| LEURRE, subst. masc. A. − 1. FAUCONN. Morceau de cuir rouge en forme d'oiseau garni de plumes servant à faire revenir l'oiseau sur le poing du fauconnier. Synon. appât, appeau.Dresser un gerfaut, un faucon au leurre; l'oiseau fond sur le leurre. Il suffisait de savoir donner l'escap au faucon, le suivre à toutes jambes, le faire revenir au leurre et le placer avec adresse sur le poing de sa dame (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 168). 2. P. anal., PÊCHE. Appât artificiel utilisé pour la capture des poissons dans la pêche au lancer. Synon. amorce.Partir à la pêche avec une collection de leurres (Davau-Cohen1972). B. − Au fig. 1. Artifice spécieux dont l'apparence séduisante est destinée à tromper. Synon. duperie, tromperie, mystification. a) [À propos d'inanimés concr.] Tous les cosmétiques superficiels ne sont qu'un leurre. On a l'âge qu'on a (Amiel, Journal,1866, p. 208).Imaginée par cette déraison spéciale qu'est la chauvinite de l'art, cette école n'est donc qu'un attrape-nigauds, qu'un leurre (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 308). b) [À propos d'inanimés abstr.] Il suffit (...) de songer (...) Que toute ambition trompe l'effort humain, Que l'espoir est un leurre (Hugo, Feuilles automne,1831, p. 753).Si tu crois l'heure enfin sonnée où les autres hommes te regarderont comme un des leurs (...) ce ne sera qu'illusion que leurre rien n'est possible qu'un mensonge (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 179). 2. Apparence séduisante faisant simplement illusion. Synon. mirage.Désir de vivre et d'être heureux, leurre et fallace (Moréas, Cantil.,1886, p. 113).Le ciel et tout ce qu'il contient matin et soir d'astres, de vents, d'oiseaux et de fumées est un leurre qui trompe sur la fuite du temps (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 28). Prononc. et Orth. : [lœ:ʀ]. Homon. leur (pron. pers.), leur, leurs (adj. et pron. poss.). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1202 loire « ce qui attire » (Jean Bodel, Congés, éd. P. Ruelle, 166); 2. 1erquart du xiiies. fauconn. (Reclus de Molliens, Miserere, 5, 10 ds T.-L.); 1377 leurre (Gace de La Buigne, 7473, ibid.); 3. av. 1615 « artifice qui sert à attirer quelqu'un pour le tromper » (É. Pasquier, Recherches de la France, 496 ds IGLF). De l'a. b. frq. lôþr « appât », cf. le m. h. all. luoder « appât; ce qui attire (en gén.) ». Fréq. abs. littér. : 127. Bbg. Darm. Vie 1832, p. 98. - Hug. Lang. 1933, pp. 37-38. - Staaff (E.). Qq. rem. sur le passage d'eu atone à u en fr. In : [Mél. Wahlund (C.)]. Mâcon, 1896, p. 247. - Walt. 1885, p. 77. |