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JAUNE, adj., adv. et subst.
I. − Adjectif
A. − [Jaune est inhérent à la nature, à la qualité du qualifié] Qui constitue la couleur la plus chaude et la plus lumineuse et rappelle notamment la couleur du citron, de l'or, des blés mûrs.
1. [En parlant d'un inanimé concr.]
a) [d'un élément de la nature]
Qui est naturellement de cette couleur, dont une variété est de cette couleur. Boue, pierre, sable jaune; miel jaune. Ce grand désert jaune et calme, où errent des chameaux (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Qui sait, 1890, p. 1193).Des champs de colzas fleuris, jaunes, jaunes à perte de vue, dans lesquels, charmé, ébloui, il n'osait plus bouger (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 35).
SYNT. Ambre, argile, marbre jaune; fleur jaune; iris, rose, tulipe jaune.
Qui passe naturellement par cette couleur, signe de maturité puis de dessèchement. Anton. vert.Blé jaune, feuilles jaunes d'automne. Nous disons qu'un abricot est d'abord vert, et qu'il est jaune quand il est mûr (Alain, Beaux-arts,1920, p. 244):
1. Vers la fin d'octobre, (...) Chenillat est devenu le centre de tout le paysage au-dessus duquel il se dressait comme une enclave de couleurs vives et contrastées : des saules aux têtes rouges et roses, des peupliers jaune très pâle, − jaune de Naples, − d'autres jaune vif alternant avec des chênes et des sapins restés verts d'un vert noir... Larbaud, Journal,1934, p. 326.
b) [d'une source lumineuse naturelle ou artificielle] Étoile, soleil jaune; clarté, lueur jaune d'une veilleuse. Un clair de lune jaune, qui parsème la friche de flaques d'or pâle doucement luisantes (Genevoix, Boue,1921, p. 156).Éclairage, lumière jaune de l'électricité (v. Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 359).
c) [d'un objet fabriqué teint, peint en jaune ou naturellement jaune, d'une matière première transformée] Crépi, cuir, satin jaune; or jaune. Il [le papier] était froissé et il était jaune, non point jauni par la vétusté et un séjour dans quelque poche sordide, mais jaune de couleur, d'un jaune paille (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 142).Verres lourds où le vin rouge a les reflets sombres du rubis et le vin jaune ceux de la topaze (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 23):
2. Enfin il [Bergotte] fut devant le Ver Meer (...) où, grâce à l'article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. Proust, Prisonn.,1922, p. 187.
SYNT. Colorant, cuivre, liqueur jaune.
En partic.
Chambre jaune, salon jaune. Pièce tapissée, décorée de jaune. Le plancher − car (...) la chambre jaune était planchéiée − était recouvert d'une natte jaune (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 33).
Gants jaunes. V. gant I A.
Le métal jaune. L'or. V. avaricieux ex. 2.
Nain* jaune.
Toile jaune. Grosse toile qui n'a pas été blanchie. (Dict. xixe-xxes.).
Vin jaune. Vin blanc du Jura issu d'un seul cépage, le Savagnin, dont les grappes sont cueillies à l'extrême limite de la maturité (d'apr. Ac. Gastr. 1962).
[En parlant des vêtements] Châle, chaussure, ciré, gant, gilet, jupe, redingote jaune. Des bottines de cuir jaune à grelots (Goncourt, Journal,1864, p. 66):
3. Celle-ci portait une robe neuve, aussi courte, toutefois, aussi jaune que par le passé; plus jaune même; d'un jaune incomparable, jaune-canari ou jaune-topaze, jaune soleil, jaune d'or, jaune d'œuf... Toulet, Demois. La Mortagne,1920, p. 70.
2. [En parlant d'un animé]
a) [D'une pers.] Prunelles jaunes. [De Marsay :] − (...) Et d'abord, ce qui m'a le plus frappé (...) ce sont deux yeux jaunes comme ceux des tigres; un jaune d'or qui brille (...) de l'or qui aime et veut absolument venir dans votre gousset! (Balzac, Fille yeux d'or,1835, p. 351).Les camarades l'appelaient La Gueule-d'or, à cause de sa belle barbe jaune (Zola, Assommoir,1877, p. 473).
En partic. Race jaune. Race humaine particulièrement formée d'asiatiques, caractérisée par une pigmentation jaune de la peau. V. affectif ex. 12.
[P. méton.] Ce qui se rapporte à la race jaune. Femme jaune, peuple jaune. L'Islam renaît, le monde jaune s'éveille : à l'un l'Asie, l'Afrique à l'autre (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 200).
Péril jaune (au fig.). Danger que constitueraient les pays de race jaune à cause de leur surpeuplement dû à une forte natalité. Il y avait le péril rouge, le péril jaune : bientôt des confins de la terre et des bas-fonds de la société une nouvelle barbarie déferlerait; la révolution précipiterait le monde dans le chaos (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 129).[Actuellement, le péril jaune désigne un danger écon.] Le péril jaune, l'expansion de l'automobile nippone outre-Atlantique, outre-Manche, en Allemagne, chez nous, prennent les dimensions d'un casus belli (L'Est républicain,24 oct. 1980, p. 22).
Spécialement
ANAT. Ligaments jaunes. ,,Ligaments élastiques qui réunissent les apophyses transverses des vertèbres entre elles`` (Lar. méd. 1970).
PHYSIOL. Corps jaune (v. corps III B 3 c).
b) [D'un animal] Cheval, chien, poussin, serpent jaune. Des salamandres noires et jaunes qui me mangeaient les orteils (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 123).
Bec jaune. Bec des oisillons. Au fig. Cf. béjaune.
B. − [Dont la teinte jaune, généralement désagréable, provient d'une altération de la couleur originelle ou naturelle et traduit un manque d'éclat]
1. [En parlant d'un inanimé concr.]
a) [D'un élément naturel souillé, pollué] Eaux troubles et jaunes. On piétine longtemps dans la neige jaune, pâteuse, du chemin (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 14):
4. Il est, il est sur terre une infernale cuve, On la nomme Paris; c'est une large étuve, Une fosse de pierre aux immenses contours Qu'une eau jaune et terreuse enferme à triple tours... Barbier, Ïambes,1840, p. 95.
En partic. [D'un fleuve] Jauni par ses alluvions. Fleuve jaune qui roulait ses eaux lourdes entre deux rives basses (Mille, Barnavaux,1908, p. 2).Le beau Danube jaune (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 117).Le fleuve Jaune, la mer Jaune.
b) [D'un lieu, d'un élément du paysage éclairé par un jour douteux] Le ciel (...) est si sale, si jaune que le sol blanc ne parvient plus à éclairer (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 12):
5. ... le mot [jaune] d'ailleurs est brutal; il dénature un ton de toute finesse et qui n'est qu'une apparence. Exprimer l'action du soleil sur cette terre ardente en disant que cette terre est jaune, c'est enlaidir et gâter tout. Fromentin, Été Sahara,1857, p. 29.
c) [D'un objet dont la couleur est altérée par le temps, la saleté, qui est jauni] Notable fragment d'un journal jaune et déchiré (Duhamel, Suzanne,1941, p. 108).
Jaune de.Elle n'avait aucun dégoût, habituée à l'ordure; elle enfonçait ses bras nus et roses au milieu des chemises jaunes de crasse, des torchons raidis par la graisse des eaux de vaisselle (Zola, Assommoir,1877, p. 506).Camions aux bâches jaunes de poussière (Malraux, Espoir,1937, p. 517).
2. [En parlant de la pers.] Avoir les dents jaunes.
a) [des cheveux, synon. péj. de blond] Il s'appelle Poil de Carotte au point que la famille hésite avant de retrouver son vrai nom de baptême. − Pourquoi l'appelez-vous Poil de Carotte? À cause de ses cheveux jaunes? − Son âme est encore plus jaune, dit madame Lepic (Renard, Poil Carotte,1894, p. 293).
b) [du teint altéré par l'âge, la fatigue, l'inquiétude, certaines maladies du foie] Être jaune, être tout jaune. Je trouve Alphonse la figure fondue, tirée et jaune, jaune à la suite d'une épouvantable crise d'estomac (Goncourt, Journal,1896, p. 963).Il portait sur son visage des marques de fatigue; teint jaune, yeux injectés (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 332).
Être jaune comme un citron, comme un coing. Avoir le teint fort jaune. Le visage de l'autodidacte, jaune et dur comme un coing, s'est figé dans un tétanos réprobateur (Sartre, Nausée,1938, p. 154).
MÉD. Fièvre jaune. Maladie infectieuse et contagieuse due au virus amaril transmis par la piqûre d'un moustique sévissant dans les pays chauds, caractérisée par la teinte jaune de la peau et des tissus blancs. Synon. typhus d'Amérique (Ac. 1835-1935).Puissé-je finir sur le grabat de la fièvre jaune dans l'Amérique espagnole (Gobineau, Pléiades,1874, p. 179).
C. − [Dont la couleur jaune a valeur de symbole] Maisons où flotte le drapeau jaune du choléra (Barrès, Cahiers, t. 11, 1916, p. 178).
En partic. [La couleur jaune considérée comme symbole d'infamie, de déshonneur] :
6. ... que dirait un sous-chantre du seizième siècle, en voyant le beau badigeonnage jaune dont nos vandales archevêques ont barbouillé leur cathédrale? Il se souviendrait que c'était la couleur dont le bourreau brossait les édifices scélérés; il se rappellerait l'hôtel du Petit-Bourbon, tout englué de jaune aussi pour la trahison du connétable... Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 128.
[Cette couleur étant imposée aux Juifs dès le Moyen Âge] Tu as un bonnet jaune (...), un bonnet de juif? (Hugo, M. Tudor,1833, I, 6, p. 41).
Étoile jaune. Signe de reconnaissance dont on avait imposé le port aux Juifs au cours du Moyen Âge et sous le régime nazi. Il est interdit à partir du 7 juin [1942] à tout Juif de plus de six ans de paraître en public sans porter l'étoile jaune (Blumenkranz, Hist. des Juifs en France, Toulouse, Privat, 1972, p. 397).V. étoile II A 2.
Passeport jaune. Pièce d'identité des forçats libérés. Il est parti avec un passeport sur papier jaune et la marque d'un anneau à la cheville (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 625).
Syndicats jaunes. [P. oppos. aux syndicats rouges liés aux thèses socialistes de la lutte des classes] Syndicats qui arboraient pour insigne un gland jaune et un genêt et défendaient un type d'action fondé sur la collaboration avec la classe dirigeante (cf. Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 88). Auj. [Pour les syndicats grévistes] Syndicat opposé à une grève, à une action revendicative.
II. − Adverbe
A. − Rare. En produisant une lumière, une teinte jaune. V. jaunir ex. 2.
B. − Au fig. et fam. Rire jaune. Rire de façon contrainte en dissimulant sa gêne, son dépit. On apprend (...) à adresser des sourires sucrés à sœur Aurélie (...). On apprend même à sourire jaune à l'odieuse MlleRinquet (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 19).
Rem. Emploi adj. au sens de « contraint ». Enthousiasme jaune de Coppée (Renard, Journal, 1903, p. 829).
III. − Subst. Couleur qui parmi les sept couleurs fondamentales du spectre, se situe entre le vert et l'orangé.
A. − Subst. masc.
1. Couleur jaune. Beau jaune; peindre en jaune; couleur qui tire sur le jaune; être habillé de jaune, en jaune; salon tendu de jaune. L'habit est jaune citron; et c'est ce jaune-là qui fait tout son mérite (Florian, Fables,1792, p. 148).Au loin chantait à présent la symphonie coutumière : le bleu du ciel, le jaune étendu des boutons d'or, et dans ce jaune les taureaux éclatants de noirceur (Montherl., Bestiaires,1926, p. 434).De mauvais pacages froids, sablés d'un jaune pâle là où les jeannettes étaient en fleur; et ailleurs, là où c'étaient les soucis d'eau, d'un jaune éclatant comme l'or (Pourrat, Gaspard,1931, p. 83):
7. Si, d'un côté, il [le peintre] appuie fortement sur un ton chaud, le jaune par exemple, comme le fit Van Gogh, ce messager du soleil, le jaune puissant fera éclore mille virtuelles violettes, une forêt de lilas. Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 69.
[Caractérisée avec une nuance particulière]
a) [Par un adj. de couleur précédé parfois du trait d'union] Jaune brun, marron, ocre, orange ou orangé, vert. [Par un adj., au sens I A] Jaune clair, doré, foncé, impérial, tendre, vif. [Par un adj., au sens I B] Jaune sale, terne, verdâtre.
b) [Par un subst. précédé parfois d'un trait d'union] Jaune citron, cuivre, jonquille, miel, mirabelle, moutarde, nankin, paille, safran, serin, soufre. Supra ex. 3.
c) [Par un subst. compl.] Jaune d'ambre, d'ivoire, d'or.
Rem. Au plur. jaune et le terme associé restent invariables, jaune étant pris substantivement. Des robes jaune vif = robes [d'un] jaune vif.
En partic., vieilli et fam. [La couleur jaune étant symbole d'infamie, de déshonneur conjugal] Être peint en jaune. Être trompé par sa femme. Elle plaignait son frère, ce jeanjean que sa femme peignait en jaune de la tête aux pieds (Zola, Assommoir,1877, p. 635).V. supra ex. 6.
[La couleur jaune ayant été imposée aux juifs comme marque de reconnaissance et d'infamie] Être habillé en jaune. Se signaler comme juif :
8. À moi, qui depuis vingt ans crie tout haut que si la famille Rothschild n'est pas habillée en jaune, nous serons très prochainement, nous chrétiens, domestiqués, ilotisés, réduits en servitude, le livre de Drumont m'a causé une certaine épouvante par la statistique et le dénombrement de leurs forces occultes. Goncourt, Journal,1886, p. 562.
2. Matière qui sert à teindre et à colorer en jaune. Jaune végétal; jaune minéral, d'Italie (v. Rousset, Trav. pts matér., 1928, p. 77). Le jaune de Naples, le jaune minéral, le jaune de chrome, (...) sont des couleurs que l'on fabrique artificiellement à l'aide de l'antimoine, du plomb, du chrome et de l'arsenic (Manuel du fabricant de couleurs,t. 2,1884,p. 1).Rubens préparait un corps avec un ton rose qu'il recouvrait, dans la lumière, de jaune de Naples (Goncourt, Journal,1894, p. 591).Supra ex. 1.
SYNT. Jaune de Cassel ou de Paris, de Turner; jaune d'antimoine, de cadmium, d'outremer, de zinc; un tube de jaune.
3. Objet, partie d'un objet jaune.
a) Jaune d'œuf. Partie intérieure centrale de l'œuf employée dans de nombreuses préparations culinaires. Avaler un jaune d'œuf; incorporer (à la pâte) un jaune d'œuf. Dorer de la pâte avec des jaunes d'œufs (Ac.1798-1935).Tasse de chocolat dans laquelle vous ferez délayer deux jaunes d'œufs frais (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 252).
P. ell. L'œuf qu'elle cassa dans la tasse (...) se trouva avoir deux jaunes (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 145).
b) Pop. Eau-de-vie vieillie en fût, p. oppos. à la blanche. Donnez-moi de la jaune, de votre pissat d'âne premier numéro (Zola, Assommoir,1877, p. 622).
c) Jaune antique. ,,Variété de marbre`` (Littré). Deux génies (...) en bronze doré, soutenaient de leurs bras élevés une petite table de jaune antique (Stendhal, Nouv. inéd., t. 1, 1842, p. 203).
d) Case de jeu de couleur jaune. Miser sur le jaune (Lar. Lang. fr.). Il gagnait souvent sa pitance à l'appareil à sous où, par haine de son père, il jouait sur le vert ou le jaune (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 211).
B. − Substantif
1. Personne de race jaune. Elle aimait de toute son âme cet étranger sec et dédaigneux, cet oriental aux yeux bridés, ce jaune! et lui la regardait à peine (Mille, Barnavaux,1908, p. 162):
9. Il [l'empereur] est nettement convaincu (...) que sa mission est d'imposer une discipline militaire très dure aux peuples de l'Europe pour qu'ils puissent s'opposer aux jaunes. Barrès, Cahiers, t. 4, 1905, p. 103.
2. Ouvrier, ouvrière qui s'oppose aux ,,idées révolutionnaires des syndicats dits rouges`` (Ac. 1935), refuse de prendre part à une action revendicative, une grève. Une jeune femme, une « jaune », qu'une bande d'ouvriers et d'ouvrières avait serrée contre le mur et couvrait de crachats (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 116):
10. Agents, gardes municipaux, gendarmes, avaient dû déblayer les alentours [de l'usine] pour protéger le travail qui n'avait pas été repris par le nombre d'ouvriers qu'on escomptait, mais enfin. Des jaunes avaient été molestés. Aragon, Beaux quart.,1936, p. 263.
REM. 1.
Jauniot, adj. masc.,hapax. Un peu jaune. Visage mélancolique et jauniot (L. Daudet, Dev. douleur,1931, p. 76).
2.
Jaunotte, subst. fém.,région. (Lorraine, Cher, Franche-Comté). Synon. région. de girolle.Ils passent dans les taillis, souples et furtifs, cherchant les jaunottes et les nids d'étourneaux (Moselly, La Vie lorraine, Paris, Nouvelle librairie Nationale, 1907, p. 18).
Prononc. et Orth. : [ʒo:n]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1100 « qui est de la couleur de l'or, etc. » (Roland, éd. J. Bédier, 1494); ca 1165 « se dit de la couleur parcheminée de la peau, et notamment du teint du visage, qui dénote la fatigue » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 16486, var. ds T.-L.); 1834 le métal jaune (Balzac, E. Grandet, p. 14); 2. 1748 femme jaune (Montesquieu, Esprit des lois, livre seizième, 6, éd. J. Brethe de la Gressaye, t. 2, p. 248); 1840 race jaune (Ac. Compl. 1842); 3. 1814 fièvre jaune (Nysten); 4. 1832 « qui est de couleur jaune, symbole d'infamie » (Hugo, N.-D. Paris, p. 128); 1859 passeport sur papier jaune (Ponson du Terr., op. cit., t. 1, p. 625); 5. 1901 syndicat jaune (d'apr. Esn.). B. Subst. 1. 1165-70 « couleur jaune » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 3603); 2. 1538 jaune-d'œuf (Est., s.v. luteus); 3. 1617 « la couleur jaune, symbole d'infamie » (A. d'Aubigné, Faeneste, I, 2 ds Œuvres, éd. E. Réaume et de Caussade, t. 2, p. 390); 1899 « ouvrier appartenant à un syndicat jaune » (d'apr. Esn.); 4. 1867 les Jaunes « représentants de la race jaune » (Littré). C. Adv. 1740-55 rire jaune (Saint-Simon, Mémoires, éd. de Boilisle, t. 8, p. 18). Du lat. galbinus « vert pâle ». Fréq. abs. littér. : 5 369. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 096, b) 11 320; xxes. : a) 11 259, b) 6 500.
DÉR.
Jaunasse, adj.,péj. Qui tire sur le jaune. Une jaunasse frimousse (Balzac, Corresp.,1821, p. 117).Une longue bâtisse de trois étages, jaunasse, plate et sans balcons, mais qui, sous le soleil d'été, prenait des tons savoureux de crépi italien (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 21).L'émeraude, pourvu qu'elle n'ait pas Dieu sait quoi, dans son eau, d'un peu clair, d'un peu jaunasse (Colette, Gigi,1944, p. 55).[ʒonas]. 1reattest. fin xiies.-début xiiies. galnace « qui tire sur le jaune » (Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, IV, 736, p. 180); de jaune, suff. -asse*.
BBG. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 249. - Kristol (A.M.). Color. Berne, 1978, pp. 293-345. - Quem. DDL t. 10, 13, 16, 20. - Sain. Arg. 1972 [1907], p. 46, 118.