| KERMESSE, subst. fém. A. − Fête patronale, grande foire annuelle célébrée en plein air, bruyamment et dans une atmosphère de licence, en Hollande, Belgique et dans le nord de la France. Synon. région. ducasse.Kermesses flamandes. En Belgique, et généralement dans tout le pays flamand (...) [le jeu des « petits pains »] est réservé dans les kermesses aux vieilles femmes (D'Allemagne, Récr. et passe-temps,1904, p. 178): 1. Puis les cloches sonnèrent de nouveau, annonçant la fin de l'office. Le grand portail s'ouvrit sur la kermesse. Et une poussée de foule eut lieu, une invasion d'hommes, de paysans, de fermiers et de gens de la terre, qui avaient jusque-là attendu dans les cabarets.
Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 109. − PEINT. Tableau représentant une scène de kermesse. Les kermesses de Téniers. Dans sa Kermesse du Louvre, Rubens n'en faisait pas, de cette peinture-là [de la peinture à sentiments et à idées] et Brauwer et Ostade n'en faisaient pas davantage. Dans leurs toiles on pisse, on dégobille (Huysmans, Art mod.,1883, p. 195). B. − P. ext. 1. Fête foraine, fête populaire bruyante se déroulant en plein-air. Atmosphère, ambiance de kermesse. Un Paris bruyant, joyeux comme une kermesse d'exposition universelle (Vialar, Bal sauv.,1946, p. 31).Dans une kermesse de l'avenue de Clichy, je jouai au foot-ball en miniature avec un jeune voyou (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 271): 2. Le quinze de la première lune [en Chine] on célébrait la grande fête des lanternes, nuit de kermesse pleine d'extravagances, précédée d'une journée de réjouissance, de pantomimes, de bouffonneries...
Philos., Relig., 1957, p. 54-10. − P. métaph. Les cérémonies officielles m'inspirent une sorte d'horreur, j'avais fait jadis le serment (...) de ne me fourvoyer jamais dans ces kermesses de la vanité (Duhamel, Maîtres,1937, p. 222). 2. Fête de bienfaisance organisée en plein air. La kermesse a lieu un après-midi. On entre dans la cour sur présentation des billets qui ont été distribués à l'avance. La maîtresse ou un enfant tamponne chaque billet à l'aide du cachet de l'école ou d'un timbre. Les enfants se dirigent ensuite vers les stands (Plaisirs et fêtes, éd. Bourrelier, 1964, p. 18). Prononc. et Orth. : [kε
ʀmεs]. Att. ds Ac. dep. 1798. Kar- ds Ac. 1762 et, en tant que var. second., ds Ac. 1798 et 1835. Étymol. et Hist. 1. 1397 « (dans le nord de la France) fête patronale » (A. N. JJ 153, fo55 vods Gdf. Compl.), rare av. 1832 (Raymond); 2. 1842 « tableau représentant une kermesse » (Michelet, Journal, t. 1, p. 445); 3. 1879 « grande fête de bienfaisance de plein air » (A. Daudet, Rois en exil, p. 347). Empr. au flam.kerkmisse « fête patronale » (v. aussi ducasse); les premières attest. proviennent des départements du Pas-de-Calais et du Nord (1397 ds Gdf. Compl.; 1499 ds IGLF; 1531 ds Gdf. Compl.; 1566 ds FEW t. 16, p. 314a). Le mot s'est répandu au xixes. dans la lang. littér. par le vocab. de la peint. (Bl.-W.2-5; FEW, loc. cit.). Fréq. abs. littér. : 59. Bbg. Hotier (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. 1973, p. 114. |