| JÉSUITIQUE, adj. A. − Souvent péj. Des jésuites; relatif, propre aux jésuites. Éducation, morale, propagande jésuitique; pensionnat jésuitique. La Cléopédie (...), un petit poème dans le genre jésuitique, c'est-à-dire dans les genre des poèmes latins faits par des jésuites vers 1700 (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 435).L'indicible bien-être que l'esprit jésuitique sait donner à chaque nature selon son penchant et sa portée (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 235).Système jésuitique : l'autorité, le directeur, le pape, substitués à la raison, à Dieu (Renan, Avenir sc.,1890, p. 63): 1. ... l'Église (...) devait songer maintenant à l'atteindre dans son bonheur domestique (...). C'était là une besogne essentiellement jésuitique, l'éternelle manœuvre du moine confesseur (...) qui reprend sournoisement l'œuvre de la domination catholique, en bon psychologue mondain, rompu aux passions, leur faisant leur part immense...
Zola, Vérité,1902, p. 287. − ARCHIT. Synon. rare de jésuite (v. ce mot A 2 b).Style jésuitique. Églises jésuitiques très-aérées, très-éclairées (Baudel., Pauvre Belg.,1867, p. 723). ♦ ,,Fenêtre jésuitique, Fenêtre par laquelle on peut voir sans être vu`` (Lar. 20e). − P. anal. [En parlant d'une pers.] Qui a les mêmes opinions, les mêmes principes que les jésuites. Le duc de Laval revient, (...) mais en s'engageant avec le parti jésuitique (J.-L. Ampère, Corresp.,1824, p. 288): 2. M. de Chateaubriand paye en 1825, par la venue du gouvernement jésuitique, la peine d'avoir acheté en 1806 la gloriole d'avoir fait le rôle de missionnaire avec le Génie du christianisme.
Delécluze, Journal,1825, p. 177. B. − Péj. Digne des jésuites, de leurs méthodes en ce qu'elles peuvent avoir de mauvais; dissimulé, hypocrite, voire retors. Obséquiosité, patelinage, prudence, réponse, séduction jésuitique; mentir avec un talent jésuitique; faux dévot, rhéteur jésuitique. Je lui ai répondu en style jésuitique, ni oui ni non, pour me donner le temps de réfléchir (Mérimée, Lettres E. Ellice,12 août 1859ds Revue Universelle, t. 38, 1929, p. 515).Éviter, au moyen d'on ne sait quelle roublardise (...) quel distinguo jésuitique et mijoté savamment, la restitution du magot (Arnoux, Solde,1958, p. 213): 3. « Messieurs, quelqu'un fume ici! » s'écria le maître d'études, qui ferma son volume brusquement. Les élèves qui n'étaient pas les amis de Dodin le regardaient d'une façon malicieuse : c'est une façon jésuitique de dénoncer un camarade sans en avoir l'air.
Champfl., Souffr. profess. Delteil,1855, p. 41. Prononc. et Orth. : [ʒezɥitik]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1599 « de Jésuite » (Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, I, 2 ds Hug.); 2. a) av. 1755 péj. « propre aux Jésuites » cette vieille peau jésuitique (St-Sim., 484, 257 ds Littré); b) 1831 « hypocrite » les jésuitiques réticences (Balzac, Peau chagr., p. 225); 3. 1931 fenêtre jésuitique (Lar. 20e). Dér. de jésuite*; suff. -ique*. Fréq. abs. littér. : 56. DÉR. Jésuitiquement, adv.,péj. D'une manière digne des jésuites; d'une manière dissimulée, hypocrite, voire retorse. Se dérober, répondre jésuitiquement. Le général Zurlinden (...) feint jésuitiquement d'ignorer que Dreyfus a été condamné en violation des lois (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 211).[Le] vieux Dr Bezançon, un maître qui cultive jésuitiquement le paradoxe (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 198).− [ʒezɥitikmɑ
̃]. − 1reattest. av. 1755 (Montesquieu ds Lar. 19e); de jésuitique, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 10. |