| JEAN-FOUTRE, subst. masc. inv. Vulg., péj. [Avec une valeur injurieuse; marque le mépris envers qqn qui est présenté comme incapable, indigne ou moralement condamnable] Synon. foutriquet (rare), propre-à-rien.Bardoux décidément m'a l'air d'un jean-foutre. Pas de réponse à mes billets. Pas de dîners. Si je n'ai de lui aucune nouvelle avant mon départ, j'irai lui reprendre le manuscrit de la féerie, lui cracherai son fait au nez, et puis, bonsoir (Flaub., Corresp.,1878, p. 66).− Ah bien! dit Loubet, il est raté, leur feu d'artifice! − Pour sûr qu'ils ont pissé dessus! ajouta Chouteau, en ricanant. Le lieutenant Rochas lui-même s'en mêla. − Quand je vous disais que ces jean-foutre ne sont pas même capables de pointer un canon! (Zola, Débâcle,1892, p. 240):− « Eh bien », jeta Studler, farouche, « vous êtes peut-être de grands pontifes, mais, pour moi, vous n'êtes que des jean-foutre! » Il recula d'un pas, et la lumière du plafonnier éclaira soudain son visage. On y lisait (...) non seulement un mépris révolté, mais une sorte de défi, presque une menace...
Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1118. Prononc. et Orth. : [ʒ
ɑ
̃futʀ
̥]. Var. soudée ds Lar. Lang. fr. Plur. invar. mais des jean-foutres (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1094). Étymol. et Hist. [1661 janfoutre, Lettre du 23 août, Arch. de la Côte-d'Or E. 2854, minutes notariales ds Dauzat 1938]; 1750 terme injurieux (Fougeret de Monbron, Margot la Ravaudeuse, éd. J.J. Pauvert, p. 62). Composé de jean-* et de foutre*. Fréq. abs. littér. : 47. DÉR. Jean-foutrerie, subst. fém.Action ou attitude caractéristique des jean-foutre. D'un côté je voudrais me ménager une protection pour obtenir dans un temps donné une chaire à Irkoutsk; de l'autre je crains de faire une jean-foutrerie (Mérimée, Lettres F. Michel,1852, p. 62).Il a l'air aussi d'offrir à Mirbeau le choix entre la jean-foutrerie et le crétinisme pour avoir parlé de moi comme il l'a fait (Bloy, Journal,1897, p. 252).− [ʒ
ɑ
̃futʀ
ə
ʀi]. − 1reattest. 1790 (Jean Bart, no21, 5 ds Quem. DDL t. 19); de jean-foutre, suff. -erie*. BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 328. - Quem. DDL t. 17; 19 (et s.v. jeanfoutrerie). |