| JUBILER, verbe intrans. Éprouver une grande joie, une satisfaction profonde que l'on laisse ou non s'extérioriser. Jubiler intérieurement, silencieusement, de gratitude. Gesril était fou des plaisirs de cohue et jubilait au milieu des bagarres d'enfants (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 51).Au fond de moi-même je jubilais. Tant de chaleur à haïr suppose bien de l'attachement (Arnoux, Algorithme,1948, p. 249):Est-ce qu'on peut trop être heureux? Modérez vos joies. Ah ouiche! À bas les philosophes! La sagesse, c'est la jubilation. Jubilez, jubilons. Sommes-nous heureux parce que nous sommes bons, ou sommes-nous bons parce que nous sommes heureux?
Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 643. − P. métaph. L'eau des douves et le soleil peignent sur les parois de ma chambre leurs faux marbres mobiles. Le printemps jubile partout (Cocteau, Diff. d'être,1947, p. 174).On dirait une vieille haine, une haine de famille longtemps cachée et qui jubile d'éclater enfin (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 264). REM. Jubileur, adj.,hapax. Qui jubile. Il envoie tout dans le plafond... ça pleut les papelards, les dossiers (...). Une fois... deux fois... il recommence! Toujours poussant des hurlements! des joyeux!... Il est jubileur! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 528). Prononc. et Orth. : [ʒybile], (il) jubile [ʒybil]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. trans. (hapax) « chanter dans l'allégresse » (Sermons St Bernard, fo19 vo, éd. W. Foerster, p. 24 : Montaingnes jubileiz la loenge [tiré d'Isaïe 49, 13]); début xiiies. intrans. « pousser des cris de joie » (Epistle St Bernard a Mont Deu, ms Verdun 72, fo119 rods Gdf. : li cuers s'esjoist et jubilet); 2. 1752 intrans. « se réjouir » (P. Restaut, Traité de l'orth. fr.); 1825 part. prés. adj. (Brillat-Sav., Physiol. goût, p. 348). Empr. au lat.jubilare « pousser des cris, crier après », lat. chrét. intrans. « pousser des cris de joie », trans. « chanter dans l'allégresse, faire retentir (un chant de louange, Isaïe 49, 13) ». Jubilare, en lat. chrét., a subi l'infl. sém. de jubilaeus (jubilé*), et a, inversement, influé sur la forme de ce dernier. Fréq. abs. littér. : 90. |