| JUSANT, subst. masc. A. − Marée descendante. Synon. ebbe, perdant.Courant, étale de jusant. Dans les rocs qu'ont usés les flots et les jusants La lame écume (Coppée, Poés., t. 2, Jeunes filles, 1878, p. 359).Le jusant (...) se retirait en laissant derrière lui des spires baveuses (Genevoix, Fatou Cissé,1954, p. 126): ... captifs dans quelque aquarium de verre, au fond d'un laboratoire, les convoluta, petits animaux du littoral, continuent, par l'effet d'un avertissement secret, d'obéir au rythme des marées, de descendre à l'heure du flot, de monter quand le jusant découvre les côtes lointaines.
Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 7. − P. méton. Moment où se produit le jusant. Dans les mers à forte marée, l'accostage direct devient impossible car, au jusant, la mer se retirant loin des côtes, les navires auraient à souffrir de l'échouage (Bourde, Trav. publ.,1929, p. 265).Lorsque la marée monte, le flot envahit une portion de rivage, au jusant, si un obstacle se présente, l'eau pourra toujours s'écouler, mais les poissons amenés avec le flot seront retenus (Boyer, Pêches mar.,1967, p. 48). B. − P. métaph. Le flux et le jusant des transgressions de nos lois pénales (Bloy, Hist. désobl.,1894, p. 174).Alternances de la sécheresse et de la pluie, flux du bleu et du gris, du chaud et du froid, jusant de l'action et de l'inaction (Morand, Air indien,1932, p. 10). Prononc. et Orth. : [ʒyzɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1484 iusant (Garcie, Grant Routier et pilotage et enseignement pour ancrer, Rouen ds Fr. mod. t. 26, p. 53). Ce mot paraissant attesté d'abord dans l'Ouest de la France (cf. attest. supra et FEW t. 3, p. 44b, note 2) semble dér. de l'anc. adv. jus « en bas » (cf. aussi le b. lat. jusanus « inférieur » ds TLL, s.v. iosanus), lui-même du lat. deorsum « vers le bas », le vocalisme radical étant dû à son opposé antithétique sūsum, v. sus, cf. Vään., § 117. On peut aussi y voir un empr. à l'a. gasc. iusant « inférieur, c'est-à-dire au nord » (1256 ds DAG, s.v. septentrional, v. aussi Levy Prov.), de même orig. (cf. FEW, t. 3, p. 44a et REW3, no2566); la finale est peut-être due à l'infl. de termes tels que levant, ponant. Fréq. abs. littér. : 36. |