| LACET, subst. masc. A. − 1. Cordon étroit utilisé pour attacher quelque chose. Il (...) balançait son paquet de livres au bout d'un lacet de cuir étroit et bouclé comme un bridon anglais (Fromentin, Dominique,1863, p. 66).Sa jaquette noire croisait sur un gilet à fond blanc coupé par le lacet flottant du monocle (Hamp, Champagne,1909, p. 218). − MAR. ,,Cordage servant à lacer une bonnette ou une voile additionnelle à une voile principale`` (Gruss 1952). 2. En partic. a) Cour. Cordon étroit, plat ou rond, que l'on passe alternativement dans les trous (munis d'œillets) disposés sur les deux parties d'un vêtement, dans les trous ou les crochets d'une chaussure afin de les rapprocher pour serrer et fermer. Défaire, dénouer, rattacher un lacet; lacet de cuir, lacet de chaussure; chaussures à lacets. Combien les femmes cassent-elles de lacets quand elles s'ennuient? Si du moins on pouvait étrangler l'ennui avec ces lacets rompus! (Barb. d'Aurev., Memor. 2,1838, p. 281).Se baissant, elle feignit de renouer un lacet, pour qu'on s'expliquât ce sang à ses joues (Montherl., Songe,1922, p. 65). b) P. anal. (avec la disposition d'un lacet de vêtement, de chaussure). Ligne sinueuse présentant des courbes dirigées alternativement en sens contraire. Un ruban de fumée, décrivant des cercles, des oves, des spirales, des lacets (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 221).Le fleuve reprenait son cours. Et l'on voyait, sur ce long lacet capricieux, glisser de lourdes nefs (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 25): Au bout du terrain vague qui séparait les deux réseaux, juste sur la ligne allemande dont on apercevait encore le lacet sinueux dans la fumée, les obus tapaient à coups furieux...
Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 44. ♦ Enlacets(s). Descendre, monter en lacets(s). Il est (...) bien évident que l'obstacle ne doit pas être abordé de front, qu'il faut tourner les pentes trop raides et cheminer en lacets (P. Lavedan, Urban.,1926, p. 43). − En partic., gén. au plur. Tournant d'une route qui présente un tracé sinueux, contourné pour permettre de gravir plus aisément une pente. Lacets raides, rapides; route en lacets. D'interminables lacets nous conduisent au fond de la vallée (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 183).La route [romaine] ignore, autant que faire se peut, virages et lacets; elle grimpe raide à flanc de coteau (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 51). − Mouvement de lacet, p. ell. lacet. Mouvement d'un véhicule (locomotive, avion) autour d'un axe perpendiculaire aux axes de roulis et de tangage. Au mouvement général de translation dont elle [la locomotive] est animée se superposent des mouvements oscillatoires (...) connus sous les noms de galop, de roulis, de recul et de lacet (Herdner, Constr. et conduite locomot., t. 1, 1887, p. 50). 3. Spécialement a) PASSEMENTERIE − Tresse plate de passementerie unie ou ouvragée. Robe de cachemire pâle, bleue, avec garniture de lacet de soie blanc (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 811). − Cordon de fil utilisé pour la confection de dentelle d'imitation. Dentelle au lacet. Les lacets ou engrêlures utilisés pour les dentelles au lacet se font en coton ou en lin (Lar. 20e). b) Petite broche métallique servant à unir les deux parties d'une charnière. (Dict. xixe, et xxes.). 4. Arg., vieilli. Poucette, menotte. Marchand de lacets. Gendarme. Les gens de police sont des railles, puis des roussins, puis des rousses, puis des marchands de lacets (...), puis des cognes (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 199). B. − 1. Littér. Cordon servant à étrangler quelqu'un, traditionnellement dans le monde moyen-oriental. L'eunuque, l'arrêtant sur le seuil de la porte, lui présente le lacet : « Le sultan veut que vous mouriez sur l'heure, » lui dit-il (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 369).Elle parlait comme une qui est à l'article de la mort, qui avoue tout, puis se passe le lacet au cou et se pend (Giono, Baumugnes,1929, p. 180). − Au fig. C'est extraordinaire que personne jusqu'ici n'ait soupçonné l'épouse du vieux roi (...) d'avoir passé, de sang-froid, le lacet autour du cou de Racine, lorsqu'elle lui demanda de coucher par écrit ses touchantes réflexions sur le pauvre peuple (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 207). 2. Cordon noué en nœud coulant pour capturer le gibier. Prendre, chasser au lacet; les lacets de l'oiseleur. Est pareillement prohibé l'emploi de lacets ou collets (Code pêche fluv.,1875, p. 58).Le braconnier avait résisté : peu de temps avant sa mort, il se traînait jusqu'à une petite vigne, sur le coteau de Jurançon, pour y visiter des lacets à grives qu'il y avait tendus (Jammes, Mém.,1922, p. 122). − Au fig., gén. au plur. Synon. filet, piège.Madame de Vaubert commençait à se demander si ce n'était pas elle qui allait se trouver enveloppée dans ses propres lacets (Sandeau, Mlle de La Seiglière,1848, p. 235).[Les] lacets de l'histoire (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 129). C. − MATH. Lacet d'un espace topologique ou du plan complexe. ,,Chemin dont l'origine est égale à l'extrémité`` (Bouvier-George Math. 1979). Prononc. et Orth. : [lasε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1315 « cordon étroit servant à attacher, à ajuster certaines parties du costume » (ds J. Richard, Mahaut, comtesse d'Artois, 1887, p. 396 : pour lacés et boutons); 2. ca 1380 « entrelacs de crins de cheval tendus pour capturer les oiseaux » (J. Lefèvre, Vieille, 42 ds T.-L.); 3. a) 1342 « petite ferrure servant à maintenir une pièce de charpenterie » (Arch. nat., KK 393, fo93 ds Gdf., s.v. lache 1); b) 1416 « broche qui réunit les deux parties d'une charnière » (Béthune, ap. La Fons, Art. du nord, p. 89, ibid.); 4. a) 1866 les lacets... de la route (Amiel, Journal, p. 402); b) 1867 mouvement de lacet [d'un chemin de fer] (Littré); 1870 (Mérimée, Et. de litt. russe, t. 2, p. 213 : les lacets [...] trop fréquents sur nos rails). Dér. de lacs*; suff. -et*. Fréq. abs. littér. : 315. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 159, b) 452; xxes. : a) 466, b) 680. Bbg. Quem. DDL t. 16. |