| JAUGE, subst. fém. A. − 1. Vieilli. ,,Capacité que doit avoir un récipient déterminé`` (Ac. 1935). Ce tonneau, ce litre, ce boisseau n'est pas de jauge, n'a pas la jauge (Ac.). 2. MAR. Capacité intérieure des navires, s'exprimant en tonneaux de 2,83 m3ou 100 pieds cubes anglais et évaluée au moyen de règles précises (v. charge II A 1). Échelles de jauge. Il reconnut que ce brick, d'une jauge de trois à quatre cents tonneaux (...) devait être un rapide coureur des mers (Verne, Île myst.,1874, p. 423).V. bord ex. 5. − En partic., DR. MAR. Jauge brute. ,,Capacité intérieure complète du navire et de toutes les constructions qui se trouvent sur le pont`` (Barr. 1967 et 1974). Jauge nette. ,,Capacité intérieure, déduction faite de tous les espaces dans lesquels on ne peut loger ni passagers ni marchandises`` (Barr. 1967 et 1974). B. − TECHNOLOGIE 1. TEXT. Unité qui sert à déterminer la finesse d'un tissu à mailles. La jauge est le nombre de mailles tricotées sur une largeur standard d'1 pouce et demi anglais, soit 38 mm (Combat,4 déc. 1953, p. 7, col. 5). 2. Instrument, dispositif, objet étalonné servant à prendre des mesures, à mesurer ou à fixer le contenu ou la capacité d'un récipient. Jauge d'épaisseur, de niveau, de profondeur. Le mécanicien se servira ensuite des robinets de jauge pour observer le niveau de l'eau dans la chaudière (Herdner, Constr. et conduite locomot., t. 2, 1887, p. 87).Les jauges d'essence, les pressions d'huile... quand les réservoirs sont crevés, vaut mieux surveiller ces instruments-là! (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 350). 3. P. anal. ♦ Jauge de contrainte, de déformation, extensométrique. ,,Appareil utilisant la variation de résistance électrique d'un fil soumis à des efforts mécaniques`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Cette variation de résistance est mise à profit dans les jauges de contrainte en extensométrie (Frühling, Cours d'électr., t. 1, 1966, p. 170). ♦ Jauge de température. (Ensemble de) timbre(s) détachable(s) en papier adhésif qui vire(nt) au noir à une température déterminée (d'apr. Énergie fluide, mai 1974, no71, p. 7 ds Clé mots). Ces jauges de température sont des jauges en papier adhésif qui virent au noir de façon irréversible à une température déterminée à +/- 1oC inscrite sur la jauge (d'apr. Énergie fluide,mai 1974, no71, p. 7 ds Clé mots). C. − AGRICULTURE 1. Écart, sillon provisoire laissé entre la terre labourée et celle qui va l'être (d'apr. Fén. 1970). Jauge de labour (Littré). 2. ,,Tranchée dans laquelle on entrepose des plants d'arbres fruitiers ou forestiers entre leur arrachage en pépinière et leur plantation définitive`` (Agric. 1977). Toutes les fois qu'on sera obligé de planter au printemps, il sera convenable de faire déplanter les arbres dans le courant ou à la fin de l'hiver et de les faire mettre en jauge ou tranchée (Du Breuil, Cult. arbres,1876, p. 39).Déjà il y avait semé des pommes de terre, des haricots, des pois; et il tenait en jauge, depuis la veille, du plant de choux et de laitue, qu'il se mit à repiquer (Zola, Germinal,1885, p. 1233). D. − PHYS., ÉLECTROMAGNÉTISME. Invariance de jauge. Transformation des potentiels électromagnétiques qui ne modifie pas les champs électriques et magnétiques. L'invariance de jauge, étendue à d'autres champs, a suscité récemment un grand intérêt en Physique des Particules (C. Cohen-Tannoudji, B. Diu, F. Laloë, Mécan. quantique, Paris, Hermann, t. 1, 1977, p. 327). Prononc. et Orth. : [ʒo:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1260 « mesure, capacité que doit avoir un récipient déterminé » (E. Boileau, Métiers, 28 ds T.-L.); b) 1467-68 « ce qui sert à fixer la jauge » (doc. ds Gdf. Compl.); c) 1676 « instrument employé par les charpentiers pour mesurer des volumes » (Félibien); d) 1690 « évaluation du volume de la coque d'un navire et de sa capacité » (Fur.); 1723 « capacité de la coque d'un navire » (Savary); 2. a) 1364 « juste profondeur d'un sillon » (A.N. JJ 96, pièce 75 ds Gdf. Compl.); b) 1386 « partie de la charrue qui règle le degré de pénétration du sol » (Arch. JJ 129, pièce 183 ds Gdf.); c) 1690 « sillon provisoire laissé entre la terre labourée et celle qui va l'être » (De La Quintinye, Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, t. 1, p. 104); d) 1867 « tranchée creusée dans le sol pour conserver momentanément des plantes » (Littré). De l'a. b. frq. *galga « verge » (cf. a. h. all. galgo « potence, gibet », all. Galgen « id. »), dont le genre fém. est assuré par le néerl. galge; FEW t. 16, p. 11b. Bbg. Bambeck (M.). Zur Etymologie von frz. jauge, jauger. Z. fr. Spr. 1956, t. 66, pp. 5-14. - Horning (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1897, p. 456. - Wagner (R.L.). B. Soc. Ling. 1976, t. 71, no2, p. 214. |