| LIANE, subst. fém. A. − Plante à tige flexible très allongée, herbacée ou ligneuse, qui pousse en utilisant d'autres plantes comme supports. Lianes grimpantes, rampantes; lianes enchevêtrées, inextricables; liane à caoutchouc; liane à réglisse; liane à patates (igname). On n'insiste généralement pas suffisamment sur le fait que la vigne est avant tout une liane des forêts, c'est-à-dire ni un arbre comme le pommier ou le pêcher, ni une plante des sous-bois comme le groseillier ou le fraisier mais un être qui, naissant dans le sous-bois, gagne rapidement le faîte des arbres les plus élevés et domine la forêt (Levadoux, Vigne,1961, p. 22): 1. Des lianes en fleur qui s'enlaçaient aux troncs
Grimpaient de branche en branche et montaient jusqu'aux fronts,
En retombaient d'en haut en trame de verdure,
Comme un câble rompu tombe de la mâture...
Lamart., Chute,1838, p. 886. − Tige d'une plante de ce type (pouvant servir de lien). Elle a attaché le paquet avec une liane de clématite (Giono, Regain,1930, p. 56).J'eus mal pour ces fleurs, qu'une liane serrait si fort, et je la dénouai (Montherl., Encore inst. bonh.,1934, p. 692). B. − [Dans des compar., des expr. métaph. ou fig.] 1. [Pour exprimer la souplesse, la grâce, la flexibilité] Souple comme une liane. Petits pieds andalous, braise rougeâtre aux yeux, Corps de liane, bras d'ivoire, cheveux bleus. Tout cela s'appelait Judith (Banville, Cariat.,1842, p. 47).On comprend ce lyrisme euphuique, ce ploiement de lianes des héroïnes de Shelley, de Tennyson et de Browning (L. Daudet, Entre-deux-guerres,1915, p. 278). 2. [Pour exprimer l'attachement ou la dépendance] C'est peut-être ce qu'il y a de plus touchant, de plus émouvant, dans Barrès : cette obstination dans l'absurde. Mais peut-être sa pensée-liane avait-elle besoin de cet échalas-support pour s'élever (Gide, Journal,1930, p. 988): 2. Elle était vouée, faite pour aimer, s'aliéner, (...) vivre de la vie d'autrui : une liane-fleur, (...) quelque chose d'aérien, de suspendu, comme une petite lumière dans l'obscurité d'une forêt.
Genevoix, Fatou Cissé,1954, p. 18. Prononc. et Orth. : [ljan]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1640 lienes « plantes sarmenteuses des forêts d'Amérique » (Le Père Bouton, Relation [de l'establissement des François... en l'isle de la Martinique], p. 68 ds R. Philol. fr., 1933, p. 26); 1694 pommes de lianes (Corneille, s.v. lienes). Empr. au fr. des Antilles où le mot semble importé des dial. de l'Ouest de la France dans lesquels le mot désigne diverses plantes, la plupart grimpantes (armoise, clématite, liseron, chèvrefeuille, v.FEW t. 5, p. 318b); liene, liane est prob. un dér. régr. du verbe dial. liener « lier des gerbes » (relevé pour Loches par FEW, loc. cit., p. 318a; cf. la collision homon. et sém. entre liener « lier des gerbes » et le type liener dial. du Centre et de l'Ouest, var. de glener « glaner », FEW t. 4, p. 152b et t. 5, p. 318b, note 4), lui-même dér. de lien* avec dés. -er; liene, liane refléteraient l'alternance lien, lian des dial. de l'Ouest, v. FEW t. 5, p. 317b; v. aussi Barbier ds R. Lang rom. t. 67, 1933-36 [1935], p. 333. Fréq. abs. littér. : 340. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 602, b) 579; xxes. : a) 325, b) 425. |