| LAIT, subst. masc. I. − Liquide physiologique, blanc, opaque, légèrement sucré, de densité supérieure à celle de l'eau, sécrété par les glandes mammaires de la femme et des mammifères femelles. A. − [La sécrétion se produit naturellement après la parturition] 1. [Lait considéré comme aliment naturel du nouveau-né, sécrété par les glandes mammaires de la femme] Lait maternel; gorge gonflée de lait; nourrir un enfant de son lait; avoir beaucoup, peu de lait. Achetez-moi ces numéros; c'est pour donner un morceau de pain à ma femme, à ma pauvre femme, qui n'a presque plus de lait pour son enfant (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 67).Une jeune mère (...) maigre et pâle, donnait le sein à un enfant malingre. L'enfant, qui ne trouvait plus de lait, criait, mais ses cris étaient faibles et les sanglots l'étouffaient (France, Dieux ont soif,1912, p. 74).L'enfant sevré n'est pas ingrat s'il repousse le sein de sa mère. Ce n'est plus du lait qu'il lui faut (Gide, Nouv. Nourr.,1935, p. 297): 1. La mère, grande et droite comme la tige du sapin de ces montagnes, forte, puissante, et telle qu'on se figure la mère du genre humain, s'applaudissait d'avoir mis au jour douze enfants, de les avoir tous et longtemps abreuvés de son lait.
Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 177. ♦ Lait colostral. Synon. colostrum.Il y a, en effet, beaucoup plus de protéines et de sels minéraux dans le lait des premiers jours, appelé lait colostral, et beaucoup moins de lipides et de lactose, que dans le lait du 30ejour, appelé lait parfait (Livre d'or pour une future maman, Paris, Éd. du Livre d'or, 1978, p. 25). ♦ Croûte*(s) de lait. ♦ Tire-lait*. ♦ Fièvre de lait. Fièvre apparaissant chez la mère lors de la montée du lait. Il avait perdu en très bas âge son père et sa mère. Sa mère était morte d'une fièvre de lait mal soignée (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 106). ♦ Fille, frère, sœur de lait. Enfant qu'une femme nourrit de son lait en même temps que son propre enfant. Cette maison, c'est celle qu'habitait ma nourrice (...) c'est celle où j'ai été élevée, avec une petite sœur de lait qui est morte (Dumas père, L. Bernard,1843, I, 2, p. 202): 2. ... encore une, celle-là, qui lui devait une belle chandelle! Fille séduite dont l'enfant était mort, nourrice de Séverine qui venait de coûter la vie à sa mère, plus tard femme d'un chauffeur de la compagnie, elle vivait mal, à Paris, d'un peu de couture, son mari mangeant tout, lorsque la rencontre de sa fille de lait avait renoué les liens d'autrefois, en faisant d'elle aussi une protégée du président...
Zola, Bête hum.,1890, p. 12. ♦ Dent(s), incisive(s), molaire(s) de lait. Première(s) dent(s) des enfants destinée(s) à tomber vers l'âge de six-sept ans. Le frêle petit crâne était fracassé comme une noix, c'était un enfant de huit ans, et quelques dents de lait tiennent encore à la mâchoire (Claudel, Annonce,1912, p. 18). ♦ Loc. [En parlant d'un enfant, d'un adolescent qui prétend agir, se comporter en adulte] Si on lui pressait/serrait/tordait le nez, il en jaillirait/sortirait du lait. Un moutard (on lui presserait le nez, il en sortirait du lait) qui voudrait m'empêcher d'aller aux cabinets et de faire mes nécessités! (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 2etabl., 2, p. 66).Chacun, sans malice, lui rabattait le caquet : « Si l'on te pressait le nez, il en sortirait du lait » (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 77): 3. Ce tas de morveux! ça se convoque sur la place du Panthéon! vertu de ma vie! des galopins qui étaient hier en nourrice! si on leur pressait le nez, il en sortirait du lait! où va-t-on? Il est clair qu'on va à l'abîme.
Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 828. Var. « Sacrés jean-foutres de blancs-becs! », grogne le facteur, en promenant autour de lui un œil courroucé. « Le lait leur coule encore des narines, et ça voudrait déjà chambarder tout! » (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1094).♦ Loc. proverbiale Le vin est le lait des vieillards. Le vin donne aux vieillards des forces, les soutient. Un quasi centenaire de mon pays, qui savoure chaque jour son petit verre d'Armagnac, a coutume de dire : c'est le lait des vieillards (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 51). ♦ P. euphém. Lait noir. Boisson alcoolisée. Buvez du whisky, qui est un remède contre la morsure du serpent. C'est la consolation de ceux qui sont seuls et dont personne n'a souci. Buvez le lait noir! C'est un bon conseil que je vous donne! C'est bon! (Claudel, Échange,1894, III, p. 703). 2. [Lait considéré comme aliment naturel des jeunes animaux, sécrété par les glandes mammaires des femelles des mammifères] La Moune [une vieille chatte ] considère cela [ses deux chatons morts] sans s'émouvoir; le lait n'est pas monté : c'est le secret de son indifférence. À la montée du lait commence l'amour maternel (Gide, Journal,1912, p. 364): 4. ... ils [les petits chiens et les petits chats] savent ramper entre ses jambes, pour aller chercher le mamelon; ils ne se trompent, ni sur sa forme, ni sur la nature du service qu'ils en attendent, ni sur les moyens d'en exprimer le lait.
Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 106. ♦ Agneau, cochon, veau de lait. Jeune animal qui tète encore, ou qui est nourri exclusivement au lait. Longe de veau de lait aux champignons. M. de Courtin ajoute que « dans un cochon de lait, ce que les plus friands y trouvent de meilleur est la peau et les oreilles » (France, Vie fleur,1922, p. 488).La petite fille, une main au cou d'un veau de lait attaché au râtelier, ignorant s'il tétait encore ou non, lui offrait de l'autre une poignée d'herbe (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 173). ♦ Dent(s), molaire(s) de lait. Première(s) dent(s) des jeunes animaux : 5. Dans l'éléphant des Indes, les défenses de lait tombent le douzième ou le treizième mois; celles qui leur succèdent croissent toute la vie. Les molaires de lait paroissent huit ou dix jours après la naissance.
Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 136. 3. Au fig. Première nourriture spirituelle. Une meilleure philosophie mettra toutes ces vérités sous les sens, et elle en fera à la fois le lait de l'enfance et le pain des forts (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 182).Jacques apportait le plus efficace des cordiaux : une bouffée toute chaude de cet air de France, l'atmosphère de la famille, de l'enfance, lait nourricier qui réconforte l'homme dans l'épreuve (Vogüé, Mort,1899, p. 255). ♦ Loc. Sucer avec le lait une philosophie, une doctrine, une opinion, etc...; boire, sucer le lait d'une philosophie , d'une doctrine, etc... La recevoir dès la plus tendre enfance. Vous avez sucé dans vos lycées le lait de la révolution, et vos idées politiques peuvent s'en ressentir (Balzac, Lys,1836, p. 103).Son fils aîné, ainsi que son second fils, l'abbé de Lamartine, élevés l'un et l'autre dans les doctrines du dix-huitième siècle, avaient sucé, dès leur enfance, le lait de cette philosophie qui promettait au monde un ordre nouveau (Lamart., Confid.,1849, p. 35): 6. En lui, l'homme civilisé se révoltait, la force acquise de l'éducation, le lent et indestructible échafaudage des idées transmises. On ne devait pas tuer, il avait sucé cela avec le lait des générations...
Zola, Bête hum.,1890, p. 205. B. − [La sécrétion est obtenue de manière continue et indépendamment de la parturition] 1. Produit de la sécrétion mammaire de certains mammifères domestiques, obtenu par une ou plusieurs traites et qui est destiné à la consommation humaine. Le renne moussivore offre au lapon, dans ses quatre mamelles, un lait plus épais que celui de la vache (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 73).La Perrine tira un gros verre de sa poche, appela une des biquettes. C'était bon, ce lait qui moussait (Pourrat, Gaspard,1931, p. 103): 7. ... on n'avait pas d'autre lait que celui de la chèvre, pour le déjeuner du matin. − Les premiers jours, on le trouve un peu fort, affirmait-elle, mais après on s'y habitue bien : c'est du lait...
Bosco, Mas Théot.,1945, p. 40. ♦ Lait de + subst.[Le subst. indique de quel mammifère provient le lait] Lait de bufflonne, de chamelle, de louve. Avez-vous bu du lait de martre zibeline?... Ah! buvez du lait de martre zibeline... C'est tellement ravissant! (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 207).J'ai vu en Amérique du sud des lépreux boire du lait de vache, d'ânesse, de jument, de chèvre, de brebis et même de vigogne sans en ressentir aucun effet contraire (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 227). ♦ En partic. [Lait destiné à un autre usage que l'alimentation] L'arme sérieuse et presque unique de la femme est sa beauté, et (...) cette arme demande à être soigneusement entretenue, [la coquette] demanda un bain de lait (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 167).La foule était invitée à voir préparer le lait pour le bain. Cent ânesses se laissaient traire (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 614). ♦ P. métaph. C'est parce que c'est leur petit bain de lait l'idée d'un grand artiste miné par la misère et que sa grandeur seule rend inapte (...) à gagner six mille malheureux sous (Villiers de L'I.-A., Corresp.,1888, p. 237). 2. a) [Gén. en emploi abs. car la dénomination lait est réservée exclusivement au lait de vache] Produit de la sécrétion mammaire de la vache laitière destiné à la consommation humaine. Au point du jour, les paysans qui descendaient leur lait et leurs denrées à la ville, aperçurent, en traversant le pont de pierre, un cadavre de jeune femme (Borel, Champavert,1833, p. 154).Un bruissement lointain de liquide, une odeur de roussi fade et vaguement sucrée, de lait bouillant débordant sur le feu (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 290).Tout ce qui se fait avec le lait : beurre, crème, petit-lait, lait caillé, fromages frais et fromages durs (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 169): 8. ... les deux Malivoire, mère et fille, à genoux sous le ventre de la vache, tirent par un vif mouvement des mains sur le pis gonflé, qui jette, à chaque pression, un mince fil de lait dans le seau. La mousse un peu jaune monte aux abords et les femmes vont de bête en bête jusqu'au bout de la longue file.
Maupass., Contes et nouv., t. 1, Aveu, 1884, p. 159. SYNT. Lait aigre, aigri, crémeux, frais, fumant, impur, mousseux, pur; bol, bouteille, cruche, jatte, litre, pot, tasse, verre de lait; conservation, consommation, contrôle, coupage, production, ramassage, stérilisation du lait; écume, crème du lait; battre le lait; boire, faire bouillir, faire tourner, frelater, tirer, verser du lait; lait qui se sauve; régime du lait; cure de lait; chat qui lape du lait; aller acheter son lait. ♦ Au lait. Additionné de lait, ou cuit avec du lait. Chocolat, petit pain, potage, purée au lait; tremper un croissant dans un café au lait. Cottard essaya, pour calmer l'agitation de sa malade, le régime lacté. Mais les perpétuelles soupes au lait ne firent pas d'effet parce que ma grand'mère y mettait beaucoup de sel (Proust, Guermantes 1,1920, p. 298).Il y a dans tous les coins des bassines de riz. Il paraît que c'est du riz au lait (Malraux, Espoir,1937, p. 854): 9. ... les ouvriers ne manquent jamais, lors de la sortie d'une nouvelle tablette-régal ou d'un goûter-au-lait d'une forme moderne, de venir offrir à ces demoiselles les fleurs vigoureuses de la montagne...
Aragon, Beaux quart.,1936, p. 9. − Expr. fig. ♦ S'emporter, monter comme une soupe au lait. Se laisser aller à de brusques mouvements de colère. C'est que je ne l'ai pas laissé parler; je me suis emporté comme une soupe au lait, et je suis parti (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 216).Son seul défaut c'était sa pétulance. Il montait... montait, ainsi qu'une soupe au lait, alors qu'il s'apercevait que des religieux n'observaient pas la règle (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 64). ♦ Monter en soupe au lait (rare). La colère de Grande montait en soupe au lait et ne durait guère. Du reste, Gaspard ne le laissa pas la remettre sur le feu (Pourrat, Gaspard,1922, p. 84). ♦ Au fig. Soupe au lait. Personne qui s'emporte rapidement. Quelle mouche a piqué ce... ce... A-t-on idée d'un tel emportement? Une soupe au lait. Une vraie soupe au lait. Car enfin... enfin, oui, c'est stupide, c'est ridicule... (Arland, Ordre,1929, p. 391).« Soupe au lait », sa vengeance se dégrade facilement en injure, qui reste sans lendemain (Mounier, Traité caract.,1946, p. 293). ♦ Vache à lait. Vache laitière. Au fig. Personne, chose que l'on exploite. Les Français sont-ils aujourd'hui plus heureux et plus libres qu'ils ne l'étaient avec moi? Payent-ils moins d'impôts. Quelle vache à lait que cette France! (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 228).Ne lâchons pas l'enfant. Voilà que cette mauviette va devenir une vache à lait (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 248). ♦ Pot au lait. [P. allus. à la fable de La Fontaine : La laitière et le pot au lait] Mais j'avoue que je regrette les milles francs que j'aurais pu gagner. Mon petit pot au lait est brisé. Je voulais renouveler le mobilier de Croisset; bernique! (Flaub., Corresp.,1874, p. 128): 10. ... après une première superbe et semblant annoncer cent représentations, après un chorus laudatif de toute la critique et tous les rêves qu'on avait le droit de faire, maigre recette de deux mille et quelques cents francs... C'est le pot au lait de Perrette, qui se casse dans le ménage!
Goncourt, Journal,1860, p. 778. − Petit lait. Synon. lactosérum (s.v. lact(i)-, lact(o)-).V. crémoir ex. de Zola, Terre, 1887, p. 439 : 11. Je suis parti de bonne heure, à l'heure solaire toutefois, pour assister à l'arrivée du lait, voir le ventre de l'usine engloutir le flot blanc et d'organe en organe le séparer en ruisselets de crème et de petit lait, le rafraîchir, le mûrir, le muer à la fin en beurre, mottes fermes et onctueuses...
Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 213. ♦ Au fig. Boire* du (petit) lait : 12. On était comme une terre éclairée, chauffée du soleil, arrosée des bonnes pluies tièdes de printemps, des bonnes pluies tièdes d'automne. (...) On était dans la joie, tu comprends. On pleurait de joie. Tu en aurais pris pour ton grade. On pleurait de joie. On se rendait. On pleurait de grâce. Tout le monde. On buvait ce lait. On se ravitaillait, on se rassassiait, on se baignait dans cette grâce.
Péguy, Myst. charité,1910, p. 144. ♦ Boire le lait des paroles de qqn. Boire les paroles de quelqu'un. Heureux ceux qui buvaient le lait de vos paroles (Péguy, Myst. charité,1910p. 47). ♦ Bouillir* du lait à qqn. ♦ Avaler qqc. comme du lait doux. Écouter avec délectation des louanges, des compliments; entendre avec indifférence des choses désagréables. Un bel esprit ridicule. Lui ai dit les choses les plus fortes, qu'il a avalées comme du lait doux (Barb. d'Aurev., Memor. 2,1839, p. 234). − [P. allus. à la Bible, Nombres 13, 27] Israël au milieu de ses champs dévastés et de ses citernes sèches ronge le cuir de ses sandales et continue dans une terre promise, jadis coulant de lait et de miel, mais dont aujourd'hui la mer morte constitue la principale curiosité, son épouvantable hivernage (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 79). b) INDUSTR. LAITIÈRE ♦ Lait (industriel) humanisé, maternisé. Lait de vache dont la composition est modifiée afin de la rapprocher de celle du lait de femme : 13. ... le lait colostral des premiers jours et la sécrétion qui lui fait suite, c'est-à-dire le lait de transition, ont une composition tout à fait différente de celle d'un lait industriel dit maternisé. Il serait d'ailleurs fortement souhaitable que ces laits maternisés puissent disposer d'une formule du premier âge (0 à 30 jours ou 40 jours) qui copieraient la concentration du lait colostral, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Livre d'or pour une future maman, Paris, Éd. du Livre d'or, 1978, p. 25. ♦ Lait concentré, condensé. Lait (homogénéisé pour éviter la séparation de la crème et du lait) obtenu par l'évaporation partielle de l'eau contenue dans le lait. Caisse, tube de lait condensé; être friand de lait concentré. [Il] fit chauffer du lait condensé étendu d'eau (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1616). ♦ Lait concentré sucré. Lait obtenu par addition d'une solution de saccharose avant l'évaporation de l'eau : 14. ... souvent, on ajoute du sucre dans le lait concentré (laits concentrés sucrés). Ces laits concentrés ont une valeur énergétique très grande sous un faible volume et ils sont constitués par les principes nutritifs du lait; pour les utiliser on peut les diluer avec de l'eau, et on obtient un aliment qui rappelle le lait, mais qui est moins riche en vitamines et en diastases.
R. Lalanne, Alim. hum.,1942, p. 77. ♦ Lait écrémé. Sous-produit de la fabrication du beurre et qui ne contient plus que des traces de matières grasses. La caséine contenue dans le lait écrémé, résidu de la fabrication de crème, premier stade de la préparation du beurre, est une protéine de haute valeur alimentaire (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 66): 15. Le lait écrémé. Pour fabriquer le beurre, on retire la crème, c'est-à-dire les matières grasses du lait; le lait écrémé ainsi obtenu est beaucoup moins riche que le lait entier...
R. Lalanne, Alim. hum.,1942p. 76. ♦ Lait en poudre. Lait (entier, écrémé ou partiellement écrémé) qui est d'abord pasteurisé, concentré puis réduit en poudre par évaporation rapide et quasi-totale de l'eau. Par dessiccation presque complète du lait, on obtient le lait en poudre, aliment très riche, qui possède les principes nutritifs du lait à des concentrations six à huit fois plus fortes, sauf en ce qui concerne les vitamines, qui se trouvent partiellement détruites au moment de la fabrication. Ces laits desséchés se conservent bien s'ils sont à l'abri de l'air, mais ils rancissent assez vite dans le cas contraire (R. Lalanne, Alim. hum.,1942p. 77). ♦ Lait pasteurisé. Lait ayant subi un traitement thermique afin de détruire la majeure partie de ses germes microbiens, mais qui ne peut se conserver que deux jours. Dans les grandes villes, les laits sont pasteurisés, c'est-à-dire traités par la chaleur qui détruit la plus grande partie des microbes présents, (et malheureusement aussi une fraction des vitamines) (R. Lalanne, Alim. hum.,1942p. 76). ♦ Lait stérilisé. Lait dont les germes vivants sont totalement détruits par un traitement thermique approprié et qui peut être conservé pendant plusieurs mois. Il vaut mieux recourir au lait stérilisé industriel qui a l'avantage d'être chauffé aussitôt après la traite et d'être d'une conservation extrêmement longue (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 242). 3. Littéraire a) [P. compar. de couleur] Subst. + de + lait.Qui a la blancheur du lait. Bras, cou, doigts de lait; chair, peau de lait; corps, visage de rose(s) et de lait. Vingt ans, adorablement blonde, des yeux bleus, un teint de lait, rayonnante, d'une santé divine (Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 21).Si ses yeux avaient pu traverser l'ombre et l'épaisseur des objets, elle aurait pu voir le corps du dormeur, son grand corps d'un blanc de lait (Green, Moïra,1950, p. 38). b) [P. compar. dans le domaine du toucher] Qui a la douceur du lait. Mais cet enfant si bienveillant, tout de lait, bientôt pour assurer sa vie va commencer l'indéfinie série des meurtres (Barrès, Cahiers, t. 1, 1896, p. 125).Parle encore! Maintiens à toutes les issues de mon âme cette parole de lait! (Claudel, Ours et lune,1919, 1, p. 591). II. − P. anal. A. − Liquide blanc, ayant l'apparence du lait et se trouvant dans certains fruits, certaines plantes (v. latex). Lait de concombre, de palme. J'ai vu de même recueillir la résine des pins, la gomme maladive des merisiers, le lait des figuiers élastiques, le vin des palmiers étêtés (Gide, Nourr. terr.,1897, p. 214).Si l'on m'avait ouvert la poitrine, il en aurait coulé de l'amour, comme cette sorte de lait qui coule de certaines plantes, quand on en brise la tige (Montherl., Reine morte,1942, II, 2etabl., 5, p. 199). ♦ Lait d'un œuf (à la coque). Albumen légèrement coagulé qui apparaît sur un œuf à la coque lorsque celui-ci est frais. Dégoûtée elle ne sentira ni un poisson qui n'est plus de la première fraîcheur, ni un œuf qui n'a plus son lait (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 300). ♦ Lait de (noix de) coco. Albumen, liquide blanc, sucré, agréable, rafraîchissant, contenu dans la noix de coco. Riz accommodé au sucre et au lait de coco. Pour les épicuriens de la Polynésie, le lait de noix de coco et ses nombreux dérivés sont indispensables à la préparation de la viande, des légumes et des puddings (Lowie, Anthropol. cult., trad. par G. Métraux, 1936, p. 79). ♦ En lait.Trop jeune, pas encore mûr. Il boit la force dans la flamme. Par elle uniquement, par sa vertu seule il corse et durcit ses grains encore en lait, il compose en eux, sous la pellicule amincie, la farine future (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 140). B. − Émulsion, préparation ayant l'apparence du lait. ♦ Lait d'amande(s). Émulsion d'amandes (douces ou amères). Potage à la bisque et au lait d'amandes; fécule au lait d'amande. Les pâtés de viandes légères vont, en été, avec du lait d'amandes, du verjus, une pincée de poudre d'épices douces et un œuf battu mêlé à l'aigret (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 171). ♦ Lait de poule. Préparation adoucissante composée de jaunes d'œufs délayés dans de l'eau chaude (parfois du lait) sucrée, aromatisée (d'eau de fleur d'oranger) et utilisée dans le traitement des grippes, des rhumes ou comme fortifiant pour les convalescents. Toujours à crier, à faire le chien de garde, à leur tourner autour avec des lainages pour qu'elles ne prennent pas froid ou des laits de poules pour les rendre fortes (Anouilh, Antig.,1946, p. 141). ♦ Lait démaquillant, de beauté, de toilette. Préparation (semi-) fluide, blanche, destinée à adoucir, nettoyer l'épiderme. Les journaux du siècle dernier n'offraient que des recettes semi-culinaires d'eaux et de laits de beauté (Civilis. écr.,1939, p. 34-6).On utilise également des lotions adoucissantes et des laits de beauté. Ces derniers sont en particulier employés pour le démaquillage du soir (QuilletMéd.1965, p. 316). ♦ Lait de chaux*. Toutes les maisons de la ville, comme pour fêter notre venue venaient d'être passées au lait de chaux (Gide, Si le grain,1924, p. 558). ♦ Lait de ciment. Suspension de ciment dans de l'eau. Synon. laitance (v. ce mot B).On garnit les joints en coulant sur la surface un lait clair de ciment qu'on étend au balai (Bourde, Trav. publ.,1929, p. 118). C. − BOTANIQUE 1. Lait du diable, lait de couleuvre. Synon. euphorbe. 2. Lait d'âne. Synon. laiteron (Gatin 1924). 3. Arbre à lait. C'est à M. de Humboldt que l'on doit la découverte de l'arbre si curieux le Palo di vacca, arbre à lait ou à vache, qui fournit un très-bon lait, et qu'il a trouvé dans la province de Venezuela (B. Delessert, in Annales des Sciences nat., XX, 1830, p. 59 ds Quem. DDL t. 21). Prononc. et Orth. : [lε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1remoitié xiies. « liquide sécrété par les glandes mammaires » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, 118, 70); ca 1256 aigniel de lait (Régime du corps, 124, 20 ds T.-L.); 1538 frère, sœur de lait (Est.); 2. 1558 « première nourriture de l'esprit » (Du Bellay, Regrets, éd. J. Jolliffe, 9, p. 66); 3. a) 1552 petit lait (Est.); 1751 lait de poule (Aubert de La Chesnaye des Bois, Dict. univ. d'agriculture, p. 314); 1873 lait concentré (Lar. 19e); b) 1579 avaler doux comme lait « recevoir avidemment des louanges » (Larivey, Esprits, V, I); 1853 boire du lait « id. » (Labiche, Chasse corb., III, 7, p. 335); 1948 boire du petit lait « id. » (A. Bonnerot d'apr. FEW t. 5, p. 112a). B. 1. xiiies. lait d'amandes (Bataille de Caresme et de charnage, éd. G. Lozinski, 489); xiiies. « suc blanc qui se trouve dans les végétaux » (Livre des simples médecines, éd. P. Dorveaux, 396); 1611 laict virginal « produit de beauté pour la peau » (Cotgr.); 2. 1599 « plante » (Hornkens, Recueil de dict., p. 303); 1845 lait de couleuvre « variété d'euphorbe » (Besch.). Du lat. pop. lactem, acc. de déclinaison masc. ou fém. du lat. neutre lac, lactis « lait, suc laiteux des plantes ». Fréq. abs. littér. : 2 832. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 428, b) 3 604; xxes. : a) 4 219, b) 4 649. Bbg. Quem. DDL t. 16, 19, 20. |