| JOURNALISTE, subst. A. − Vieilli. ,,Celui qui fait, qui rédige un journal`` (Ac. 1835-1935) : 1. Il lui reste, heureusement, assez de titres de gloire. S'il est un parfait « entrepreneur de presse », Girardin est aussi le « concepteur » le plus riche d'initiatives, comme nous dirions aujourd'hui. Il a transformé, du tout au tout, la formule journalistique. Avec lui, le journal quotidien est devenu encyclopédique. Nos directeurs actuels n'ont rien inventé. (...) Girardin donne l'exemple. Et c'est là, en fin de compte, le plus sûr mérite de ce très grand journaliste.
R. de Livois, Hist. de la presse fr., Lausanne, Spes, t. 1, 1965, p. 226. B. − Usuel. Personne dont le métier est d'écrire dans un ou plusieurs journaux. Carte, escouade, meute de journalistes; journaliste de chiens écrasés, de faits divers; journaliste chevronné, obscur; journaliste pigiste; journaliste parlementaire, politique, sportif, stagiaire; bon, mauvais journaliste. On sentait cette odeur particulière des salles de rédaction que connaissent tous les journalistes (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 54).Sous la direction du secrétaire de rédaction des journalistes professionnels « rédigent » le journal (Jouvenal, Journ.,1920, p. 41): 2. L'emploi de pareils procédés, qui tend à devenir plus fréquent, n'a pas été sans émouvoir l'opinion publique et surtout les journalistes eux-mêmes dont le syndicat ne cesse de proclamer qu'un journaliste digne de ce nom prend toujours la responsabilité de ses écrits même anonymes.
Civilis. écr.,1939, p. 44-7. − TYPOGR. Ouvrier attaché spécialement à la composition d'un journal. Les uns [des ouvriers typographes] rangent l'atelier, ou reçoivent les attributions des corrigeurs ou de tableautiers; les autres se distinguent en metteurs en pages et paquetiers, labeuriers ou journalistes (Radiguer, Maîtres-impr.,1903, p. 236). − Pop. Je ne voyais pas mes amies, mais (...) tandis qu'arrivaient jusqu'à mon belvédère l'appel des marchands de journaux, des « journalistes », comme les nommait Françoise (...), je devinais leur présence (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 954). − Emploi adj. vieilli. Qui se rapporte aux journaux, est marqué par le journalisme. Les images littéraires, journalistes et militaires, de mobilisation intellectuelle sont déjà de la rhétorique vieillie (Thibaudet, Princes lorr.,1924, p. 167).Notre temps si totalement journaliste ignore le sentir comme le raisonner, et, en général, se passe de toute profondeur. Il fait semblant de tout (Valéry, Lettres à qq.-uns,1945, p. 61). REM. Journaleux, -euse, subst.a) Journaliste de peu de talent. Le journaleux dit quelquefois ce qu'il pense, mais il pense rarement ce qu'il dit (Bruant1901, p. 285).b) Pop. ,,Désignation méprisante dont les bourgeois et les ouvriers se servent à l'égard des journalistes`` (France 1907). Béziers (...) c'est aussi, comme l'imprime un journaleux du cru, ou, du moins, ça se croit une « cité amoureuse des arts » (Colette, Cl. s'en va,1903, p. 277). Prononc. et Orth. : [ʒuʀnalist]. Att. ds Ac. dep. 1718. Pop. : journalisse (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 147), comme on peut entendre rhumatisse. Étymol. et Hist. 1704 (Trév.). Dér. de journal*, subst.; suff. -iste*. Fréq. abs. littér. : 1 462. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 803, b) 1 516; xxes. : a) 3 109, b) 1 995. Bbg. Mattauch (H.). Cf. journalisme bbg. - Quem. DDL t. 18. |