| KILOMÈTRE, subst. masc. Unité pratique de mesure de longueur égale à mille mètres (symb. km), fréquemment utilisée dans la vie courante pour mesurer les distances. Du reste, nulle part aucune trace d'autre habitation, et Cerise aurait pu se croire transportée à quatre cents kilomètres de Paris, en quelque solitude d'une province reculée (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 265).Le bilan de la journée était excellent : le front ennemi enfoncé sur 7 kilomètres et une profondeur moyenne de 3 000 mètres depuis Hardaumont jusqu'à l'ouvrage de Thiaumont (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 272).♦ Fam., p. exagér. Grande longueur (de quelque chose). Des kilomètres de rayonnages : Ma mère ne gaspillait jamais une seconde; en lisant, elle tricotait; quand elle causait avec mon père ou avec des amis, elle cousait, ravaudait ou brodait; dans les métros et les tramways elle confectionnait des kilomètres de « frivolités » dont elle ornait nos jupons.
Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 67. ♦ P. métaph. La sirène! Elle cherche sa respiration profondément, pour mieux reprendre son cri, pour avoir le souffle nécessaire à ces kilomètres de cri, allant, venant, s'enroulant (Triolet, Prem. accroc.,1945, p. 414). − Locutions ♦ Être à des milliers de kilomètres de qqn, de qqc. Être très loin de. Synon. être à mille lieues de.Ce dément, au moment de manger, ne se demande pas seulement si les aliments qu'il va prendre sont réels ou chimériques, il affirme qu'ils sont à des milliers de kilomètres, que le repas n'arrivera jamais (Mounier, Traité caract.,1946, p. 357). ♦ Bouffer* du, des kilomètre(s). − Spécialement ♦ Kilomètre carré. Unité de mesure de superficie égale à un million de mètres carrés (symb. km2). Une population d'un à trois millions d'habitants, au taux ordinaire de soixante par kilomètre carré, constitue, en effet, l'extension convenable aux États vraiment libres (Comte, Catéch. posit.,1852, p. 305).Sans doute le pays est restreint; entre les forêts qui le bordent il serait excessif d'estimer à plus d'un millier de kilomètres carrés son étendue (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 331). ♦ Kilomètre cube. Unité de mesure de volume égale à un milliard de mètres cubes (symb. km3). Ce qui donne pour la circonférence 10 940 kilomètres, pour la surface du globe lunaire 38 millions de kilomètres carrés, et pour le volume 22 105 millions de kilomètres cubes (Flammarion, Astron. pop.,1880, p. 116). ♦ Kilomètre(s) à l'heure, kilomètre(s) par heure, kilomètre-heure. [Pour évaluer la vitesse moyenne avec laquelle un être, un véhicule, un projectile parcourt une certaine distance (symb. km/h)] Quant aux voyages, après deux jours de désert, il n'est pas de cheval qui pourrait encore se mesurer avec le chameau; celui-ci fait régulièrement ses quatre ou cinq kilomètres par heure et ses huit ou dix heures de marche par jour des semaines durant (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 61).Le Lightning (1855) atteignait 33 kilomètres heure − vitesse que les vapeurs ne dépassèrent qu'en 1885, avec le transatlantique Etruria (P. Rousseau, Hist. techn. et invent.,1967, p. 246).L'Américain William Tilden, à la plus étonnante et la plus parfaite exécution qui soit, et dont la balle de service atteignait la vitesse de deux cents kilomètres à l'heure (Jeux et sports,1967, p. 1383).P. ell. Jamais, quand une cause involontaire l'avait mis en retard, qu'il lançait sa machine à une vitesse de quatre-vingts kilomètres, jamais il n'avait songé aux dangers que pouvaient courir les voyageurs (Zola, Bête hum.,1890, p. 116). Rem. Les très grandes vitesses sont exprimées qqf. en kilomètres par minute ou kilomètres par seconde (symb. km/mn, km/s), en partic. en astron. Ainsi la terre, malgré ses quarante-deux kilomètres par seconde, fait lentement le tour du soleil. Elle y use une année (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 298). ♦ Kilomètre-voyageur, kilomètre-marchandise (cf. kilométrique). Dans les bureaux de la préfecture, à l'extrémité de couloirs crasseux, des hommes à manches de lustrine additionnaient des naissances, des cas de diphtérie, (...) des quintaux de viande sur pied, des billets de métro par station et par ligne, des prix de revient de kilomètre-voyageur (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 188). − P. méton. Point marquant une distance précise par rapport à un lieu donné. Geneviève : Où sommes-nous enfin, Robineau? Robineau : Au kilomètre onze cent cinquante de Paris (Giraudoux, Siegfried,1928, I, 5, p. 28).Nous sommes au kilomètre 88! leur cria un courrier. La victoire était dans l'air (Malraux, Espoir,1937, p. 849). Rem. Le symbole graph. officiel de kilomètre est km. On relève aussi a) Kil. C'est extraordinaire combien j'aime la forêt. Il y avait des nuages noirs et une solitude. Je suis revenu du pic à la Chapelle (10 kil. 5) en 23 minutes (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1908, p. 22). b) Kilom. Les étapes intermédiaires n'eussent pas manqué entre la Terre de Feu et les terres antarctiques; la distance de 700 à 800 kilom. qui les sépare n'eût pas été au-delà des moyens de navigateurs tels que les eskimaux (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 24). Prononc. et Orth. : [kilɔmεtʀ
̥]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1795 (Loi du 18 germinal, an III, art. VI ds Bulletin des lois, 1resérie, no135). Composé du formant kilo-* et de mètre*. Fréq. abs. littér. : 1 552. Fréq. rel. littér. : xixes.; a) 44, b) 476; xxes. : a) 2 537, b) 4 781. Bbg. Quem. DDL t. 5, 9, 15. |