| JÀ, adv. Vx ou arch. Déjà : Et jà ma bouche a su entonner l'aquilon
Avecque l'Euménis, dans l'airain d'Apollon,
Car, enfant, j'ai mâché, d'une fureur avide,
Le rameau Pénéan, de tes embruns humide.
Moréas, Sylves,1896, p. 173. Rem. Autrefois jà dans des phrases négatives ou optatives signifiait certes. On en retrouve trace dans ce pastiche de Flaubert imitant le lang. de Rabelais : Or donc, puisque n'avons jà bronché (estant ferrés à glace, ie suppose) ni jà courbé nostre eschine sous le linteau d'aulcune boutique, ecclise, confrayrie, servition quelconque, guardons (ce est mon souhait de nouvel an pour tous deux) ceste sempiternelle superbe amour de beaulté (Flaub., Corresp., 1852, p. 75). Prononc. et Orth. : [ʒa]. Ac. 1694-1740 : ja; dep. 1762 : jà. Étymol. et Hist. Adv. de temps marquant la proximité du passé, le caractère immédiat du présent, l'imminence du futur; A. du sens « dès maintenant, dès cet instant » est issu l'emploi de renforcement d'une affirmation 1. 2emoitié xes. verbe au fut. (S. Léger, éd. J. Linskill, 37); id. verbe au prétérit (id., 77 : Ja lo sot bien, il lo celat [nuance adversative]); ca 1100 phrase optative (Roland, éd. J. Bédier, 2257); 2. ja... ne [verbe au fut.] renforcement de la négation a) 2emoitié xes. « ne... plus, ne... plus... jamais » (S. Léger, éd. citée, 92); ca 1100 (Roland, éd. citée, 316); b) mil. xies. « ne... jamais » (Alexis, éd. Chr. Storey, 142, 153, 488), v. jamais. B. 1. 2emoitié xes. marque le caractère immédiat de l'action présente (Passion, éd. D'Arco S. Avalle, 429, 430); 2. id. désigne un moment du passé (id., 131); mil. xies. marque l'éloignement d'un fait passé (Alexis, éd. citée, 212, 453); ca 1100 la proximité d'un passé immédiat (Roland, éd. citée, 1546); 3. id. l'imminence d'une action future (id. 2114). Du lat. class. jam 1 temp. « à l'instant, dès maintenant; il y a un instant; dans un instant, désormais; autrefois »; 2 exprimant un rapport log. « dès lors, dès cet instant », d'où son emploi pour renforcer une affirmation. Fréq. abs. littér. : 22. |