| LAVEMENT, subst. masc. A. − 1. Rare. Action de laver (une partie de) quelqu'un. − P. métaph. J'avertis M. de Freycinet que son lavement de mains ne lave rien du tout, et qu'il peut frotter, poncer et savonner, comme Lady Macbeth, sans que la tache ineffaçable ait chance de disparaître (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 451). 2. LITURG. CATHOL. Lavement des pieds (Ac.), lavement des autels (Ac. 1798-1878). Après le Lavement des autels avec du vin et de l'eau par deux prêtres en aube, le clergé allait prendre un repas, et immédiatement après avait lieu le Lavement des pieds (F. Clément, Hist. gén. mus. relig.,1860, p. 207): 1. Cette hospitalité (...) étoit en honneur chez tous nos religieux (...). Elle se manifestoit, comme au jour d'Abraham, dans toute sa beauté antique, par le lavement des pieds...
Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 549. B. − MÉDECINE 1. Préparation liquide à but thérapeutique ou nutritionnel qu'on injecte par l'anus dans les intestins. Synon. clystère (vx).Administrer, prendre un lavement; lavement astringent, vermifuge, diurétique, purgatif; lavement baryté, électrique; lavement de caféine, de pavot, de son, de tabac. Cette diarrhée est venue avec l'excessive chaleur, je suis tout neuf, je n'ai rien fait que pris quelques lavements à la graine de lin (Balzac, Corresp.,1840, p. 144).Ça ne doit pas être désagréable, un petit lavement d'huile camphrée, dit le duc, se frottant les mains (Proust, Guermantes 2,1921, p. 588).Sitôt arrivés à l'étape nous lui administrâmes un lavement d'huile tiède (Gide, Retour Tchad,1928, p. 1003). − Au fig., fam., vieilli. Personne (très) ennuyeuse et importune. Quel lavement, quand il est paf! murmura Gervaise impatientée (Zola, Assommoir,1877, p. 678).− Une contrariété? Hein? Hein? (...) Très calme, il demanda : − Ah ça! vous n'avez pas bientôt fini de faire le phoque? En voilà un vieux lavement! − Comment!... comment!... dit le père Soupe (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 2etabl., I, p. 58). − Loc. Fiche, foutre le camp comme un lavement. Devenir complètement inconsistant. Alors, cette fois, ça y est bien, dit Malinier d'une voix âpre. C'est bien ce que j'ai dit et répété. La France fout le camp, comme un lavement (Aymé, Travelingue,1941, p. 198). 2. Action d'injecter dans le rectum une préparation liquide à but thérapeutique ou nutritionnel. Sur une table s'alignent des flacons de pharmacie, des bandes roulées, un thermomètre minuscule, une toute petite poire en caoutchouc pour les lavements des chiens (Colette, Vagab.,1910, p. 184): 2. L'heure du lavement était arrivée. La sœur avait déjà rejeté les couvertures et tournait autour du lit avec des gestes rituels.
Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1143. REM. Lavementer, verbe trans.,hapax. Au fig. Importuner. Il est dans mon rôle d'oncle de vous prêcher, de vous tanner, de vous lavementer (Flaub., Corresp.,1874, p. 175). Prononc. et Orth. : [lavmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Début xiiies. relig. « lavage purificatoire » (Sermon St Bernart, éd. W. Foerster, p. 46, 31); fin xive-début xves. lavement de baptesme (Myst. de S. Clem., p. 87, Abel ds Gdf.); 2. xiiies. méd. « fomentation » (Livre des Simples Médecines, éd. P. Dorveaux, p. 40, 219); 1628 [date d'éd.] « injection d'un liquide dans le gros intestin » (A. Paré, Des Fièvres, ch. 5, éd. J.-Fr. Malgaigne, III, p. 86); 3. fig. 1877 « personne importune » (Zola, loc. cit.). Dér. de laver*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 77. |