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LAIDERON, subst. masc.
Jeune fille ou jeune femme laide. Un laideron qu'on n'eût pas honoré d'un regard dans la rue (Stendhal, Amour,1822, p. 47).Un laideron rencontre toujours un amoureux qui la déclare belle, et la voit ainsi (Amiel, Journal,1866, p. 198).Un laideron autrefois, une fille rudement plaisante à cette heure (Zola, Terre,1887, p. 351):
Les Athéniennes ne sont ni belles ni bien faites; elles n'ont ni la physionomie spirituelle des Françaises, ni la beauté large et opulente des Romaines, ni la délicatesse pâle et morbide des femmes turques. On ne voit guère dans la ville que des laiderons au nez camard, aux pieds plats, à la taille informe. About, Grèce,1854, p. 46.
Au plur., rare. [Pour désigner à la fois un homme et une femme laids] Ils étaient mariés depuis quelques mois, et ces deux laiderons étaient épris l'un de l'autre (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 516).
Rem. L'usage a hésité sur le genre. Les dict. du xixes. le déclarent fém., notamment Littré, Ac. 1878, DG. Masc. ds Ac. 1935. L'usage est hésitant au xixes.; aujourd'hui, le masc. l'a emporté. Ce n'est pas ma faute, mon cher ami non marié, si vous n'avez pas reçu une longue lettre sur la divine laideron Pisaroni (Stendhal, Corresp., t. 2, 1806, p. 317). Le moyen d'espérer qu'il s'intéresserait à une laideron naïve des bords de l'Ilissus? (About, Roi mont., 1857, p. 42). Est-ce croyable! Je vous le demande! Une laideron pareille! (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 187).
REM.
Laideronne, subst. fém.,synon. vieilli.Laideronne : par ce féminin, le peuple achève de faire vivre le mot laideron (Gourmont,Esthét. lang. fr.,1899,p. 152).Il est ton ami. À la beauté de ton épouse il consentira un sacrifice. L'attristerait si fort de se défaire de son trésor entre les mains d'une laideronne (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 988).
Prononc. et Orth. : [lεdʀ ɔ ̃], [le-]. Ac. dep. 1694 laideron, subst. masc. (Ac. 1718, 1740, avec des ex. au fém., et 1935) et fém. (Ac. 1694 et 1762-1878). Béranger, Chans., t. 3, 1829, p. 243 : laidron. Étymol. et Hist. 1. a) Fém. av. 1544 layderon (Cl. Marot, Epigramme, CXLII, 2, éd. C. A. Mayer, p. 227); b) masc. 1769 laidron (J.-J. Rousseau, Confessions, VII, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 1, p. 315); 2) av. 1692 laideronne (Tallemant des Réaux, Historiettes, IX, 18 ds Fonds Barbier). Dér. de laide, fém. de laid*; suff. -(er)on*. Fém. à l'orig., le mot est devenu masc. sous l'infl. du suff. -on, gén. réservé à la formation de dér. masc. L'hésitation du genre du mot explique la création d'un correspondant fém. laideronne. Fréq. abs. littér. : 52. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 56. - Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1929, t. 41, p. 132.