| JETÉE, subst. fém. A. − 1. Rare et littér. a) Action de jeter quelque chose, de s'en débarrasser. Le balayage, la jetée aux ordures des manuscrits, des lettres de Balzac a été encore plus incroyable (...) que le récit courant qu'on en fait (Goncourt, Journal,1889, p. 966). b) Action de se jeter, de s'élancer. Synon. bond, élan.Il bondit de cheval et de la même jetée franchit le seuil (La Varende, Nez-de-Cuir,1936, p. 149). 2. FOND. Action de couler de la fonte; p. méton. fonte ainsi coulée. La première jetée. B. − Spécialement 1. Construction en bois, pierre ou béton qui s'avance dans l'eau, dont la partie supérieure est constituée par une chaussée soutenue à sa base par des pilotis ou un mur de maçonnerie, et qui est destinée à protéger un port contre la violence des lames ou à diriger un courant. Pointe, bout, extrémité de la jetée. La jetée en planches à peine rapprochées s'élève sur pilotis et s'avance dans la mer pendant cinq ou six cents pas (Du Camp, Nil,1854, p. 282): Le vent soufflait d'une grande haleine régulière qui maintenait, tendus raides vers le sud (...) les pans d'habits des gens aventurés au bout de la jetée où les paquets de mer vaporisaient de l'embrun. L'eau brisée retombait des maçonneries en nappes calmes pour rejoindre la fureur de la Manche...
Hamp, Marée,1908, p. 34. 2. ,,Amas de pierres, de sable et de cailloux jetés dans la longueur d'un mauvais chemin pour le rendre plus praticable. Ce chemin est devenu très commode depuis qu'on y fait une jetée`` (Ac. 1835-1935). 3. Couloir qui relie l'aérogare au satellite ou au poste de stationnement des avions. (Ds Pt Rob. 1977). C. − Arg. [Fin xixe-début xxe] ,,Une jetée. Cent francs`` (Esn. 1966). REM. Jetée-promenade, subst. fém.[Correspond supra B 1] Jetée sur laquelle on peut se promener. Il quitta son fiacre, se dirigea vers la jetée-promenade (G. Leroux, Parfum,1908, p. 66).Elle [la mer] serait haute à la nuit; cette nuit la jetée-promenade serait plus déserte que le boulevard Victor-Noir (Sartre, Nausée,1938, p. 75). Prononc. et Orth. : [ʒ(ə)te]. Ac. 1694 et 1718 : jettée; dep. 1740 : jetée. Étymol. et Hist. 1. 1216 « distance que peut parcourir quelque chose que l'on lance » le getee d'un cailleu (Robert de Clari, Constantinople, XXXIII, éd. Ph. Lauer, p. 33, l. 62); 2. 1362 « môle » (Lettre in Fréville, Mém., II, 126 d'apr. Arveiller ds Fr. mod. t. 26, p. 53 : certainex geteez); 3. 1723 « fonte, action de couler » spéc. « nombre de chandelles qu'on peut mouler en une fonte de suif » (Savary). Part. passé fém. substantivé de jeter*. |