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JOUFFLU, -UE, adj.
A. − [En parlant d'un être hum. et, en partic., d'un être très jeune] Qui a des joues rondes, rebondies. Bébé, chérubin joufflu; visage joufflu; figure joufflue. Le portrait d'une femme grasse et rebondie, souriant à un gros enfant joufflu (Sue, Atar-Gull,1831, p. 2).La pendule (...), avec sa ronde d'amours joufflus, qui descendaient, se penchaient autour du cadran, comme une bande de gamins tout nus se moquant de la marche rapide des heures (Zola, Curée,1872, p. 478).Un jeune paysan de vingt-cinq ans, joufflu comme une pomme et rouge comme un coquelicot (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Tribunaux, 1884, p. 172).
P. anal. [En parlant d'une partie du corps hum.] Qui a une forme rebondie. Derrière joufflu. Et le buste droit sans honte de ses deux seins si peu joufflus qu'elle pourrait les cacher sous des soucoupes (Laforgue, Moral. légend.,1887, p. 124).
Péj. [Surtout en parlant d'un adulte] Un gros homme joufflu. La physionomie de ce capitaine (...) respirait un contentement de lui-même qui faisait resplendir son teint rougeaud et sa figure passablement joufflue (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 1).Ce qui m'a surtout indisposé (...), c'est la sottise avec laquelle cinq ou six farceurs (...) se sont institués les prêtres de ce gros garçon rouge et joufflu comme un fils de boucher, qu'ils appellent Éros (Mallarmé, Corresp.,1865, p. 156).
Emploi subst., fam. Une grosse joufflue. Peut-être que ces deux gros joufflus (...) empêcheront le grand maigre de me mettre au feu! (Mérimée, Théâtre C. Gazul,1825, p. 149).Ohé! ohé! v'là papa! cria en ouvrant la porte un gros joufflu de cinq à six ans, qui entra au salon la tête entre les jambes de son père (Balzac, Œuvres div., t. 2, 1831, p. 371).Bourbaki, notre troisième ou quatrième colonel, était un esprit brouillon, un ronchonneux, un ventru, un joufflu (Cendrars, Main coupée,1946, p. 227).
B. − P. anal.
1. [En parlant d'une chose concr.] Qui a des formes rebondies. Nuage joufflu. La voile pleine de vent fait courir sur le dos des vagues la coque joufflue des barques (Maupass., Une Vie,1883, pp. 22-33).Bénin avait un réveille-matin en cuivre rouge, joufflu comme un ange, et pourvu de trois pieds comme une marmite (Romains, Copains,1913, p. 66).Des chaînes de saucisses rouges suspendues à tous les crocs de la boutique écrasée de lumières et des jambons joufflus empilés en pyramides luisantes jusqu'à hauteur du plafond (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 251):
À Mayence et à Francfort, (...) le contour joufflu, pansu, opulent, ayant plus de santé encore que de beauté; (...) toute la sculpture païenne charnue et robuste, l'ornementation énorme, hyperbolique et exorbitante, le mauvais goût magnifique, ont envahi la ville depuis le commencement du dix-septième siècle... Hugo, Rhin,1842, p. 241.
MAR. [En parlant de l'avant d'un navire] Qui est renflé, dont les joues sont prononcées (d'apr. Bonn.-Paris 1859).
2. Rare. [En parlant d'une chose abstr.] Qui se développe largement, avec enflure. M. de Lally-Tolendal, qui était, je crois, ministre de l'instruction publique, prononçait des discours plus amples, plus joufflus encore que sa personne (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 571).
REM.
Joufflure, subst. fém.Aspect que présente un visage joufflu. Son amant (...) la quitta (...) : elle choisit alors pour maître Gabriel Michon, un gringalet chauve qui avait une joufflure d'ange et des regards noyés d'ivrogne (Huysmans, Sœur Vatard,1879, p. 48).
Prononc. et Orth. : [ʒufly]. Att. ds Ac. dep. 1694; Ac. 1694 : jouflu, üe. Étymol. et Hist. 1530 (R. Est. ds Gdf. Compl.); 1549 (Est. ds DG). Altération du m. fr. giflu « joufflu » (1531 R. Estienne, Thes. ds Gdf. Compl., s.v. joufflu; dér. de gifle* au sens de « joue ») d'apr. joue*. Fréq. abs. littér. : 126.