| LECTEUR1, -TRICE, subst. A. − Celui, celle qui (de par sa fonction) fait la lecture à haute voix devant un auditoire. Lecteur d'un roi, d'un prince. Les Grecs avaient des lecteurs (anagnostes) attachés aux théâtres pour y lire publiquement les ouvrages des poëtes (Bouillet1859).Se trouvant à Paris dans ce moment-là, elle se hâta plus que les autres, et tout en cherchant, elle tomba sur la marquise de Villemer, qui renvoyait précisément sa lectrice (Sand, Villemer,1861, p. 103). − HIST. Lecteur royal. Professeur au Collège de France. Les professeurs du Collège de France s'appellent lecteurs, et plusieurs semblent avoir tenu à justifier leur titre dans toute la propriété du mot : Legouvé, Delille, Andrieux lisaient à ravir (Sainte-Beuve, Virgile,1857, p. 21). − LITURG. ROMAINE. Clerc ayant reçu le lectorat, qui a pour fonction de lire les textes de l'Écriture qui servent de thèmes à la prédication et qui chante les leçons; p. ext. tout clerc chargé d'une lecture liturgique. Frère Pasquerel tenait en son couvent l'emploi de lecteur (France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 256). B. − 1. Celui, celle qui lit pour se distraire, s'informer. Synon. liseur (v. ce mot A 1).Un grand lecteur. Quand nous sommes malades (...) nous redevenons momentanément ce qu'il ne faudrait jamais cesser d'être, des lecteurs, des lecteurs purs qui lisent pour lire (Péguy, Clio,1914, p. 19).Le roman de la bonne compagnie (...) (le roman a en moyenne quatre lectrices pour un lecteur) (Arts et litt.,1936, p. 38-5): 1. ... on comprend que la forme du message est déterminée par l'ensemble de ces composantes : la substance (écrit, parlé, chanté), la langue, le sujet, l'émetteur (l'auteur), le récepteur (lecteur, auditeur), enfin le canal (livre, journal, théâtre, radio, etc.).
Guiraudds Langage,1968, p. 447. − Lecteur lent, rapide. Des expériences entreprises à l'aide d'une caméra spéciale, pour analyser le comportement des yeux des lecteurs lents, moyens, rapides (F. Richaudeau, La Lisibilité, Paris, Denoël, 1969, pp. 24-25).Le lecteur lent va de mot en mot, remue parfois les lèvres en lisant, revient souvent en arrière (...). L'œil du lecteur rapide opère une sorte de « balayage » des lignes dont il ne retient que ce qui l'intéresse (Giraud-PamartNouv.1974). − Public (d'un écrivain, d'un journal, d'un roman). La Porte étroite était sortie de ce clair-obscur, avait élargi le cercle des lecteurs gidiens (Arts et litt.,1936,p. 38-14) : 2. ... le journaliste qui (...) rectifierait de sa propre volonté les nouvelles erronées qu'il publie parfois, se déconsidèrerait aux yeux du public. Le lecteur croit fermement qu'un fait relaté dans son journal favori est, par cela même, exact.
Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 136. ♦ Avis au lecteur (v. avis B 2 c). Au fig. Avertissement, conseil, reproche fait indirectement à quelqu'un; leçon que l'on tire de quelque chose. C'est un avis au lecteur (Ac.1798-1935). − Usager d'une bibliothèque. À la bibliothèque du congrès, le lecteur trouve dans la salle des périodiques 305 journaux courants (Civilis. écr.,1939, p. 5-5).Les premiers mots des textes (...) revêtent une importance très grande aux yeux des bibliothécaires et des lecteurs travaillant dans les dépôts de manuscrits (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 1086). SYNT. Lecteur attentif, averti, cultivé, délicat, fidèle; lecteur de journaux, revues, romans; courrier des lecteurs; attirer l'attention du lecteur; s'adresser au lecteur. 2. Celui (celle) dont la fonction est de lire un manuscrit. − ÉD. Personne chargée de lire et d'apprécier un manuscrit proposé à un directeur de théâtre, à un éditeur. Ça doit être une de ces expressions toutes faites qui rebutent les lecteurs qui lisent pour les éditeurs (Queneau, Exerc. style,1947, p. 93). − TYPOGR. Lecteur d'épreuves. Synon. de correcteur (Mét. 1955). C. − TECHNOL., au masc. 1. ACOUSTIQUE a) Synon. de pick-up.Le lecteur, supporté par le bras de lecture, a comme élément capteur une pointe de lecture (Pir. 1964). b) Lecteur de bandes. ,,Appareil reproduisant sous forme électrique les signaux enregistrés`` (Radio 1972). c) Lecteur optique. ,,Appareil lisant l'information par balayage optique de caractères stylisés, imprimés ou manuscrits`` (Le Garff 1975). CIN. Lecteur de son dans un projecteur (d'apr. Pir. 1964). d) Lecteur (de cassettes). Appareil de lecture sur bande magnétique de type cassette. (Ds Lar. encyclop. Suppl. 1975). La vitesse de déroulement invariablement utilisée par les lecteurs de cassettes : 4,75 cm/s (Les Nouvelles littéraires, 5 au 12 févr. 1981, no2773, p. 54).Ce lecteur de cassettes stéréo très compact se transforme à volonté en récepteur radio également stéréo (Harmonie,juill.-août 1981, no11, p. 96). − En compos. Lecteur-enregistreur (de cassettes). Synon. de magnéto(-)cassette (v. magnétophone rem. 2).Les fabricants de lecteurs-enregistreurs et de K7 (Les Nouvelles littéraires, 5 au 12 févr. 1981, no2773, p. 54). 2. DOCUMENTOL. Lecteur de microcartes, de microfiches, de microfilms. Appareil permettant d'agrandir et de projeter les microfiches (d'apr. Informat. 1972). Les lecteurs de microcartes utilisent la lumière, qui passe à travers les endroits transparents (Jolley, Trait. inform.,1968, p. 180). 3. INFORMATIQUE − ,,Appareil connecté à un ordinateur ou une machine électromécanique et lisant des informations, des données, codées sur des supports « externes » : bandes perforées, cartes perforées, documents à caractères magnétiques ou optiques`` (le Garff 1975). ♦ Lecteur de cartes. Les performances des lecteurs de cartes se sont régulièrement améliorées depuis les premiers équipements. De 150 cartes à la minute (...), en 1956, on atteint aujourd'hui des vitesses de l'ordre de 1 500 cartes par minute, voire 2 000 (Micro Systèmes,juill.-août 1980, no12, p. 16). ♦ Lecteur-perforateur. ,,Appareil périphérique d'un ordinateur pour la lecture et la perforation de bande ou ruban perforé, ou de cartes`` (Lar. encyclop. Suppl. 1975). Cf. CII, mai 1975, p. 1-13. Prononc. et Orth. : [lεktœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1307 « clerc revêtu du deuxième des quatre ordres mineurs chargé de lire les leçons dans le culte » (Trésor des Chartes, no20, ds Delb. Notes mss); 2. ca 1330 lecteurs du saint-palais « qui font la lecture à haute voix » (Guillaume de Digulleville, Pèlerinage vie hum., éd. J. J. Stürzinger, 945); 3. a) 1376 « professeur de cours publics » (Modus et Ratio, 79, 31 ds T.-L.); b) 1867 « professeur adjoint pour l'enseignement des langues vivantes dans les universités allemandes » (Littré); 1923 « assistant étranger dans une université » (Tharaud, An prochain, p. 277). B. 1. 1379 « personne qui lit pour elle-même » (J. de Brie, Bon Berger, éd. P. Lacroix, 35); 2. 1867 « celui qui lit et corrige les épreuves typographiques » (Littré); 1890 « celui qui lit les manuscrits chez un éditeur » (Renard, Journal, p. 71). C. 1934 audio-visuel (Mansion, Harrap's standard French and English dictionary, t. 1 ds Quem. DDL t. 18 : lecteur des sons). Empr.au lat.lector « qui lit pour soi, qui lit à haute voix pour le compte de quelqu'un », qui a pris en lat. chrét. le sens de « le second des quatre ordres mineurs »; cf. xiie-xives., une forme litre, leiteur, probablement pop. (cf. FEW t. 5, p. 235 ab). Fréq. abs. littér. : 3 566. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 064, b) 4 175; xxes. : a) 3 208, b) 5 824. Bbg. Quem. DDL t. 5, 18. |