'est pas ou qui n'est plus soustrait à la vie en société. Nous avons ici près de cent aliénés enfermés, sans parler de ceux qui sortent en liberté ou qui sont détenus par leurs familles (About, Grèce,1854, p. 49). − P. anal. ♦ État d'un animal qui ne vit pas en captivité. Cela le réjouissait de voir des champs, des buissons, des bois, des animaux en liberté, spectacle dont il était privé depuis qu'il habitait la ville (Gautier, Fracasse,1863, p. 360).J'étais entré dans la cage de mon sansonnet à qui je rends la liberté chaque soir après que les chats sont enfermés, et qui chaque matin y revient de lui-même (Gide, Journal,1914, p. 433). ♦ État de la nature (caractère d'une de ses manifestations) en tant qu'elle ne porte pas la marque de l'homme. La liberté de l'eau et des forêts tenait toute la largeur du monde (Giono, Batailles ds mont.,1937, p. 81): 2. C'était la première fois que je revoyais le peuplier, depuis les bords du Rhône et de la Saône. Il jetait son voile pâle et mobile sur toute cette vallée du fleuve; mais comme il n'est pas ébranché ni planté par la main de l'homme, il y croît par groupes, et y étend ses rameaux en liberté avec bien plus de majesté, de diversité de formes et de grâce que dans nos contrées.
Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 286. 2. a) Pouvoir que le citoyen a de faire ce qu'il veut, sous la protection des lois et dans les limites de celles-ci. La liberté publique ne peut s'établir que par le sacrifice des libertés privées (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 357).À la base de notre civilisation, il y a la liberté de chacun dans sa pensée, ses croyances, ses opinions, son travail, ses loisirs (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 569): 3. La liberté est le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui; elle a pour principe la nature, pour règle la justice, pour sauvegarde la loi; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'il te soit fait.
Recueils textes hist., Constitution de l'an I, 1793, p. 68. ♦ Liberté naturelle [P. oppos. à liberté civile] Pouvoir qu'a l'homme vivant à l'état de nature d'user comme bon lui semble de ses facultés. Sera-ce le sauvage, vagabond dans ses déserts, à qui le mien et le tien sont inconnus, qui passera tout à coup de la liberté naturelle à la liberté civile, sorte de liberté purement abstraite, et qui suppose de nécessité, toutes les idées antérieures de propriété, de justice conventionnelle, de force comparée du tout à la partie, etc. (Chateaubr., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 38). − P. ext. Liberté d'une nation. État d'une nation qui reconnaît aux citoyens leurs droits civils et politiques ou dont les actes et les déterminations sont le fait des citoyens. Cette France du dix-neuvième siècle à qui Mirabeau a fait sa liberté et Napoléon sa puissance (Hugo, Hernani,1830, p. iii). ♦ Liberté politique. Droit des citoyens de désigner des représentants qui contrôlent les actes du pouvoir exécutif, discutent et élaborent les lois. Quand l'amour des Français pour la liberté politique se réveilla, ils avaient déjà conçu en matière de gouvernement un certain nombre de notions qui, non seulement ne s'accordaient pas facilement avec l'existence d'institutions libres, mais y étaient presque contraires (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 265).Au plur., mod. Peut-être les Soviétiques de l'avenir s'estimeront-ils pleinement satisfaits quand ils connaîtront les délices d'appartenir à une « société de consommation », quand sera définitivement garantie leur sécurité personnelle; auquel cas le révisionnisme en U.R.S.S. n'irait pas jusqu'à rétablir les libertés politiques : élections libres, pluralité des partis, légitimité de l'opposition, droit à la contestation du régime (L. de Villefosse, Géogr. de la Liberté, Paris, R. Laffont, 1965, p. 395). b) En partic. Pouvoir ou droit reconnu et garanti au(x) membre(s) d'une société dans un domaine particulier. Libertés constitutionnelles, démocratiques; libertés individuelles et collectives; défendre, maintenir, respecter, violer les libertés; privation des libertés; Commission Informatique et Libertés. J'entends, par vraie liberté, tout à la fois la liberté supra-politique à laquelle tend la personne humaine, et les libertés sociales et politiques dont elle exige à cette fin dès la base l'organisation collective (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 293): 4. Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
Déclar. univ. Dr. Homme,1949, art. 2, p. 5. ♦ [Dans le vocab. marxiste] Libertés formelles* et libertés réelles*. − DR. Libertés publiques. Ensemble des droits reconnus à l'individu considéré isolément ou en groupe, face à l'autorité politique et en particulier face à l'État. Exercer une liberté publique; l'édiction, la garantie, la proclamation des libertés publiques. La séparation des pouvoirs que répudie tout régime totalitaire ou absolutiste, est une condition nécessaire des libertés publiques (C.-A. Colliard, Libertés publiques, Paris, Dalloz, 5eéd., 1975 [1950], p. 41).V. asseoir ex. 16. ♦ [Concernant la personne] Liberté d'aller et de venir ou liberté de circulation. Possibilité de se déplacer et de se fixer selon ses désirs. La constitution garantit pareillement, comme droits naturels et civils : la liberté à tout homme d'aller, de rester, de partir, sans pouvoir être arrêté ni détenu, que selon les formes déterminées par la constitution (Doc. hist. contemp.,Constitution de 1791,p. 55)Liberté (individuelle ou physique). Ensemble des garanties contre toute détention, arrestation ou pénalité non prévue par la loi. Synon. sûreté.Des moyens d'assurer la liberté individuelle contre les détentions illégales ou d'autres actes arbitraires (Code instr. crim.,1808, p. 791).Liberté de l'intimité. La liberté de l'intimité, dans ses deux composantes essentielles, l'inviolabilité du domicile et l'inviolabilité de la correspondance, est le prolongement de la sûreté (G. Burdeau, Les Libertés publiques, Paris, Libr. Gén. de Droit et de Jurisprudence, 3eéd., 1966, p. 163).En partic. Liberté du domicile. Possibilité de choisir son domicile, d'en changer à sa convenance; garantie contre sa violation. Au début de notre ancien droit français, la liberté individuelle et la liberté du domicile étaient choses inconnues. Ces mots n'existaient pas. Ce n'est que peu à peu que l'on vit apparaître quelques décisions de justice, quelques actes de l'autorité royale relatifs à la sûreté du foyer (P. Cassagne, La Notion de domicile et ses effets principaux en dr. pénal, Nancy, Bailly et Wettstein, 1937, p. 188). ♦ [Concernant le groupe] Liberté d'association. Droit de mettre en commun de façon permanente une activité et des connaissances dans un but non lucratif. V. droit3ex. 13.Liberté de réunion. Droit de se rassembler, de façon momentanée et occasionnelle, en vue d'échanger des idées, des opinions ou de se concerter pour défendre des intérêts. Les constitutions de l'URSS (...) contiennent toutes un certain nombre d'articles sur la vraie liberté de conscience, la vraie liberté d'opinion, la vraie liberté de réunion, la vraie liberté d'association (Univers écon. et soc.,1960, p. 64-3). ♦ [À contenu intellectuel] Liberté de conscience (v. ce mot II C 1) ou de croyance; liberté religieuse; liberté du ou des culte(s). Droit pour chacun de choisir sa religion et de la pratiquer, notamment en assistant à des offices publics. Nous ne sommes pas les ennemis de la religion, d'aucune religion. Nous sommes au contraire, les serviteurs de la liberté de conscience, respectueux de toutes les opinions religieuses et philosophiques (Fondateurs 3eRépubl., Gambetta, 1878, p. 179).V. culte ex. de Réau-Rond. 1951.Liberté d'enseignement. Droit d'enseigner, d'opter pour un enseignement et de choisir le maître qui doit le dispenser. Le principe de la liberté de l'enseignement en dehors des principes libéraux qui régissent l'enseignement public signifie que, sauf à remplir les conditions objectivement fixées par la loi, tout Français peut ouvrir un établissement d'enseignement (C.-A. Colliard, Libertés publiques, Paris, Dalloz, 5eéd., 1975 [1950]p. 40).Liberté d'opinion ou de pensée [impliquant liberté d'expression*]. Droit pour tout individu de communiquer une opinion. Il résulte de la jurisprudence du Conseil d'État que dans l'exercice de sa liberté d'opinion un fonctionnaire doit faire preuve d'une certaine réserve à l'égard notamment des institutions et de la politique générale du gouvernement (arrêté Célignac, 31 mars 1950) (Encyclop. éduc. Fr., 1960, p. 288).En partic. Liberté de la presse. Droit de communiquer une opinion, des idées en la ou les diffusant et notamment en la ou les publiant. Un État autoritaire ou totalitaire confisque toujours à son profit la liberté de la presse (Civilis. écr.,1939, p. 44-4). ♦ [À contenu écon. et soc.] Liberté économique. Possibilité de créer et de gérer une entreprise (liberté d'entreprise*), d'exercer la profession de son choix, de conclure des contrats d'ordre privé (liberté des conventions ou liberté de contrat). Opposant à la noblesse l'égalité des droits et ouvrant simultanément, par la liberté économique, la carrière au capitalisme, la bourgeoisie française elle-même avait préparé un mouvement d'idées et une transformation sociale dont la contradiction finit par caractériser une nouvelle époque dans la marche dialectique de l'histoire (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 652).En partic. Liberté du commerce et de l'industrie [impliquant notamment liberté de la concurrence*, de la circulation des travailleurs, des échanges]. Liberté du travail. Droit de louer ses services selon sa volonté; au plur. ensemble des droits relatifs à l'exercice d'une profession. Affirmé par le décret d'Allarde de 1791, le principe de la liberté du travail demeure fondamental : il s'oppose aussi bien à toute intervention administrative, autoritaire, dans l'embauchage qu'à un engagement illimité vis-à-vis de l'employeur ou à une pression syndicale ou collective (G.-H. Camerlynck, G. Lyon-Caen, Précis de dr. du travail, Paris, Dalloz, 5eéd., 1972, p. 67).En partic. Liberté syndicale. Possibilité d'adhérer au syndicat de son choix ou de ne pas se syndiquer; au plur., ensemble des droits relatifs à la formation d'un syndicat et à l'exercice du syndicalisme. Le système de droit commun en matière de liberté syndicale se trouve renforcé et consolidé, dans la plupart des pays, du fait de la consécration du droit d'association par les constitutions nationales. La plupart des constitutions garantissent aujourd'hui le droit d'association, soit en général, soit pour les associations professionnelles de travailleurs et d'employeurs (Bureau International du Travail, La Liberté syndicale, Genève, Atar, Arts Graphiques, 1959, p. 58). c) État d'un pays, d'une nation qui n'est pas sous une domination étrangère. Toutes les tribus indiennes conspirant, après deux siècles d'oppression, pour rendre la liberté au Nouveau-Monde, me parurent offrir un sujet presque aussi heureux que la conquête du Mexique (Chateaubr., Natchez,1826, p. 102).À mesure que notre peuple recouvrait la liberté, nous pouvions compter ses blessures (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 619). − En partic. ♦ Autonomie d'une ville, d'une commune qui avait son propre gouvernement (vieilli), qui a des droits et une autonomie de gestion face à l'autorité gouvernementale (mod.). En France, la liberté municipale a survécu à la féodalité. Lorsque déjà les seigneurs n'administraient plus les campagnes, les villes conservaient encore le droit de se gouverner (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 110): 5. ... s'il y a, pour toutes les populations de la France, une réforme à laquelle elles soient attachées du fond de l'âme, c'est celle qui assurera la liberté et l'indépendance de la commune, c'est celle qui établira véritablement les franchises municipales parce que, pour le citoyen le plus humble comme pour le plus élevé, la commune est la meilleure, la plus intime réduction de la patrie...
Fondateurs 3eRépubl., Gambetta, 1876, p. 321. ♦ Au plur. Ensemble des droits et privilèges dont jouissaient autrefois certaines villes (vieilli); ensemble des droits et prérogatives dont jouissent les collectivités (mod.). Ils [Les états du royaume] exigèrent aussi impérieusement que les Parisiens la suppression des impôts, et redemandèrent les franchises, libertés, privilèges et immunités, tels qu'ils avaient été donnés par Philippe-le-Bel (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 202).HIST. Libertés de l'Église gallicane ou libertés gallicanes. Franchises revendiquées sous Louis XIV, par l'Église de France face au Saint Siège. Le clergé français a longtemps hésité entre l'autorité du pape et celle du roi; et lorsque Bossuet a soutenu ce qu'on appelle les libertés de l'Église gallicane, il a, dans sa politique sacrée, conclu l'alliance de l'autel et du trône, mais en la fondant sur les maximes de l'intolérance religieuse et du despotisme royal (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 281). − Spécialement ♦ DR. COMM. Liberté de l'air. Ensemble des facilités accordées par un pays aux avions commerciaux étrangers qui traversent son territoire (d'apr. Barr. 1974). ♦ DR. MAR. Liberté de la (haute, pleine) mer ou des mers. Droit pour tout pays de naviguer sur les mers non enclavées (d'apr. Barr. 1974). Il y a des gages que l'Allemagne a perdus et qu'elle est impuissante à recouvrer (la liberté des mers, ses colonies) (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917, p. 235).En ce qui concerne les usages internationaux, deux usages tempèrent le principe de liberté : la reconnaissance de l'existence de la mer territoriale d'une part et les droits des belligérants sur les navires neutres d'autre part (Le Clère1960). d) [Sans adj. déterminatif ni compl. prép.] Degré d'indépendance que l'on juge normal et légitime pour le citoyen, le peuple, la nation et que l'on érige en valeur suprême, en idéal. La liberté, c'est le bonheur, c'est la raison, c'est l'égalité, c'est la justice, c'est la déclaration des droits, c'est votre sublime constitution! (Desmoulinsds Vx Cord.,1793-94, p. 115).Je déclare que je ne parle ici que de la liberté qui naît de l'ordre et enfante des lois, et non de cette liberté fille de la licence et mère de l'esclavage (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 276).Nous n'hésiterons pas à défendre la liberté par la force contre ses ennemis éternels. Nous comprenons maintenant le sens de la devise révolutionnaire (...) : Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort (Mauriac, Cah. noir,1944, p. 376).La liberté absolue raille la justice. La justice absolue nie la liberté. Pour être fécondes, les deux notions doivent trouver, l'une dans l'autre, leur limite (Camus, Homme rév.,1951, p. 359): 6. Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Éluard, Poésie et Vérité, Paris, Gallimard, 1968 [1942], p. 1107. 7. La France et le monde luttent et souffrent pour la liberté, la justice, le droit des gens à disposer d'eux-mêmes. Il faut que le droit des gens à disposer d'eux-mêmes, la justice et la liberté gagnent cette guerre, en fait comme en droit, au profit de chaque homme, comme au profit de chaque État.
De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 680. SYNT. Combattre (lutter) pour, être dévoué à, préparer le règne de, faire triompher la liberté; ennemi, force(s), martyr, soldat(s) de la liberté; drapeau, hymne de la liberté; pays, terre de (la) liberté; crime contre la liberté. − [P. personnification de cet idéal] Protège-moi, toujours, ô liberté chérie, Ô mère des vertus, mère de la patrie! (Chénier, Bucoliques,1794, p. 187).La France saigne, mais la liberté sourit; et devant le sourire de la liberté, la France oublie sa plaie (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 358): 8. Liberté! Sur la terre ouvre ton aile immense.
Avec les fruits vivants, les fruits délicieux
De ton règne attendu dont l'éclat recommence,
Liberté, ne va plus t'en retourner aux cieux!
Desb-Valm., Mél.,1859, p. 224. ♦ Arbre* de la liberté. ♦ Déesse, génie de la liberté; temple de la (déesse) Liberté (à l'époque romaine). En face du palais construit par Tibère on voit les débris du temple de la liberté, bâti par le père des Gracques (Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 199).Le feu d'artifice de la déesse liberté (Baudel., Poèm. prose,1867, p. 107).Statue de la liberté. Bonaparte fut présenté au Directoire, le 10 décembre 1795, dans la cour du palais du Luxembourg. Au milieu de cette cour s'élevait un autel de la patrie, surmonté des statues de la liberté, de l'égalité et de la paix (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 335).La liberté éclairant le monde. Statue de Bartholdi, érigée à l'entrée du port de New York. Cette dame enceinte, dans sa robe de chambre à plis de bronze, un bougeoir à la main, c'est la liberté éclairant le monde, de Bartholdi (Morand, New-York,1930, p. 33). B. − [Correspond à libre B et C] État d'une personne ou d'une chose dont l'action ou la manifestation ne rencontre pas d'obstacle. 1. [À propos d'une pers.] a) [Sans compl.]
α) Possibilité d'agir, de penser par soi-même; refus de toute sujétion aux choses, de toute pression d'autrui. Aimer, profiter de, avoir sa liberté; respecter la liberté des autres; des habitudes de liberté. J'étais ivre de ma liberté, de n'appartenir enfin qu'à moi-même (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 107).Une trop grande liberté, un fais ce que tu veux commode, met la jeunesse dans l'impossibilité de désobéir alors que rien d'audacieux n'existe sans la désobéissance à des règles (Cocteau, Poés. crit. II,1960, p. 206): 9. Pour n'avoir pas à choisir quelque chose, j'ai préféré me sevrer du désir. Par irrésolution et par goût pour la liberté, je n'ai pris aucun parti, ni scientifique, ni religieux, ni politique, ni personnel, et je me suis maintenu à égale distance de tous les possibles, rêvant, contemplant, méditant, comme un ermite retiré du monde.
Amiel, Journal,1866, p. 464.
β) Situation d'une personne qui n'est pas (ou n'est plus) engagée moralement, juridiquement ou religieusement. Garder, tenir à, sacrifier sa liberté; rendre sa liberté à qqn. Si Solange n'avait aucun tort envers lui (...), et si elle se refusait au divorce, comment reprendre sa liberté? (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1131).
γ) État d'une personne qui est disponible. Un jour, un soir de liberté; bricoler à ses heures de liberté. Messieurs, dit Fabien après le dîner, la vicomtesse me donne ma liberté ce soir (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 430).J'étais bien heureuse de pouvoir profiter sans partage des rares instants de liberté qui restaient à Robert (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 203). b) [Avec compl. prép. de] Avoir (demander, laisser à qqn) la liberté de + subst. ou inf.Avoir (demander,...) la possibilité, la permission, le droit de. Je trouverais dans la chaumière de mon oncle la liberté de remuer, et par conséquent, disais-je, je serais parfaitement heureuse (Stendhal, Lamiel,1842, p. 130).Je demanderai si les pères ont liberté de vie et de mort sur le corps et l'âme de leurs fils (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 388).Prendre la liberté de + inf.[À la 1repers., surtout dans la conversation et dans la correspondance : formule de politesse, souvent en manière d'excuses] Ma chère confrère, je prends la liberté de vous envoyer par le même courrier une pièce de vers que je trouve très remarquable et pouvant orner votre revue (Flaub., Corresp.,1879, p. 324).Avoir (laisser, donner à qqn) une entière, une pleine, toute liberté de/pour + subst. ou inf.Avoir (laisser...) l'autorisation pleine et entière de; avoir toute facilité, toute latitude de/pour. Avoir une totale liberté d'action, de choix, de manœuvre. Toute liberté nous était donnée de pénétrer en territoire belge (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 241).En province, les candidats ont toute liberté pour le choix de l'établissement (Encyclop. éduc.,1960, p. 145).[Sans compl. prép. de] Puisque vous êtes un homme averti, vous comprendrez aisément que vous devez laisser entière liberté à l'imagination, à la patience, aux inspirations parfois paresseuses de ce maître d'œuvre [le metteur en scène] (Vilar, Tradition théâtr.,1963, p. 123). 2. [À propos du comportement, des actes, des facultés intellectuelles, de la condition physique] a) Absence de gêne dans le comportement, dans l'expression. Liberté sexuelle. Toute la famille protégeait la liberté de nos amours (About, Grèce,1854, p. 199).Subitement, avec une adorable liberté enfantine, Anna passa son bras sous celui d'Henri (Reider, Mlle Vallantin,1862, p. 162): 10. Ceux qui ne les connaissaient pas particulièrement appelaient leur liberté d'allure du cynisme. Ce n'était pourtant que de la franchise. Esprits rétifs à toute chose imposée, ils avaient tous le faux en haine et le commun en mépris.
Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 173. − Loc. adv. En toute liberté. Sans être contraint ou forcé. Conclure, se décider en toute liberté; plaisanter en toute liberté. Oui, monsieur, ce dîner d'où nous avons exclu les maris, afin de pouvoir, en toute liberté, parler de nos costumes (Meilhac-Halévy, Froufrou,1869, II, 4, p. 56).Ils déchantèrent un peu quand Henri leur déclara qu'il entendait rédiger lui-même, en toute liberté, les articles sur les camps (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 377).En liberté (vieilli). Il était hors d'état de parler, il s'enferma dans sa chambre. Là, il put s'exagérer en liberté toute l'atrocité de son sort (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 348).Lui, qui avait eu la campagne vaste pour se rouler, en liberté, étouffait dans l'espace étroit où il devait se tenir sage (Zola,
Œuvre,1886, p. 228).(Qqc. ou qqn) en liberté. [Pour désigner celui dont la vie (ou ce qui) se déroule sans contrainte] Vacances en liberté. La joie tumultueuse d'une petite fille en liberté (Balzac, Lys,1836, p. 203). − En partic., domaine de l'expression littér. et artistique. Hardiesse de conception; aisance dans l'exécution, dans le style. L'intérieur de l'église de San Antonio de la Florida (...) est peint à fresque par Goya avec cette liberté, cette audace et cet effet qui le caractérisent (Gautier, Tra los montes,1843, p. 116).Cette composition, comme tout ce qui sort de Carle Vernet et de l'école, manque de liberté (Baudel., Curios. esthét.,1857, p. 184).Vite revenu à sa liberté de thèmes et d'allure, il [Corneille] va désormais tout le reste de sa vie ruser avec les règles pour leur faire porter tout le poids qu'elles pourront de romanesque (Brasillach, Corneille,1938, p. 160): 11. Piero della Francesca, le Greco, Latour, Vermeer, que notre siècle a mis ou remis au premier rang, tirent leur génie de leur présence dans la toile; mais il ne s'agit plus de l'éclatante liberté du pinceau qui faisait dire que Hals peignait largement.
Malraux, Voix sil.,1951, p. 575. − Souvent péj. Absence de souci des convenances. Liberté de mœurs, de paroles. Madeleine lui reprochait de tolérer l'incroyable liberté de langage de Geneviève, et celle-ci l'accusait de se damner volontairement en vivant avec le péché (Zola, M. Férat,1868, p. 233).On sait la licence des mœurs au siècle de la cathédrale, (...) la liberté des fabliaux et des mystères (Faure, Espr. formes,1927, p. 255).V. commettre ex.3. − P. méton., cour., le plus souvent au plur. Actes, paroles, écrits, œuvres libres ou trop libres. Libertés d'opinion, de langage; libertés de composition, de main. Le désir de former les enfants au beau style et aux tours du monde induisait les traducteurs à d'étranges libertés (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 460).Il était à quatre-vingts ans jeune, avec des libertés, des gaillardises de méridional (Barrès, Cahiers, t. 10, 1913, p. 236).En ne me scandalisant pas tout à l'heure, je crains de vous avoir scandalisé. Il est certaines libertés de pensée dont les hommes voudraient garder le monopole (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1187).V. évanouissement A 3 ex. de Martin du G., Notes A. Gide, 1951, p. 1420. ♦ Loc. Avoir, se permettre, prendre des libertés (avec qqn). En prendre à son aise; être familier avec quelqu'un. Je m'efforçai de paraître extrêmement gai, et je me permis même quelques petites libertés, bien innocentes, qui ne furent pas repoussées (Krüdener, Valérie,1803, p. 150).Je m'encanaillais, je prenais des libertés. Je passais des vacances au bordel mais je n'oubliais pas que ma vérité était restée au temple (Sartre, Mots,1964, p. 60).Prendre des libertés avec/envers une femme. Se montrer d'une familiarité offensante. Il était trop honnête homme, (...) et gardait trop de discrétion pour avoir jamais pris aucune liberté avec la jeune portière de la bibliothèque (France, Mannequin,1897, p. 335).Prendre des libertés avec qqc. Ne pas respecter quelque chose, ne pas s'y conformer; l'altérer. Prendre des libertés avec une doctrine, avec la vérité. J'ai pris quelques petites libertés avec le texte, qui peut les supporter (Claudel, Corresp. [avec Gide], 1925, p. 129).Tels, qui croient prendre des libertés avec le temps parce qu'ils s'arrangent inconsciemment pour être toujours en retard (...) (Mounier, Traité caract.,1946, p. 595). b) Absence d'entraves, de préjugés dans la démarche intellectuelle. L'esprit particulier aux artistes (...) qui s'élève au-dessus des idées bourgeoises par la liberté des jugements et par l'étendue des aperçus (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 41): 12. ... après cette complète liberté de discussion, que rien n'a arrêtée, qui n'a reculé devant rien, il est des choses dont l'authenticité n'a jamais été mise en doute par le plus hardi de ces docteurs : deux des Évangiles, saint Paul et les Actes des Apôtres.
Ampère, Corresp.,1827, p. 430. ♦ Liberté d'esprit ou de l'esprit. Indépendance de l'esprit à l'égard de la tradition, de l'autorité, des croyances établies, des préjugés ou disposition de l'esprit qui est délivré de toute préoccupation, de tout embarras. Vous avez parlé de Napoléon avec une liberté d'esprit qui est bien rare dans les conversations que j'entends (France, Lys rouge,1894, p. 56).Il sentait bien que ce souci lui prenait une part de sa liberté d'esprit, de ses possibilités d'action (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 480).V. doute ex. 2 : 13. La première condition que doit remplir un savant qui se livre à l'investigation dans les phénomènes naturels, c'est de conserver une entière liberté d'esprit assise sur le doute philosophique.
C. Bernard, Introd. ét. méd. exp.,1865, p. 58. ♦ Liberté d'examen. V. libre examen*. c) Absence d'entrave dans les mouvements du corps, dans les fonctions; absence de gêne relativement à la condition physique. Je respirais avec plus de liberté; l'air est si pur dans ces montagnes! (Krüdener, Valérie,1803, p. 209).Ayant retrouvé la liberté de ses mouvements, Rochard ne paraissait pas disposé à en profiter et collait sagement à Léopold (Aymé, Uranus,1948, p. 57).V. acrobate ex. 7. ♦ Vieilli. Liberté du ventre (v. libre I C 1 b). On aura soin d'entretenir toujours la liberté du ventre, en donnant tous les jours un lavement légèrement purgatif (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 107). 3. [A propos d'une chose, d'un processus] État de ce qui n'est pas attaché, lié, de ce qui évolue ou s'effectue sans contrainte. Liberté de fonctionnement. Leurs cheveux qui, tantôt serrés en natte, tantôt flottant en liberté, couvraient les épaules et descendaient jusqu'au milieu des reins (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 82).Ce n'est que lorsqu'on réussit à tourner les pointes en dehors et à faire le plié qui sert de tremplin au saut (...) que les bras reprirent leur liberté (Sazonova, Vie danse,1937, p. 96). − BIOL., CHIM. Mise en liberté d'un corps. Rupture de sa relation à un autre corps au cours d'une réaction. L'oxygène, mis en liberté dans ces deux réductions, oxyde le silicium et le phosphore (Ch. Durand, Industr. minér. Lorr.,1893, p. 56). − PHYS. Degré de liberté. Grandeur (mathématique, mécanique, physique) qui, dans un système donné, peut varier sans contrainte. On parle, en mécanique, des « degrés de liberté ». Un mécanisme à liaisons définies n'a qu'un nombre restreint de degrés de liberté (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 74). II. − PHILOS., PSYCHOL. [Spécifiquement à propos de l'homme considéré comme être doué de volonté] État de celui qui n'est pas soumis à des forces intérieures d'ordre irrationnel. A. − [P. oppos. à déterminisme] État de celui qui peut choisir souverainement entre deux possibilités contraires, sans avoir de motif relatif au contenu de l'acte à accomplir. Synon. libre-arbitre.J'ai prouvé que le sentiment du moi n'était autre que le sentiment de la liberté ou du pouvoir d'agir, d'exercer une action indépendante de toute cause autre que la volonté (Maine de Biran, Journal,1816, p. 125).Créé libre, l'homme a péché par le pouvoir qu'il avait de pécher, mais ce pouvoir ne faisait pas partie de sa liberté véritable, qui était celle de ne pas pécher (Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p. 113): 14. J'ai fait effort pour m'attacher à telle représentation de conduite et à ses motifs. Ce qui suppose que je m'en suis d'abord détaché. Ce consentement implique donc de ma part un acte réflexif : il est le je prenant pour objet un désir du moi, puis y adhérant, et du même coup transformant le désir en volonté. C'est à ce moment précis qu'a lieu le sentiment vif interne d'un pouvoir des contraires : je sens que je peux poser mon regard mental sur tel des objets qui m'attirent, ou bien le porter sur un autre. À cela se résume toute ma conscience de la liberté.
J. Laporte, La Conscience de la liberté, Paris, Flammarion, 1947, p. 285. ♦ Liberté d'indifférence*. B. − [Compatible avec déterminisme; corrélatif de moralité, responsabilité] État de celui qui se détermine après réflexion, en connaissance de cause, d'après des motifs qu'il accepte; état de celui qui contrôle ses passions et qui réalise dans ses actes, le bien, la raison, la vérité considérés comme l'expression de sa nature profonde. Anton. inconscience, passion.Il [le stoïcisme] fait à l'homme, au sage, qui seul est digne du nom d'homme, un devoir de conformer son intention et sa vie à cet ordre des choses, la raison même, et de se tendre d'un ferme effort pour s'élever à la liberté en s'identifiant avec la loi souveraine (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. 170).En posant le déterminisme, on en tire la liberté. En voulant la liberté, on exige le devoir. En concevant la loi morale, c'est une nécessité de la produire dans l'action pour la connaître et la déterminer en la pratiquant (Blondel, Action,1893, p. 143).Ma liberté, le pouvoir fondamental que j'ai d'être le sujet de toutes mes expériences, n'est pas distincte de mon insertion dans le monde (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 413): 15. ... je n'ai rien à faire avec le problème de la liberté métaphysique. Savoir si l'homme est libre ne m'intéresse pas. Je ne puis éprouver que ma propre liberté. Sur elle, je ne puis avoir de notions générales, mais quelques aperçus clairs. Le problème de la « liberté en soi » n'a pas de sens.
Camus, Sisyphe,1942, p. 79. − P. méton. L'être humain en tant qu'être libre. Nous sommes une liberté qui choisit mais nous ne choisissons pas d'être libres (Sartre, Être et Néant,1943, p. 565). Prononc. et Orth. : [libε
ʀte]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début xiiies. philos. liureteit « pouvoir qu'a la volonté de se déterminer sans subir aucune contrainte » (Sapientia ds Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p. 289, 18); 2. 1266 libertés « immunités, franchises » (Charte de franch. octr. à la ville d'Orgelet, Tuetey, Ét. sur le dr. munic. en Fr.-Comté, p. 189 ds Gdf. Compl.); 3. ca 1355 liberté « degré le plus élevé d'indépendance reconnu à un groupe social » (Bersuire ms. B.N. no20312 ter, f. 27 verso ds Littré); 1765 liberté naturelle (Encyclop. t. 9); 4. 1324 « condition de l'homme qui ne dépend pas d'un maître » (Lett. de Ch. le Bel, A.N. JJ 62, fo178 rods Gdf. Compl., s.v. franchise); 5. 1365 liberteit « état de quelqu'un qui n'est pas prisonnier » (Psautier Lorrain, éd. Fr. Apfelstedt, XVII, 19); ca 1393 liberté « état de quelqu'un qui n'a pas d'engagement » (Ménagier, éd. Sté Bibliophiles fr., t. 1, p. 100); 6. id. liberté de + inf. « possibilité pour quelqu'un d'agir sans contrainte » (op. cit., t. 1, p. 101); 1538 « absence de toute contrainte sociale ou morale; hardiesses en paroles » (Est.); 1680 prendre des libertés (avec une femme) (Rich. qui cite Maucroix, Schisme, 1. I, dont le privilège est de 1675); 7. 1538 liberté « jouissance de droits politiques accordés à tout homme reconnu comme citoyen » (Est.); 1694 liberté publique (Ac.); 1748 liberté politique (Montesquieu, Esprit des Loix, livre XI, chap. VI); 1753 liberté de la presse (Argenson, Journ., VIII, p. 43 ds Brunot t. 6, p. 129, note 4); 1763 liberté de penser (Voltaire, Traité sur la tolérance ds Mélanges, éd. J. van den Heuvel, p. 585); 1787 liberté individuelle (De Lolme, Constitution d'Angleterre, t. 1, p. 33 ds Brunot t. 6, p. 128, note 6). Empr. au lat.libertas, -atis « état de celui qui n'est pas esclave » « état de celui qui jouit de ses droits de citoyen » « état d'un peuple qui n'est pas soumis à une autorité arbitraire (ou extérieure) » « pouvoir de se déterminer soi-même » et « indépendance de quelqu'un dans son comportement et ses paroles » d'où « hardiesse, franc parler », également attesté en lat. médiév. au sens de « privilège, charte conférant un statut privilégié » (1002 ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 14 849. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 30 941, b) 16 313; xxes. : a) 12 701, b) 20 369. Bbg. Antoine (G.). Liberté, égalité, fraternité. Paris, 1981, pp. 21-35, 51. - Dub. Pol. 1962, pp. 333-334. - Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp. 141-144. - Quem. DDL t. 11. - Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 450. - Vardar (B.). Ét. lexicol. d'un champ not. Istanbul, 1969, 190 p.; Soc. pol. 1973 [1970], pp. 259-262. |