| JOUAL, subst. masc. Parler populaire des Canadiens francophones. Parler joual. Pour qualifier le langage incorrect qui est trop souvent le nôtre, de bas en haut de l'échelle sociale, un quidam a lancé un jour, aux applaudissements des illettrés, le mot joual (Ac. Can.-Fr. 1968).Renaud faisait parler ses personnages en joual mais écrivait le corps de son récit en français. Cela n'est pas assez pour Jasmin qui non seulement laisse joualiser ses héros, ce qui est défendable, mais écrit tout son récit en joual (C. Jasmin, Jasmin par Jasmin,1970, p. 102 ds Richesses et particularités de la lang. écrite au Québec, Montréal, 1981, p. 1407):Le « joual » est une sous-langue : il est, par nature, confusion, appauvrissement, privation, désagrégation. Le « joual », c'est le français parlé par un groupe linguistique dont la langue maternelle est gravement ébranlée par la proximité et la pression d'une langue étrangère, l'anglais. (...) le « joual », c'est le français ébranlé non seulement dans son articulation et son vocabulaire mais aussi, mais surtout dans sa syntaxe.
P. Chamberland, Les Lettres nouvelles,1967ds R. Hollier, Canada, Paris, Éd. du Seuil, 1967, p. 183. REM. 1. Joualisant, -ante, adj.Qui parle joual, écrit en joual ou préconise l'usage du joual. [Le] parti québécois, qui est le parti de tous les Québécois, anglophones, francophones, joualisants (A. Brochu,Adéodat I,1973,p. 98, ds R. Hollier, Canada, Paris, Éd. du Seuil, 1967, p. 183). 2. Joualiser, verbe intrans.Parler joual. Voir C. Jasmin, loc. cit. Prononc. : [ʒwal]. Homon. joualle. Étymol. et Hist. 1930 (Le Coglu, 14 février, p. 7, 4eet 5ecol. Québec : y parle joual, celui-là). Prononc. région. de cheval* (cf. FEW t. 2, p. 8b, Chr. Schmidt ds Z. rom. Philol. t. 91, p. 326) caractéristique du parler pop. du Québec, d'où l'emploi du terme pour désigner ce parler. Bbg. Barbeau (V.). Le Fr. au Canada. Québec, 1970, p. 210. |