| LAMINOIR, subst. masc. A. − MÉTALL. Machine formée de deux puissants cylindres d'acier tournant en sens inverse, entre lesquels on fait passer les masses de métal à laminer. Train de laminoirs. Pour terminer l'affinage du fer, on fait passer la masse au sortir du marteau-pilon dans une suite de laminoirs cannelés de plus en plus petits, qui donnent des barres de fer (Ch. Durand, Industr. minér. Lorr.,1893, p. 51).Dans certaines usines, (...) les lingots sont portés au laminoir presque aussitôt après la coulée (Bricka, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 294): Ils longèrent les forges. Des laminoirs sortaient des barres de fer rouge qui s'allongaient et se tordaient sur le sol, comme des serpents de feu. Les hauts-fourneaux déversaient leur coulée de métal en fusion, dont l'éclat brûlait les yeux...
Moselly, Terres lorr.,1907, p. 209. − P. métaph. La parole est un laminoir qui allonge toujours les sentiments (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 79).Le feuilleton est le laminoir de la pensée et de la phrase. Au lieu de tonifier la pensée et de serrer la phrase, le feuilleton les étend et les délave, tire dessus comme sur une étoffe (Goncourt, Journal,1858, p. 571). − P. anal. Machine qui par pression réduit l'épaisseur d'un objet, d'un matériau, d'une substance, ou en fait disparaître les irrégularités. Après le peignage les fibres [de chanvre] sont coupées à une longueur de 1 mètre, aplaties dans un laminoir et filées (Galopin, Lang. mar.,1925, p. 25).[Pour le glaçage,] le papier est intercalé entre des plaques de zinc, feuille à feuille, lorsqu'il y en a une certaine quantité (...) le tout est pris entre deux cylindres d'un laminoir (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr.,1932, p. 554). B. − Au fig. Moyen de contrôle sévère, de sélection rigoureuse. Il avait fini par ne plus posséder de livres qui résistassent à un tel traitement et fussent assez solidement trempés pour supporter le nouveau laminoir d'une lecture (Huysmans, À rebours,1884, p. 236). ♦ Passer au laminoir, (faire) passer qqn, qqc. au laminoir. Être soumis, soumettre (quelqu'un, quelque chose) à une discipline, à un examen sévère. Venez me voir, j'ai à vous parler du Médecin de campagne qui doit maintenant passer au laminoir de votre critique (Balzac, Corresp.,1834, p. 526).Je continue à passer ce désert au laminoir. Chaque point noir est une faute qui me tourmente (Saint-Exup., Courr. Sud,1928, p. 75). Prononc. et Orth. : [laminwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1643 « machine qui réduit en lames les métaux » (Arrêt du conseil, 5 août ds Littré); b) 1834 fig. passer au laminoir (Balzac, loc. cit.); 2. 1910 papet. (Lar. pour tous). Dér. de laminer*; suff. -oir*. Fréq. abs. littér. : 36. |