| * Dans l'article "LARRON,, subst. masc." LARRON, subst. masc. I. A. − Vieilli. Voleur de grand chemin, brigand, pillard. On sait que les quatre Évangiles rapportent unanimement que Jésus fut crucifié entre deux larrons (P. Leroux, Humanité, t. 2, 1840, p. 816).Depuis les frontières de la Bretagne (...) des partisans tenaient la campagne, guetteurs de chemins, larrons, pillards, meurtriers, brigands (France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 453): 1. ... le brigandage est un danger avec lequel tout voyageur doit compter : aussi bien le marchand qui transporte ses marchandises que l'inoffensif pèlerin, menacé par des larrons qui ne se font pas scrupule de le détrousser...
Faral, Vie temps et st Louis,1942, p. 262. − [P. réf. aux deux malfaiteurs qui furent crucifiés avec Jésus Christ et dont l'un se repentit de ses crimes avant de mourir] Le bon, le mauvais larron. Rappelez-vous une pièce de Victor-Hugo, dans la Légende des siècles, où un sultan est sauvé parce qu'il a eu pitié d'un cochon; c'est toujours l'histoire du bon larron, béni parce qu'il s'est repenti (Flaub., Corresp.,1871, p. 296).Le miracle du bon larron fut, non pas qu'il pensât à Dieu, mais qu'il reconnût Dieu dans son voisin (S. Weil, Pesanteur,1943, p. 136). B. − Littér. Celui qui prend furtivement le bien d'autrui, voleur. Un pieux larron lui déroba [à Pie VII] une épingle, relique qui devait ouvrir au ravisseur les portes du ciel (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 398).Après le miroir et le peigne, qu'avait pris le mystérieux larron? (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 196).Il avait l'air non point du maître qui chemine dans sa propre demeure, mais du larron qui s'y introduit à la dérobée (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 187): 2. Je suis détruit, je suis perdu, je suis ruiné! Au voleur! Au larron! Au larron! Prenez-le! Arrêtez tous ceux qui passent! Fermez les portes et les fenêtres.
Camus, Esprits,1953, II, 7, p. 495. − Expressions ♦ S'entendre comme larrons en foire*. ♦ [P. allus. à la fable de La Fontaine : Les Voleurs et l'Âne] Le troisième larron. Celui qui profite d'un litige entre deux parties pour en tirer avantage. Il devinait l'impuissance des légitimistes et des orléanistes, sans distinguer avec netteté quel serait le troisième larron qui viendrait voler la république (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 82): 3. C'est [la comédie de Mélite] un ballet compliqué où nous voyons un prétendant, afin d'évincer son rival, lui montrer de fausses lettres de celle qu'il aime, qu'il prétend adressées à un troisième larron; ce qui ne peut manquer d'amener toutes sortes de catastrophes.
Brasillach, Corneille,1938, p. 76. − Proverbe L'occasion* fait le larron. − Vieilli. Larron d'amour. Séducteur. Si le roi Charles II n'était point fait pour être larron d'amour (...) Nelly était encore trop jeune (Dumas père, Laird de Dumbiky,1844, V, 1, p. 119). II. − Spécialement A. − PONTS ET CH. ,,Petit canal pratiqué pour l'écoulement des eaux d'un bassin, d'un étang ou d'une pièce d'eau`` (Jossier 1881). B. − TYPOGR. ,,Larrons. − Se dit des parcelles de papier ou d'un défaut dans la pâte à papier qui interceptent une partie de l'impression et pratiquent une fenêtre`` (Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 195). REM. Larronnesse, subst. fém.,rare. Voleuse. Quatre ou cinq larronnesses qui se disputaient à la même table un enfant volé dans la soirée (Hugo, N.-D. Paris,1832, p 100).Je courus aux Champs-Élysées : d'abord parurent des canons, sur lesquels des harpies, des larronnesses, des filles de joie montées à califourchon, tenaient les propos les plus obscènes et faisaient les gestes les plus immondes (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 222).Il n'y avait pas d'injures qu'elle n'adressât alors à la Vougne, la traitant de brigande et de larronnesse (Richepin, Miarka,1883, p. 84). Prononc. et Orth. : [laʀ
ɔ
̃]. Vieilli [-ɑ-] ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Land. 1834 et Gattel 1841, mais [-a-] ds Littré, DG et les dict. du xxes. [-ɑ-] < simplification de l'anc. [-ʀ
ʀ-] ayant provoqué un allongement compensatoire de la voyelle précédente (cf. G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 25). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. ladron, ladrun « voleur » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 163 et 223); 1130 larrun (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 4); d'où 1656 s'entendre ... comme larrons en foire (Molière, Dépit amoureux, III, 8); 2. 1176-81 « celui qui dérobe en cachette » larron ipocrite (Chrétien de Troyes, éd. M. Roques, 2739); 1660 larron d'honneur (Molière, Sganarelle, 21); 3. 1605 [éd.] technol. « canal ou déversoir pratiqué pour l'écoulement des eaux » (O. de Serres, 768 ds Littré); 1611 larron d'eau « id. » (Cotgr.); 4. 1690 typogr. (Fur.). Du lat. latronem acc. de latro, -nis « bandit, voleur ». L'a. fr. possédait en outre une forme de cas sujet lerre, ca 1140 fel e lere (G. Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 4898); cf. l'a prov. laire, lairon. Fréq. abs. littér. : 194. DÉR. 1. Larronneau, subst. masc.,,Petit larron, qui ne dérobe que des choses de peu de valeur`` (Ac.). Littér. (v. larron d'amour supra I. B).Je surveillais attentivement la morne et silencieuse ruelle; dans chaque cavalier qui la traversait, je pensais reconnaître un rival, un vil larronneau d'amour (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 191).− [laʀ
ɔno]. Att. ds Ac. dep. 1694. Au plur. des larronneaux. − 1resattest. 1487 « petit voleur » (Vocab. lat.-fr., Genève, Loys Garbin), 1524 (Le Pionnier de Seurdre, Bull. du Bibliophile 1896, 164 ds FEW t. 5, p. 201 b); de larron, suff. -eau*; a éliminé la forme plus anc. larronceau « id. » 1155 (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 12506 : robëur u laruncel). 2. Larronner, verbe trans.Voler, dérober [Bois-Doré :] ... elle [la Morisque] aurait dérobé cet objet à notre hôte? C'est chose que je ne puis souffrir, qu'il [d'Alvimar] soit larronné en ma maison (Sand,Beaux MM. Bois-Doré, t. 1,1857,p. 191).Si la T. inconnue du journal était Thérèse Brunsvik, il ne s'ensuit pas qu'elle ait été, en cette année, la préoccupation amoureuse de Beethoven, et que ce fût elle que concernât la confidence, larronnée par l'indiscrète Fanny Giannatasio dans le journal de Beethoven (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 543).Emploi abs. Il s'imaginait qu'il serait ministre de la dette publique, et en attendant, pillait et larronnait, pour s'y entraîner (L. Daudet, Sylla,1922, p. 214).− [laʀ
ɔne], (il) larronne [laʀ
ɔn]. − 1reattest. 2emoitié xiiies. [ms.] (La Contregengle ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, 261); de larron, dés. -er. 3. Larronnerie, subst. fém.Vol, pillage. Il eût voulu changer entièrement la distribution de la justice et que, lorsqu'il se découvrait quelque larronnerie grave, on pendît non point le voleur, mais le volé (Nerval, Nouv. et fantais.,1855, p. 186).− [laʀ
ɔnʀi]. − 1resattest. a) ca 1450 [1516 éd.] « repaire de voleurs » (Monstrelet, Chron., III, p. 78 a ds Gdf.) en m. fr. uniquement, b) début xvies. « acte de voleur » (Fossetier, Cron. Marg., ms. Brux. 10512, IX, III, 25, ibid.); de larron, suff. -erie*. |