| LACER, verbe trans. A. − 1. Attacher les deux parties d'un objet (généralement un vêtement, une chaussure) au moyen d'un lacet qui passe alternativement de l'une à l'autre. Sa voile était de toile; les lés n'en étaient point cousus, mais lacés dans le sens de la longueur (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 2).Il laçait ses souliers, assis à son ordinaire, sur la dernière marche de l'escalier (Peyré, Matterhorn,1939, p. 187): Elle, serrée dans un corset qu'elle ne laçait qu'une fois par semaine, s'en allait droite, la taille étranglée, les épaules larges, les hanches saillantes, en se dandinant un peu.
Maupass., Contes et nouv., t. 1, Martine, 1883, p. 110. ♦ Emploi pronom. passif. Un corset, un cache-corset, et un pantalon vareuse qui se lacent ou se boutonnent par derrière (Giraudoux, Folle,1944, I, p. 69). − En partic., vx. Lacer une femme. Lui lacer son corset. Se faire lacer. Te lacer! Te voir aller et venir dès l'aube en chemise, mirant ton front jeune à ton vieux miroir! (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 338).M. Gros, ce bon curé par qui Mmede Warens quelquefois, se faisait lacer, lui rendit son jeune pensionnaire (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 53). ♦ Emploi pronom. réfl. Elle se laça droit, sans passer d'œillets (Balzac, E. Grandet,1834, p. 79). − Part. passé en emploi adj. Qui se ferme au moyen d'un lacet. Corsage lacé dans le dos. Il me dégoûtait trop, avec ses bottes lacées et ses gants paille (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 262). 2. MAR., vieilli. Lacer (une bonnette, une voile). Synon. transfiler.On lace une bonnette à la basse voile quand il fait beau temps et qu'il vente très peu (Jal1). B. − Rare, littér. 1. Serrer étroitement. Synon. enlacer.Le haubert (...) lace Sa poitrine lasse (Moréas, Pèlerin pass.,1891, p. 31). − Emploi pronom. réciproque. Synon. s'enlacer, s'entrelacer.Ses cent lianes se lacent, s'entremêlent, se nouent, se nattent en une sorte de câble difforme et tortu (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 77). − Part. passé en emploi adj. Ces paraphes compliqués, lacés, relacés, de la prétention bourgeoise (H. Bazin, Vipère,1948, p. 146). 2. [Constr. avec un compl. prép. locatif] Attacher étroitement. Ils s'embrassaient en se laçant les bras autour des épaules (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 197). − Au fig. Les ravissements qui les laçaient jadis l'un à l'autre (Huysmans, Sœurs Vatard,1879p. 272). C. − Lacer (un filet). Synon. mailler. (Dict. xixeet xxes.). REM. Lacé, subst. masc.Entrelacement de petits grains de verre servant à orner les lustres. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth. : [lase], (il) lace [la:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. lasser. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « attacher à l'aide de lacets » (Roland, éd. J. Bédier, 2989 : lacet son helme; 1042 : Helmes laciez); 1176-84 d'une femme soi lacier (Gautier D'arras, Ille et Galeron, 3093 ds T.-L.); spéc. mar. 1687 lasser [une voile] (Desroches, Dict. des termes de marine ds Jal1); 2. 1155 « enlacer, joindre » lacier les mains (Wace, Brut, 1122 ds T.-L.); spéc. 1530 lasser « couvrir la femelle (en parlant du chien) » (Palsgr., p. 612 a); 3. ca 1180 « constituer un filet avec des lacets » (Marie de France, Fables, 17, 7 ds T.-L. : Del lin puet hum la rei lacier, Dunt hum les [oisels] puet tuz damagier). Du lat. laqueare, « lier, garrotter; enlacer, enserrer ». Fréq. abs. littér. : 41. DÉR. 1. Lacerie, subst. fém.Vannerie. Fin tissu de paille ou d'osier. Le corps d'une corbeille est généralement fait de lacerie (Havard t. 3 1889).− [lɑsʀi], [la-]. Pt Rob. lasserie (var.). − 1reattest. 1765 lasserie « ouvrages les plus beaux et les plus fins des vanniers » (Encyclop., s.v.); de lacer*; suff. -erie*. 2. Laceur, -euse, subst.Ouvrier, ouvrière qui confectionne des filets. Synon. mailleur. (Dict. xixeet xxes.).− [lasœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1260 « personne qui exécute des ouvrages de maille, de filet » (E. Boileau, Métiers, 78 ds T.-L.); de lacer, suff. -eur2*; cf. en 1226 le subst. fém. laciere (Gdf.), suff. -ière*. |